12° Sport, rougissement et taquinerie

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Chapitre 12.

Justin ne savait pas pourquoi il avait accepté de jouer au basket avec Tim. Enfin si, il savait: c'était parce qu'il ne pouvait pas refuser. Il connaissait maintenant assez bien Tim pour savoir que c'était une véritable tête de mule... Et Justin n'était pas assez déterminé pour lui tenir tête. Mais désormais, il regrettait d'avoir cédé aussi facilement.

Après avoir refermé son livre, il avait suivi Tim jusqu'au terrain de basket d'à côté. C'était la première fois qu'il y mettait les pieds, n'ayant jamais été un grand fan des activités sportives. Il était petit, chétif, et dépourvu de force, conséquence de tout ce temps passé à dessiner sur son lit plutôt que de l'avoir passé à travailler sa condition physique. Cela faisait donc maintenant une bonne demi-heure que Tim le faisait tourner en bourrique à travers tout le terrain, s'amusant de la lenteur et des réflexes inexistants de notre fantôme.

Tim était grand, musclé, sportif, en forme et endurant. Face à lui, Justin n'avait pas le moindre chance. Et Tim s'en amusait bien.

- Faisons une pause, quémanda Justin, à bout de force.

Il se tenait les genoux, plié en deux, tentant pitoyablement de reprendre son souffle. Tim était assez sadique et peu en proie à la pitié, mais en voyant le visage rouge de son vis-à-vis et l'épuisement qu'il éprouvait, il se décida d'être clément et de lui accorder ce qu'il voulait.

- D'accord, soupira-t-il, à peine essoufflé. Mais pas plus de cinq minutes !

Justin le remercia d'un geste de la tête, trop concentré sur sa respiration qu'il peinait à reprendre.

- Redresse-toi, lui conseilla le plus grand. L'air aura plus de facilité à rentrer dans tes poumons qu'en étant plié en deux. Et vide bien ton air avant de reprendre ton souffle, c'est souvent la cause des points de côtés.

Justin fit ce qu'il dit, bien qu'un peu sceptique à l'idée d'écouter son tortionnaire. Mais il dut bien admettre que Tim avait raison, cette position lui était beaucoup plus bénéfique que la précédente. Il ne lui suffit que d'une minute pour reprendre complètement son souffle.

- On court un peu et tu es déjà au bout de ta vie. Ça promet.

- La ferme.

- Ton regard noir ne me fait pas peur hein. Tu fais une tête de moins que moi et tu as les joues toutes rouges, c'est mignon à la limite mais pas très intimidant !

- La ferme ! répéta Justin dont le rougissement s'était accentué.

Tim sourit malicieusement avant de faire rebondir son ballon, bien décidé à reprendre la partie. Il avait décidé de s'entraîner à mettre des paniers, et Justin lui servait de défenseur. D'un bien piètre défenseur, soit dit en passant. Il agitait les bras de manière hasardeuse et n'arrivait pas à suivre le moindre de ses dribbles. Il aurait pu avoir un poteau en face de lui, ça n'aurait pas changé grand chose. La seule différence entre le poteau et notre fantôme résidant dans le fait que ça restait plus drôle de regarder ce dernier s'épuiser.

En effet, il était très facile pour Tim d'accéder au panier sans trop d'effort, mais il adorait voir Justin se démener en vain. Ses gestes étaient maladroits et assez lents, c'était donc un spectacle assez ridicule qui s'offrait à lui. On aurait dit un papillon face à un lion. L'écart de force était évident, mais c'était justement ce qui amusait Tim.

Il dribblait, feintait, tentait des trois points et se permettait même parfois de dunker -sa grande taille le lui permettait, contrairement au presque un mètre soixante-dix de Justin. Il ne lui fallut donc plus beaucoup de temps avant de se retrouver dans le même état d'épuisement qui avait précédé la pause. Tim le faisait courir dans tout le terrain, il n'en pouvait plus. Essayant une énième fois d'arracher la balle des mains de Tim, il trébucha et s'écroula piteusement contre son torse musclé.

Il avait l'oreille contre son coeur, qui battait à une vitesse anormalement rapide. Justin se dit alors que bien que Tim ne le montrait pas, il devait être aussi épuisé que lui. Reprenant ses esprits, il se décolla de lui à la hâte, les joues rouges de honte. Lorsqu'il releva la tête vers le plus grand, prêt à s'excuser, il s'aperçut que des rougeurs étaient apparues sur ses joues. Il cachait bien son jeu, mais en fait, lui aussi n'en pouvait plus, songea Justin.

- Pardon, j'ai pas fait exprès... balbutia-t-il, gêné de cette soudaine proximité.

Il n'avait jamais été un grand fan des contacts humains. Il n'aimait pas qu'on le touche ou qu'on se tienne proche de lui: ça avait toujours le don de le mettre dans l'embarras.

- C'est rien, lui assura Tim après plusieurs longues secondes durant lesquelles il avait semblé plongé dans ses pensées. On reprend ?

- Non. Je suis vidé de toute mon énergie. Et puis il commence à se faire tard, je devrais rentrer chez moi.

Tim hocha la tête.

- Ouais, je pense que je vais faire pareil. Je te raccompagne ?

- Si tu veux, acquiesça Justin, sachant que même s'il refusait, il insisterait.

Notre fantôme reprit son livre qu'il avait posé dans un coin du terrain de basket et quitta l'endroit, suivit de près par le plus grand. Ils traversèrent le parc côte à côte, Tim lâchant des vannes par-ci par-là. Justin se contentait de répondre par onomatopée, espérant ainsi lui faire comprendre qu'il se fichait de ce qu'il pouvait bien raconter. Mais bon, comme d'habitude, ça n'avait aucun impact sur Tim qui faisait comme si de rien était en continuant de parler du beau temps et d'autres choses dont Justin n'avait que faire.

Il soupira d'ailleurs de soulagement en apercevant sa maison. Enfin, il allait pouvoir être tranquille. Après ce que lui avait fait endurer le sportif, il s'était rendu compte qu'au final, sa mère devenait tout à coup beaucoup plus supportable qu'il ne l'était.

- On est arrivés, lui annonça Justin en tentant de cacher sa joie.

- À demain alors... Mon pote ! s'exclama Tim avant de s'enfuir en courant sans laisser le temps à notre fantôme de rétorquer quoi que ce soit.

Il aurait voulu le contredire, mais de toute façon, Tim était déjà loin, et il n'avait pas la motivation pour se lancer à sa poursuite. Et de toute façon, en y réfléchissant bien, l'idée d'être ami avec lui ne lui était plus aussi désagréable qu'avant...

Le fantômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant