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Mon pauvre coeur est un hibou qu'on cloue, qu'on décloue, qu'on recloue.
De sang, d'ardeur, il est à bout.
Tous ceux qui m'aiment je les loue.
           Guillaume Apollinaire

Pénétrations forcées avaient fait que l'organe génitale d'Earla était couvert de coupures et d'écchymoses. Dire qu'elle ne ressentait rien depuis l'épisode de la dernière fois, serait tout à fait faux. Elle n'était plus vierge depuis ses quinze ans et ce n'est pas ce qu'elle aurait souhaité mais qui lui avait demandé si elle en voulait, de cette vie? Personne! On ne lui demandait pas de consentir, juste de fermer sa gueule pendant qu'il s'amusait à lui faire ces cochonneries. On disait toujours aux jeunes sénégalaises de garder leur jardin secret bien sacré et de ne s'adonner aux plaisirs charnels qu'après le mariage. La religion appelait celà de la fornication si c'etait ouvrir ses jambes sans être mariée. Au Sénégal, si le mari ne trouve pas la femme verge, c'est une honte pour elle et sa famille. À l'heure où elle se trouve, un homme avait pénétré son jardin secret et puis quoi ?elle ne l'a jamais cherché, son malheur existentiel. Elle le détestait et plus encore aujourd'hui qu'elle s'était retrouvée dans un lit d'hôpital par sa faute. Elle n'aimait pas l'odeur de l'hôpital et à entendre le médecin parler à Malick, on pouvait deviner qu'elle n'était pas prêtes pour y sortir. Elle n'était pas  prêtes pour revoir les gens et se reconstruire toute seule. Il fallait qu'elle soit près de gens spécialisés qui vont suivre son évolution et son adaptation à ce nouveau train de vie. Celà devrait peut être l'aider à aller de l'avant dans sa vie. Enfin, c'est ce que pensait Malick et sa femme, mais elle, tout ce qu'elle voulait, c'était avaler cent comprimés et rendre l'âme sans devoir passer par des formalités inutiles. Elle en avait marre de la vie et était devenue tellement agressive qu'elle avait les yeux rouge de colère quand on venait la voir. Il fallait parfois l'endormir tellement elle devenait incontrôlable. Gina n'arrêtait pas de pleurer en se rendant compte des polytraumatismes qu'avait subit  cet enfant. Les jumeaux venaient tous les jours lui rendre visite sans trop lui parler. C'est Adama qui restait le plus en sa compagnie parcequ'il avait eu pitié d'elle et sentait qu'il devait à tout prix la protéger. Ainsi, il pouvait passer des heures dans cette pièce à lui lire les versets du Coran et à lui apprendre ce que le prophète disait. Il trouvait qu'il lui fallait l'aide du tout puissant et un guide spirituel pour pouvoir sortir des pensées noires qui la hanter. En même temps, lui aussi s'y retrouvait en essayant de ne pas penser à sa grande mère. Les premiers jours qui ont suivit son décès, il était tout le temps dans sa chambre en espérant retrouver ce que la terre avait perdu. Il pleurait alors en regardant les vidéos et photos d'elle qu'il avait fait ces derniers temps. Elle était sa complice, celle qui l'écoutait quand il avait des soucis et la conseillait. Elle devait être un sage car même à sa mort, appart sa vue qui lui faisair des tours, elle était bien portante. Et elle était partit de la manière la plus sereine qu'il soit. Que firdawssi _paradis_ soit sa dernière demeure!
Earla venait de se réveiller dans son lit et son regard s'était posé  sur la baie vitrée où les premiers rayons de soleil apparaissaient. Elle se redressa sur son lit et vit Adama, assis sur une chaise, les mains sur ses cheveux.
_j'attendais que tu te réveilles pour aller en cours.
_...
_le médecin a dit que tu allait sortir dans deux jours et tu reviendra de temps en temps pour tes rendez vous. Papa m'a dit que je pouvais m'en charger.
_oui!
_t'inquietes pas ! On n'est tous avec toi et tout ça ne sera plus qu'un vilain vomi d'ici quelque temps, crois moi!
Il vint s'asseoir sur le lit et tenta de la prendre dans ses bras mais elle montra son refus catégorique alors il se ravisa.
_tu ne m'as pas dit ce  que tu faisais comme étude?
_lettre moderne!
_ça ne m'étonnes pas. Je fais médecine et peut être quand j'aurai ma clinique, je serais ton médecin à toi toute seule.
_C'est intéressant la médecine, tu sauveras des vies...
_et toi tu écriras des romans où vont se retrouver des milliers de jeunes. J'ai jetté un coup d'oeil à tes affaires. Si jamais je me sentais seul un jour et triste, j'irais lire ton livre et celà aura sans doute le don de me prêter des ailes pour m'envoler à nouveau.
Elle se mit à pleurer en pensant aux rêves qu'elle avait nourrit depuis toute petite. Elle avait aimé tous les oeuvres qui avaient eu la chance de se retrouver dans sa bibliothèque et avait toujours rêvé de voir ses écrits à elle, se retrouver sur tout les coins de rues: les librairies, les cafés, les bibliothèques...
_Ca serait bien si ce que tu as dit dans ce journal, tu l'avais appliqué dans ta vie. Ce n'est pas toi qui disait être la reine celte? Je te connais depuis peu pour savoir que tu es une personne bien brave. Sors de ce lit et écris une nouvelle page de ton histoire. Ouvres une nouvelle page et déchire les précédentes.
_Emmène moi un roman de Guillaume Musso s'il te plaît, dit elle en séchant ses larmes.
_voilà! là ça va beaucoup mieux. Tu peux compter sur moi.  Je vais me renseigner pour savoir si tu pourras probablement reprendre tes cours.
Il prit alors son sac et allait sortir quand il l'appela et lui dit "merci".
Il partit, la laissant confiante. Elle n'a pas été la première à subir l'acharnement des hommes véreux et ne sera sûrement pas la dernière. Au moins, elle pouvait compter sur quelqu'un désormais, pendant que d'autres, dans les maisons subissaient encore les agressions de leurs bourreaux sans se chercher une éventuelle contre attaque. Pour sa part, Earla n'allait plus de laisser faire. Elle avait eu idée de ce qui se passait et comptait bien un jour, retrouver son ex beau père et lui faire subir sa propre justice. Ce qu'elle ne savait pas en ce moment? c'est que Soraya s'en était déjà chargée.
Les deux matinées qui ont précédés sa sortie, elle avait lu sauves moi de Guillaume Musso. Le livre pesait avec ses 588 pages mais elle l'avait bien terminé et était à nouveau embarquée dans son désir de lire, relire, encore et encore. Tant qu'il en faudra pour pouvoir ensuite délivrer ce qu'elle laissera aux générations futurs. Elle s'était beaucoup approché d'Adama et de son père mais avec Awa, elle ne comprenait plus. Elle venait la voir et repartait  avec son amie Sandrine sans lui adresser la moindre phrase. Sandrine! À vrai dire Earla la sentait trop superficielle depuis qu'elle l'avait vu aux funérailles de Sigua.
Le jour où elle sortit enfin de l'hôpital, elle avait revêtu une robe traditionnelle que lui avait fait coudre Gina. Sa nouvelle famille était venu la chercher à l'hôpital. Ils se sont remis à vivre sans grand mère mais leur souvenir demeurait toujours emporté par la mort dans les ténèbres. Il manquait à la maison quelqu'un qui n'était pourtant partit que depuis quatorze jours.
Le soleil inondait les rues et routes goudronnées. On sentait à chaque portail des maisons, l'odeur du riz au poisson_ plat national sénégalais_. Il était midi! Soleil de midi que David Diop et Senghor décrivait. Midi de désir où à chaque rue de Dakar, seul trainaient, les mendiants et autres personnes qui n'avait décidément pas un endroit où déguster les copieux plats qui ont pris leur origine à Saint Louis, chez Penda Mbaye.
Chez les Ndoye, la femme de Malick avait servit son déjeuner, préparé avec amour. La famille pris alors son repas dans le calme qu'il avait perdu pendant les funérailles et chacun retrouva son coin.
Earla n'était pas ressortit de sa chambre depuis son arrivée. Pourtant à l'entrée on n'avait sonné.
_Qui ça doit être à cet heure ci ?
_vas voir, répondit alors Malick en s'adressant à son fils qui prit ses jambes et alla ouvrir. C'était un jeune homme qui apportait une enveloppe. Il eu la flemme de la regarder et la donna à son père. Malick qui suivait son journal, avait vu qu'elle était destinée à Earla. Elle l'a fit appeler et lui remis l'enveloppe, sceptique.
_C'est quoi ?
_ouvres la! Il y'a ton nom derrière l'enveloppe , lui signifia Adama.
Elle les regarda et ensuite elle se rendit compte que ça venait de Cinq avenues. Une lettre! peut être de Soraya qui allait lui dire que tout celà n'était qu'une bonne blague, pensa t'elle en s'asseyant près d'Adama qui était décidément concentré sur son livre. Elle lu...
Ma très chère Aïsha, j'ai appris pour ta grande mère et je te présentes mes plus sincères condoléances. J'éspères que tu vas bien, car je dois t'avouer que j'ai eu peur qu'on ne t'ai abandonné quand j'ai vu ta mère, l'autre jour.
Ma chère Aïsha, j'ai une nouvelle pas facile à t'annoncer mais j'ai pensé que seule moi, pouvait te l'apprendre.
J'ai revu Soraya comme je t'ai dit plus haut et elle venu me dire qu'elle devait réparer ces erreurs. Je savais ce qu'elle voulait dire mais en ce moment là, j'ai pensé qu'elle ne s'était juste pas remis de ses émotions. Je suis désolé si je dois t'annoncer ou te redire _si tu l'as éventuellement déjà appris _ que ta mère...enfin! Que Soraya a tiré sur Birame avant de se suicider. Elle est morte il y'a une semaine mais reconnue comme meurtrière, on ne l'a plus revu. Ils l'ont emmené et entérrés. Je te paraîtrait peut être indiscrète, mais Soraya est elle réellement ta mère? La police l'a aussi reconnu pour association avec des trafiquants de drogues et à ce jour, elle n'est plus.
Écris moi Aïsha et peut être que  l'été prochain, je viendrais voir ton Sénégal. Prend soin de toi!
           Emma
Elle échèvela ses cheveux emmêlés et relis la lettre odieuse.
_Qu'est ce que c'est? Demanda Adama.
Voyant qu'elle n'allait pas répondre, occupée à verser les derniers larmes de secours qu'il lui rester, il lui arracha des mains la lettre. Elle lu et donna la lettre à son père avant de prendre la jeune femme et de la sortir de cet endroit où elle étouffait.
Au crépuscule, la brise se baladait et apportait un froid qui faisait que les passants en était ivres. On n'était en décembre. Décembre des couleurs, décembre des lumières, décembre des amours qui partent mais aussi, décembre qui amours qui naissent. Les étoiles surpeuplaient le ciel à côté de l'astre sélène. La famille Ndoye venait d'apprendre l'immolation de Soraya. Malick se sentait coupable et ce qui lui faisait mal, c'était de savoir que son corps n'aura pas le mérite de se retrouver là où il le fallait. Il s'était enfermée dans une chambre et avait annulé tous ses rendez vous du lendemain. Demain est un autre jours et il organisera des funérailles en son honneur. Elle a fait des erreurs mais elle restait sa soeur et aucune loi, aucun mauvais coup, même la mort ne pouvait l'enlever. Gina était aussi dévastée parcequ'elle venait de perdre la seule amie qu'elle est eu de toute sa vie.
Adama avait pris la main d'Earla qui était dans un était lamentable. Il a voulu la faire sortir. Parfois, le vent, dans un mouvement de commisération, faisait voltiger ses cheveux en laissant un doux mais sourd sons.
Adama alors, resserait sa petite main comme pour lui signifier qu'elle devait rester forte. Ensemble, ils faisaient un accord parfait, une philharmonie qui ne pouvait trouver de mots justes pour l'exprimer. Il lâcha sa main et se mit devant elle.
_Si tu regardes la lune ce soir, tu verras qu'elle te délivre un message. Si tu es la reine celte, tu dois resplendir même au sortir d'un drame. Si tu es à Eden ou dans les cimes, les abîmes les plus profonds, tu resteras une personne de coeur. Aujourd'hui, maman Soraya a rendu l'âme et je penses qu'elle s'est finalement rendu compte de son erreur. Dibor a dit que tu étais sa fille et c'est fort probable. Je sais où nous pourrions la trouver et d'ici quelque temps,tu verras que tout ira pour le mieux. Tu vas devoir délivrer un combat avec ce vermine invisible parcequ'il est en ce moment, entrain de vivre de toi.
Elle pleura et il la prit dans ses bras.
_regardes moi Aïsha! Tu es la personne la plus courageuse qu'il m'a été permis de rencontrer. Il y'en a qui vive pire. Le monde n'a pas pas un visage d'ange. Demain sera un autre jour...
Il marchèrent dans la nuit et son bras sur son épaule comme l'aurait fait un frère. Et pourtant, il n'était pas son frère ...
_je préfères t'appeler Earla quand je te dirais que je t'aimes. Sans comprendre ce qui m'arrive, j'ai l'impression d'atteindre les degré ultimes de la folie. Je ne comprends pas! Et je n'ai pas besoin de comprendre, je veux tout le temps être avec toi. On sera toujours ensemble et je te promets que tu seras heureuse.
_...
_s'il te plaît, ne me dit rien.

La Petite Fille De Lébou (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant