11° Parc, malédiction et basket

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Chapitre 11.

Cela faisait une petite heure que Justin errait dans les rues, songeur. Il n'allait pas tarder à rentrer chez lui. Ce moment de solitude lui avait fait du bien -comme toujours, d'ailleurs. Ça lui avait permis de se remettre les idées en place.

Il ne voulait pas se voiler la face. Oui, il avait apprécié cette soirée, si on omettait le dessin grotesque que Mathéo avait dessiné sur sa joue et la lourdeur de Tim -encore que, ça, il ne saurait dire si ça l'avait énervé ou amusé. Est-ce qu'il considérait Tim, Nathan, Mathéo et Iseult comme des amis ? Non. Mais il ne les considérait désormais plus comme des inconnus sans importance. Disons qu'il les mettait dans la case des connaissances. Avait-il apprécié leur compagnie ? C'était plus difficile à avaler, mais dans l'ensemble, Justin devait avouer que oui.

Il rentra donc chez lui sur les coups de neuf heures et fut immédiatement accueilli par sa mère, avide de potins. C'était la première soirée entre ami de son fils, il fallait absolument qu'elle sache comment ça s'était passé dans les moindres détails. Justin avait toujours trouvé sa mère trop envahissante. Mais bien qu'il ne l'admettrait jamais, il préférait cent fois une maman trop curieuse qu'une génitrice qui n'aurait eut que faire de son enfant.

— Alors ? C'était comment ? Tu t'es bien amusé ? s'enquit Céline alors que Justin, toujours dans l'entrée, ne s'était même pas encore déchaussé.

— Ça allait. C'était pas mal. Je me suis un peu amusé, répondit-il laconiquement.

Sa mère fit la moue. Elle voulait des détails croustillants !

— Laisse-le un peu respirer, l'intima Thierry, son mari, venant à la rescousse de son fils. Et venez manger tous les deux, les pancakes vont refroidir.

Remerciant son père du regard, Justin s'exécuta sans attendre, rapidement suivi de sa mère qui n'en avait pas fini avec lui.

Le dimanche matin fila à une vitesse folle, au grand dam de Justin. Lui qui pensait pouvoir être tranquille une fois chez lui, c'était râpé. Céline avait peiné à lui arracher plus de quelques phrases pendant le petit déjeuner, mais sa persévérance avait fini par payer puisqu'elle était parvenue à lui soutirer les informations qu'elle désirait. Justin avait cédé, saoulé par les questions insistantes de sa mère. Enfin, il lui avait raconté les faits, mais pas ses ressentis. Il avait encore droit à un minimum de vie privée, non de non !

Satisfaite, sa mère finit par le lâcher, ne voulant pas non plus le pousser à bout. Mais ne sachant pas combien de temps cet instant de répit allait durer, Justin préféra prendre les devants. C'est ainsi qu'après le déjeuner, il se saisit d'un livre posé sur sa table de chevet et fila discrètement de la maison, profitant que sa mère soit dans la cuisine pour s'échapper par la porte d'entrée. Son père le vit faire du coin de l'oeil, mais ne le retint pas, compréhensif. Pour ce qui était d'échapper aux questions intrusives de Céline, lui et son fils étaient devenus très complices au fil des années !

Le temps était toujours aussi clément, alors Justin sourit de soulagement en sortant de sa maison. Il se dirigea d'un pas serein vers le parc, endroit où il avait l'habitude de se réfugier lorsqu'il fuyait sa mère. Il s'assit sous l'arbre qui lui offrait le plus d'ombre et se mit à lire, profitant du calme et du chant des oiseaux.

Il ne savait pas combien de temps il était resté là, assis dans son coin, à lire son polar. Il avait été tellement saisi par sa lecture qu'il n'avait pas vu les minutes défiler. Et il aurait d'ailleurs bien poursuivi cette activité s'il ne s'était pas fait interrompre par une voix grave et familière qui le sortit de ses pensées:

— Alors comme ça, on plante ses potes sans leur dire au revoir ? lui lança Tim qui se tenait face à lui, un ballon de basket sous le bras.

Justin, fébrile et stupéfait, releva lentement la tête vers lui, croisant son regard taquin. À cet instant-ci, il se dit qu'il était maudit. Il était sorti pour fuir sa mère, et voilà que maintenant, il voulait rentrer pour fuir Tim. Une véritable malédiction. Quoique, à choisir entre Céline l'envahissante et Tim le joueur, Justin devait avouer qu'il avait une légère préférence pour le sportif. Lui au moins ne lui posait pas de questions embarrassantes.

— J'avais dit à Mathéo de vous prévenir, marmonna le châtain.

— Oh t'inquiète, il l'a fait. Juste que ça ne se fait pas trop, tu vois. Mais aucun de nous ne t'en veux hein, on a bien cerné ta personnalité, lui annonça Tim en s'asseyant à ses côtés comme si de rien était.

Justin le dévisagea une seconde avant de se replonger dans sa lecture. Mainetant qu'il y pensait, c'est vrai que ça avait peut-être paru un peu offensant, voir même un peu mal élevé de s'être tiré ainsi sans dire au revoir. Mais pour lui, les conventions sociales, c'était un peu comme le relationnel. Il n'y comprenait pas grand chose.

— On fait un basket ?

— Je lis, le rembarra notre fantôme d'un ton ferme.

— On fait un basket ?

— Tu es insupportable décidément !

— Je sais. On fait un basket ?

— T'as personne d'autre à qui demander ?

— Mathéo m'a laissé tomber pour une fille et Nathan et Iseult bossent ensemble. On fait un basket ?

Justin leva un sourcil, interloqué.

— Iseult est restée chez Nathan ? demanda-t-il, étonné.

Avec le temps, il avait appris à connaître Iseult et sa personnalité. Il savait qu'elle aimait passer du temps avec les gens mais que malheureusement pour elle, sa timidité maladive l'en empêchait la plupart du temps. C'était assez inhabituel pour lui de ressentir ça, mais il fut content d'apprendre que la brune avait réussi à surmonter son "handicap" pour passer du temps avec quelqu'un.

— Ouaip, acquiesça Tim. On discutait tranquillement en prenant notre petit dej quand Nathan a sorti je ne sais plus pourquoi qu'il avait des lacunes en anglais. C'est un bon élève dans toutes les matières, sauf pour les langues étrangères. Alors Iseult lui a proposé son aide.

Justin hocha la tête. Il était fier d'elle, fier que l'introvertie qu'elle était soit parvenue à sortir de sa coquille. Bien qu'ils étaient tous deux très différents, Iseult et Justin éprouvaient des difficultés assez similaires pour les relations sociales, alors ils se comprenaient, en quelque sorte. C'est pourquoi il comprenait la victoire que ça avait dû être pour elle.

— On fait un basket ?

— Est-ce que j'ai vraiment le choix ? souffla le châtain en refermant son livre, résigné.

Tim sembla réfléchir un instant.

— Hum... Non, lui dit-il avec un grand sourire.





I'm back from my vacances :)
À partir de maintenant, je reprends le rythme de publication normal, c'est à dire deux chapitres par semaine, un le mardi et un le vendredi ;)

En espérant que vous passez de bonnes vacances♡ Je vous fais plein de bisous <3

Mira♡

Le fantômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant