7° Kidnapping, bonbons et soirée

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Chapitre 7.

Justin voulait fuir, coûte que coûte. Mais malheureusement pour lui, ça semblait fortement compromis étant donné que sa mère semblait bien décidée à faire la connaissance de ceux qu'elle considérait à tort comme les amis de son fils.

— Enchanté madame, lui répondirent en choeur Tim, Nathan et Mathéo.

Elle leur offrit un grand sourire, ravie. Justin ne savait pas quoi faire: il ne voyait pas comment il pourrait s'en sortir, comment mettre un terme à cet échange. Il pensa à simuler un malaise, mais en voyant l'état du sol, crasseux et poussiéreux, il se ravisa.

— Je ne savais pas que Justin avait des amis aussi charmants ! Vous savez, il est très réservé, il faut bien du courage pour parvenir à lui arracher quelques mots ! s'exclama Céline, malicieuse, qui avait bien remarqué les regards noirs de son fils.

— Ouais, on a beau essayer de lui faire la conversation, il n'arrête pas de nous rembarrer ! Mais je suis du genre têtu, alors je ne lâche pas l'affaire ! déclara fièrement Tim.

Les deux autres derrière lui avaient du mal à contenir leurs rires. Ils voyaient bien que la situation était plus que dérangeante pour Justin, et ils s'en amusaient bien.

— Je suis contente qu'il se soit trouvé des copains comme vous. Ça me rassure, j'avais peur qu'il finisse ses jours tout seul...

— Je comprends madame, mais ne vous inquiétez pas, on prend bien soin de votre fils !

— Bon, c'est ridicule, je rentre, trancha Justin en commençant à s'en aller, plus qu'embarrassé par leurs témoignages d'affection dégoulinants de niaiseries.

Cette ultime déclaration suffit à faire craquer Nathan et Mathéo qui éclatèrent de rire, rapidement suivit par Tim. Sa mère le regarda s'en aller avec un sourire en coin. Elle était heureuse d'avoir rencontré ses amis qui lui faisaient bonne impression.

— Au fait, on passe notre soirée chez Nathan, l'informa Tim comme s'il venait d'avoir une idée de génie. On avait l'intention de regarder des films en mangeant des chips. Si Justin est libre, on seraient très contents qu'il se joigne à nous, hein les gars ?

Les gars opinèrent d'un geste de la tête, n'y voyant aucune objection. Le regard de Céline sembla s'illuminer.

— Avec joie ! Il n'a rien de prévu, et de toute façon, asocial comme il est, ce n'est pas comme si il avait quelqu'un d'autre avec qui passer la soirée ! JUSTIN ! hurla-t-elle à l'attention de son fils qu'elle avait encore en ligne de mire. Viens voir !

Elle avait parlé si fort que la moitié du magasin l'avait entendu et la dévisageait, mais Céline ne semblait pas s'en préoccuper. L'interpellé l'avait donc évidemment bien entendu, mais il hésita quelques secondes à continuer son chemin en faisant mine de ne pas l'avoir comprise. Il finit tout de même par revenir vers elle, résigné, en sachant que s'il avait choisi de poursuivre sa route, elle ne lui aurait sûrement pas lâché la grappe du reste du week-end.

— Quoi ? souffla-t-il une fois arrivé à sa hauteur.

— Ils t'invitent à venir passer la soirée avec eux !

Justin crut qu'il allait s'étouffer.

— C'est non. On peut y aller ?

— Dans ce cas tu préfères peut-être qu'on aille voir mamie Jacqueline à qui j'avais prévu de rendre visite cet après-midi ?

Il fallait avouer que sa mère savait argumenter. Justin détestait aller chez sa grand-mère: elle parlait pendant des heures durant sans s'arrêter, relatant toujours des mêmes histoires.

— C'est d'accord, abdiqua-t-il malgré lui.

Sa mère arbora un grand sourire satisfait. Avoir autre chose que la solitude pour compagnie lui ferait le plus grand bien ! avait-elle songé.

— Bon, je vais vous laisser alors. À demain matin mon fils, et amusez-vous bien !

Justin salua sa mère qui s'en allait, le coeur empli de désespoir. Ne pouvait-il donc pas passer son week-end tranquille ? Il n'aurait donc pas droit à un seul jour de répit, loin de ces pots de colle ?

— Tu préfères les nounours ou les têtes brûlées ? finit par lui demander Tim tandis qu'ils se dirigeaient vers les caisses.

— Ou les réglisse peut-être ? tenta Mathéo qui avait visiblement très envie de réglisse.

Justin n'était pas très sucré, il préférait de loin le salé. Mais il n'était pas non plus friand de tout ce qui était acide, alors il pencha vers les nounours.

— Peuh, t'as aussi peu de goût que Nathan et Tim, bouda Mathéo.

— N'inverse pas les rôles, c'est toi qui aime la merde, le cassa Nathan en s'apprêtant à payer ses articles.

Il venait d'acheter un paquet de nounours, un de tête brûlées, ainsi que trois paquets de chips barbecue. Tout le long du trajet, Justin maudit sa mère d'être aussi envahissante, il maudit Tim pour être aussi insistant, et il se maudit lui-même de ne pas avoir pris la fuite quand il en avait encore l'occasion ! Arrivés chez Nathan, qui n'habitait qu'à une vingtaine de minutes à pied du supermarché, ils se déchaussèrent et se rendirent directement dans le salon. Justin les imita, mal à l'aise.

Il ne se sentait pas à sa place, et se demandait ce qu'il faisait là. Ça ne faisait qu'une semaine qu'ils se connaissaient, et il ne les considéraient même pas comme des amis ! Les extravertis resteront toujours une énigme pour lui.

— Au fait, on pourrait peut-être inviter Iseult aussi, proposa Nathan. Je l'aime bien, elle est sympa.

— Tu serais pas en kiffe sur elle des fois ? le questionna Mathéo, suspicieux.

— Dis pas n'importe quoi. Par contre j'ai pas son num. Tu l'aurais dans tes contacts Justin ?

Au vu du nombre d'exposés qu'ils avaient été amenés à faire ensemble, Justin et Iseult avaient vite échangé leurs numéros afin de pouvoir se donner rendez-vous plus facilement. À dire vrai, il n'avait même personne d'autre qu'elle dans ses contacts, hormis sa mère et son père. Justin hocha donc la tête. Il envoya un message à la brune, la conviant chez Nathan tout en lui fournissant son adresse. Elle répondit positivement dans la minute.

— Nickel ! s'exclama le noiraud d'un ton plus enjoué qu'il ne l'aurait voulu. C'est clair qu'on ne va pas s'ennuyer ce soir.

C'est surtout clair que je vais passer la soirée la plus longue de ma vie, songea fugitivement Justin.

Le fantômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant