Chapitre 35

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PDV de Jack :

Nous sommes enfin au commissariat, le trajet, qui ne dure pourtant que dix minutes, m'a paru interminable. Je m'inquiète encore plus pour Lucie depuis que nous avons perdu sa trace non loin de East Cleveland ; une banlieue dangereuse où le taux de criminalité est encore plus élevé qu'à Cleveland même. Je fais les cent pas, tandis que Lyna expose notre situation aux policiers, le plus clairement et rapidement possible. Je me tords nerveusement les mains, j'aimerais prendre ma voiture et partir immédiatement à sa recherche. Ne supportant plus l'inactivité, je fouille mes poches à la recherche de mon portable et appelle Mary afin de lui expliquer en détail, la situation. C'est elle qui doit être la plus inquiète, après tout, elle ne sait rien de ce qui se passe en ce moment. Elle commence par me hurler dessus et je reste sans répondre, penaud, face aux regards intrigués de quelques policiers. Quand je lui dis où nous nous trouvons, puis que je lui révèle l'implication d'Andrew, elle fond en larmes et m'annonce qu'elle nous rejoint le plus rapidement possible. Je téléphone ensuite à Tyler, et je lui fais également un récapitulatif de la situation, je le sens bouillir de colère à l'autre bout du fil et il m'assure qu'il sera aussi au commissariat dans quelques minutes. Pour finir, je passe un coup de fil à Ashley, qui est seule chez moi et je l'informe des événements récents. Elle aussi pleure beaucoup et me supplie de venir la chercher. J'hésite quelque secondes mais décidant que cette petite sortie me changera les idées et sachant que je ne peux rien faire de plus pour Lucie, je réponds positivement à sa requête.
Mes appels terminés, je vais voir Lyna qui m'annonce que les policiers partent immédiatement au secours de Lucie et que nous ne pouvons rien faire de plus qu'attendre leur retour en espérant que Lucie soit saine et sauve.

PDV de Lucie :

Ma tête me fait mal, atrocement mal. Elle est lourde et je sens qu'elle repose sur une surface froide et humide. Je tente d'ouvrir les yeux et j'y parviens tant bien que mal. Je suis choquée par la pénombre qui règne dans la pièce, j'essaie de me lever mais c'est impossible : je suis ligotée et les cordes meurtrissent douloureusement ma chair. Une minuscule fenêtre tout en haut du seul mur que je parviens à apercevoir apporte une faible lumière. J'entends la pluie taper sur la vitre et la fraicheur de l'extérieur se fait clairement ressentir tant l'isolation est mauvaise. J'ai la bouche pâteuse et les lèvres tellement sèches que je sens le gout métallique du sang sur ma langue. Je tente d'humidifier mes lèvres mais je suis stoppée par un tissus à la saveur plus que dégoutante, entre la poussière et la moisissure. Je gigote encore pendant quelques minutes, en vain. Les liens sont trop serrés et entrave le moindre de mes mouvements. J'en suis donc réduite à pleurer tout en me lamentant sur mon sort. Vais-je seulement sortir vivante de là ? Et ma mère, et Jack, et Ashley, Lyna, Tyler, comment vont-ils ? Andrew et Luc vont-ils me tuer maintenant ? Me torturer ? La pression est insoutenable et mes pleurs redoublent de violence. Je veux qu'ils soient tous auprès de moi, je n'ai pas assez profité de leur présence, je suis complétement perdue et affolée. Je cède davantage à la panique lorsque j'entends un bruit de poignée que l'on tourne et de porte que l'on ouvre. Des pas se font entendre derrière moi et on me tire les cheveux vers le haut sans aucune délicatesse. Je tourne ma tête et je vois l'horrible visage émacié de Luc. Ses pommettes sont saillantes tant il est maigre et des cernes profonds creusent le bas de ses yeux. Son physique tout entier porte la marque de son addiction qui l'a rongé durant des années et au vue de la cigarette qui n'est sûrement pas remplie de tabac, qui repose au bord de ses lèvres, il est toujours plongé dedans. La répulsion que j'ai pour lui me fait détourner la tête aussi vite que possible et j'ai le temps d'entrevoir un sourire cruel. L'homme qui se tient devant moi me dégoute également et je ne peux pas contempler ses yeux perçants qui me toisent avec une envie de meurtre certaine. Andrew relève mon menton et me force à soutenir son regard, sa bouche se tord en un rictus abominable et je retiens les larmes qui menacent de couler. A la place, je le fusille du regard mais mon action à visiblement l'effet inverse de celui escompté puisqu'il éclate d'un rire sans joie à faire froid dans le dos à n'importe qui. Il lorgne mon corps ligotée et la perversité qui émane de lui à ce moment là est tout simplement épouvantable. Après ce qui semble être une éternité, il se décide enfin à prendre la parole :

Just Mine [Tᴇrᴍɪɴᴇ́ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant