Chapitre 2: James

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Je la vis se refermer sur elle-même. C'est vrai, que j'ai manqué de tact. Qu'est-ce que je peux être con parfois.

-Désolé, c'est pas ce que je voulais dire
-Peut-être mais vous l'avez pensé  -me dit-elle blessée.-
-Mais c'est que par rapport à moi tu es une gamine.
-L'âge n'est qu'une mesure inventée par l'homme. En aucun cas, il traduit son intelligence ou même sa maturité. Vous pourriez, vous-même, être plus gamin que moi malgré notre différence d'âge.

Elle insista bien sur le « gamin ».
James, tu viens de te faire moucher. C'est la première fois, qu'on me répondait si calmement et si intelligemment que j'en restai bouche bée.

-Sur ce, au revoir professeur.

Et elle partit. Même pas un regard en arrière. Rien. Je restai quelques secondes à mon bureau, réfléchissant à la conversation. Quelle répartie ! Ça m'apprendra. Je riais à moi-même. Elle était quand même géniale, cette fille. Un tempérament calme comme l'eau mais il faut se méfier de l'eau qui dort. Je ne la pensais pas du tout comme ça. Je l'imaginais réservée, timide... Enfin, le genre de fille qui baisse la tête quand on leur dit des choses désagréables.
Je ramassai mes affaires et parti en salle des professeurs me chercher un café. Je me passais en boucle cette discussion.
Je rencontrai Madame IRSON, professeur de mathématiques des scientifiques. Une très grande blonde à l'air coincé mais qui, quand on la connaissait, était très chaleureuse. Quand elle me vit arriver, elle me décocha un sourire. Mais j'étais trop perdu dans mes pensées pour lui répondre.

-Alors, James, ça va ?
-Oh pardon, je ne t'avais pas remarqué.
-Dis que je suis invisible tant que t'y es.- Elle se mit à rire-
-C'est pas ce que je voulais dire. -essayais-je de me rattraper en rougissant-

Je suis très maladroit et très timide. Un combo gagnant !

-Je sais. A quoi pensais-tu ?
-A une élève qui vient de ... me surprendre.
-Qui ça ?
-Amylidia Worth
-Ah d'accord. Qu'est ce qu'elle t'a fait ?

Je lui racontai notre discussion dans les moindres détails et la tournure qu'elle avait prise. J'évitais de lui dire que j'avais de l'admiration devant cette magnifique réponse que m'avait donnée Amy. Car oui, j'admirais cette « agilité » avec les mots.

-Tu as fait fort, me dit-elle après mon récit.

Elle me fit une grimace. Voyant mon air dépité, elle me fit une moue amusée. C'est une des professeurs avec qui je me suis de suite bien entendu et c'est d'ailleurs la première à m'avoir accueilli dans l'établissement. Elle a dix ans de plus que moi et pourtant, on partage le même point de vue sur l'éducation. J'aime lui parler. On se comprend.

-Tu l'as connaît ? -demandais-je au bout d'un moment-
-Oui, je l'ai eu toute l'année dernière, exceptionnellement et je l'ai cette année.
-J'ai pas encore eu le temps de voir son dossier. Je les regarde par ordre alphabétique. Elle est bonne élève ?
-Et bien, l'année dernière oui. Elle a fini avec dix-neuf de moyenne dans ma matière. En plus, elle est agréable, poli et participe beaucoup. Qui plus est, elle adore l'anglais, tu aurais pu t'entendre avec elle.
-C'est ce que j'ai compris grâce à sa feuille renseignement de début d'année. Tu crois que je peux pas effacer mon incident ?
-Je sais pas. Cette année, elle à l'air ... différente, -elle pesa bien son dernier mot-.
-C'est-à-dire ?
-Je ne sais pas, plus fatigué.

Je regardai ma montre. J'avais cinq minutes pour me retrouver devant l'établissement. J'ai prévu de manger avec mon meilleur ami.

-Eh bien merci des renseignements. -dis-je en jetant mon gobelet dans la poubelle-
-Tu pars déjà ?
-Oui, je mange en ville.
-Alors, à plus tard. -me dit elle avec un grand sourire-

Je me dépêchai de dévaler les marches et de longer les couloirs avec rapidité. Quand j'arrivai au portail, une tête brune me souriait :

-Eh beh mec, tu en as mis du temps !
-Et j'ai trente secondes de retard, Ben. N'exagère pas. -dis-je en levant les bras, signe de protestation-
-Allez, on y va ?
-Oui, moi j'ai mon ventre qui crie famine.
-Arrête avec tes expressions de vieux.
-Je crève la dalle, gros.

On se mit à rire. Ben, je le connais depuis maintenant quatre ans. Il est brun aux yeux bleus et à la carrure de rugbyman de haut niveau. Il est plus âgée que moi mais il est devenu comme mon frère après trois ans de collocation.  A présent, on vit à une heure l'un de l'autre. Lui avec sa femme et moi, tout seul. D'ailleurs, il n'arrête pas de me charrier sur le fait que je sois célibataire.

-Alors, tu en as trouvé une ? -me demanda t-il alors que nous étions assis dans un restaurant-
-Trouvé quoi ? -Dis-je distrait , toujours pensant à Amy. Il faut que je me la sorte de la tête-
-D'après moi oui. En plus, tu pensais à elle, juste à l'instant.
-Non, je pensais à mon futur cours  -mentais-je-
-Je te connais, tu sais. Et j'espère que tu ne souris pas bêtement pour un cours.
-Et sinon, comment va l'amour de ta vie ?
-Très bien, mais ne change pas de sujet.

Ma tentative avait lamentablement échoué. Mais heureusement que la serveuse vint à ma rescousse. Elle s'approcha de Benjamin et lui effleura le bras. Un geste sensuel et plein de promesses. Il avait le don de faire de l'effet à toutes les femmes qui le croisaient.

-Qu'est ce que vous désirez ? -dit-elle d'une voix langoureuse, sans m'adresser un regard-
-Deux pizza quatre fromages, s'il vous plaît ! -Dit Ben-.

C'est vrai qu'il me connaissait bien, il commandait pour moi.

-Elle est belle la serveuse  -me chuchota mon ami, dès que cette dernière fut parti-
-Tu as une femme, je te rappelle.
-Non, mais pas pour moi... Pour toi. -dit-il exaspéré-

Il pourrait avoir n'importe quelle femme dans son lit ou même à ses pieds mais il s'en moquait complètement. Il était du genre sérieux. Il ne tromperait jamais sa femme mais il pourrait flirter ou « s'amuser », comme il le dit, avec la gent féminine.

-Oui, bof ... pas terrible.
-Tu rigole, elle est canon.
-Peut-être, mais si elle a pas de répartie.
-Tu cherche une femme avec du caractère, -me dit-il fièrement-
-Je dirais avec de l'intelligence.

Je repensai, alors de suite à Amy... Son acte de ce matin, m'avait laissé ... perplexe... Elle m'avait répondu sans m'agresser. Si elle l'avait fait, est-ce-que je l'aurais collé ? J'ai envie de coller personne. Est-ce-que j'ai assez d'autorité pour faire ça ? Je passai le début du repas à penser à mes capacités d'enseignant mais surtout à elle. Cela exaspéra Ben qui m'avait fait remarquer que s'il voulait parler à un mur, il serait resté causer avec celui de son salon. Ça lui aurait évité de la route. Après m'être brièvement excusé, on reparti dans une discussion décontractée.

***
Le soir, dans mon appartement et plus exactement dans mon lit, je réfléchissais à ce que j'aurais pu dire à Amy mais à chaque fois une voix à l'intérieur de moi, répliquait et «cassait» ma phrase. Cette voix était sa voix. Pourquoi je me laisse impressionner par elle ? Et pourquoi je n'ai pas cessé de penser à elle, depuis notre échange ? Me faisait-elle de l'effet ? Bien sûr que non, elle m'intriguait voilà tout. Je m'endormis en pensant à ses beaux yeux verts que j'allais voir en classe demain. Deux heures avec elle grâce à l'option...

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Note de l'auteur:

Salut à tous et à toutes ! Je suis désolé pour la longueur de ce chapitre et pour la qualité.
 Comme vous avez pu le remarquer, je change de point de vue à chaque chapitre. Il y aura donc des écrits courts voire même très courts !! Mais ne vous inquiétez pas, je mettrais plusieurs chapitres :)

Bisous !

Et si c'était lui ? (relation prof/élève)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant