10° Phallus, fuite et questions

7.1K 708 108
                                    

Chapitre 10.

Après avoir visionnés les deux films, il était aux alentours de minuit, et notre petit groupe d'amis décida qu'il était temps d'aller dormir. Ils suivèrent Nathan à l'étage qui les guida vers sa chambre. Iseult était un peu nerveuse... Après tout, c'était la première fois depuis le CM2 qu'elle était invitée à dormir chez un ami, un garçon qui plus est.

Il y avait déjà deux matelas au sol, puisqu'il était déjà prévu que Mathéo et Tim dorment ici. Nathan proposa donc son propre lit à Justin, et conduisit Iseult dans la chambre d'ami, tel le gentleman qu'il était. Et profitant de l'absence de ses parents, le noiraud pouvait occuper leur chambre. Il était minuit et demi, et le silence était désormais maître des lieux. Enfin presque.

- Psst, chuchota Tim. Vous dormez ?

Justin tiqua. Il venait tout juste de prendre ses aises dans le lit de Nathan. Il en avait même oublié la présence parasitaire de Tim et Mathéo sur les matelas au sol.

- Oui, lui répondit-il sur un ton ferme.

Mathéo était toujours sur son portable, il ne faisait pas trop attention à ce qui se passait autour de lui. Quoique, il serait plus juste de dire qu'il se fichait de ce qui se passait autour de lui.

- Eh, Justin, l'appela Tim à nouveau.

Il ne répondit pas. Il se dit qu'avec un peu de chance, Tim penserait qu'il dormait. Il avait de l'espoir, on pouvait le dire.

- Justin tu dors ?

Oui, c'est ça, maintenant fermes-la et laisses-moi, pria intérieurement Justin, emmitouflé dans les couvertures. Une minute s'écoula sans qu'il n'entende les jérémiades de Tim. Un sourire satisfait pris place sur ses lèvres, mais lorsqu'il reçut un oreiller en pleine face, il sut qu'il avait crié victoire trop vite.

- Va te faire voir ! s'insurgea le châtain en s'emparant du polochon pour lui balancer à son tour dans la figure.

- C'était pour vérifier si tu dormais ! s'expliqua Tim avant de se recevoir l'oreiller.

Justin prit son polochon et enfouit sa tête dedans. Ce qu'il ne donnerait pas mainetant pour être chez lui dans son lit douillet, loin de ce démon de Tim qui l'empêchait de fermer l'oeil.

- Dis, tu veux pas allumer la lumière de la lampe de chevet ?

Notre fantôme dut se contenir pour ne pas lui balancer non pas un coussin, mais un coup de pied. Il s'apprêtait à l'insulter lorsqu'il se remémora ses réactions durant les deux films d'horreur. Il avait été tellement expressif que Justin avait pensé qu'il jouait la comédie juste pour le plaisir de le déranger. Mais peut-être qu'après tout, à bien y penser, Tim était véritablement un trouillard.

Il réfléchit un instant, pesant le pour et le contre. D'un côté, il aurait sûrement du mal à dormir la lumière allumée, mais de l'autre, si ça pouvait faire taire Tim, alors tant pis s'il mettait plus de temps à trouver les bras de Morphée. Son silence serait la plus belle des récompense.

- D'accord, soupira-t-il en allumant la lampe, faisant râler Mathéo que la lumière agressait de plein fouet.

Puis, Justin ferma les yeux, et attendit. Une minute, puis deux, puis cinq, durant lesquelles Tim ne pipa mot. Alors ce fut avec un énorme sourire de satisfaction aux lèvres qu'il remonta la couette sur ses épaules en s'enfonçant dans son oreiller, bien décidé à profiter au maximum de cet instant de paix bien mérité.

Il devait être aux alentours de huit heures lorsque Justin s'éveilla. Le soleil était levé, sa lumière filtrant à travers les rideaux de la chambre. Ses rayons chatouillaient le visage paisible et serein de notre fantôme... Qui fronça les sourcils en trouvant que ce chatouillement semblait assez maladroit. Il ouvrit les yeux, et découvrit Mathéo, un feutre en main, qui s'appliquait à dessiner il ne savait quoi sur sa joue.

- Tu cherches à mourir ? l'interrogea le châtain d'une voix menaçante tandis que le blond reculait, tremblant, pris sur le fait.

- Justin ha ha ! C'est pas du tout ce que tu crois...

Il le fusilla du regard avant de se saisir de son téléphone et de cliquer sur l'appareil photo qu'il venait de mettre en mode selfie. Il plissa les yeux en découvrant la grosse teub bien voyante qui décorait sa joue.

- Je vais te faire manger ton feutre, fut tout ce qu'il dit avant de se lever de son lit d'un bond et de se lancer à la poursuite de Mathéo, prenant bien soin d'éviter Tim qui dormait encore.

- Mais fallait bien que je fête comme il se doit ton arrivée dans la bande ! se défendit ce dernier sans pour autant s'arrêter de courir.

En l'entendant, Justin se stoppa, pensif. Faire partie de la bande ? Mais c'était hors de question ! songea-t-il les sourcils froncés. Il ne voulait pas d'une bande d'ami, il voulait la paix ! Pourquoi personne n'arrivait à le comprendre ? se morfondait-il. S'apercevant que Justin avait arrêté de le courser, Mathéo revint vers lui, cependant toujours sur ses gardes.

- Justin ? l'appela-t-il, hasardeux.

- Je vais enlever ça dans la salle de bain, souffla notre fantôme en pointant sa joue du doigt, abandonnant l'idée de se venger.

Il avait besoin de se remettre les idées en place, de réfléchir à tout ça. Pourquoi n'avait-il pas ressenti tant de dégoût à l'idée de faire parti de la bande ? Pourquoi avait-il pris du plaisir à jouer avec ces gens ? Les considérait-il réellement comme des étrangers, ou les considérait-il désormais comme de vrais amis ? Il fallait qu'il trouve des réponses, et vite. Les relations humaines avaient toujours été quelque chose d'abstrait et compliqué à ses yeux.

- Tu ne m'en veux pas ? le questionna finalement Mathéo, toujours sceptique.

- Si, mais j'ai la flemme de continuer à te courir après. Je vais me nettoyer, et après ça, il faudra que je rentre. Tant pis si les autres ne sont pas encore réveillés.

- Comme tu voudras, fit le blond en haussant nonchalamment les épaules.

Sans plus attendre, Justin fila dans la salle de bain pour se débarbouiller la figure et effacer l'énorme phallus qu'il avait sur la joue. Puis, sans demander son reste, il fila à l'anglaise par la porte d'entrée, profitant que les autres ne se soient pas encore réveillés. Il referma la porte derrière lui, et souffla un grand coup. Une énorme pression venait de quitter ses frêles épaules. Ça faisait du bien, de retrouver ce calme et cette sérénité, loin du brouhaha constant que produisait ces gens.

Il décida de marcher un peu avant de rentrer directement chez lui. L'air était doux et le ciel dégagé. Marcher lui permettait réfléchir et de penser à autre chose. Et là, il en avait bien besoin pour mettre des mots sur ce qu'il avait ressenti durant cette étrange -mais agréable ?- soirée.

Le fantômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant