Chapitre 44: James

13.6K 703 89
                                    

Chapitre James

-Voudrais-tu m'accompagner ? -demanda mon père d'une voix enjouée-

Je fus abasourdi. Il venait de la tutoyer !

Mon père venait de tutoyer Amy !

Richards Charles Henry BRAV, grand patron d'une multinationale, venait de tutoyer Amy ?!

Il ne faisait cela qu'avec la famille proche, ce qui se résumait à ma mère et à moi. L'aurait-il accepté ?
-Tu la tutoies ?! -demandais-je avec étonnement-
-Ça dépend d'où tu vas. -dit Amy-
-Et toi aussi ?!

Je les regardais tour à tour. Ils se parlaient comme s'ils se connaissaient depuis toujours. C'était une situation tout à fait normale pour eux ... Mais ça ne l'était pas !!

Qu'a-t-elle fait à mon père ? Lui qui tient tant à son vouvoiement !

Ils me regardèrent tous les deux avec le sourire aux lèvres.
-Surprise, ma chère.

Ma chère ?! Je dois être tombé dans une faille spatio-temporelle... je suis dans un autre monde ! Un univers parallèle ou un truc du genre. Si ça se trouve, je suis mort et je suis au paradis.

-Mamie ? Tu m'entends ?

Ça y est, je suis fou ! J'appelle ma défunte grand-mère.
J'ai la tête qui tourne ...

Je crois que ... Non, mon père ... l'aime bien ! C'est incroyable ! J'avais peur qu'il ne l'accepte pas.
-Faut-il sortir de la maison ? -demanda t-elle-
-Non, je vais te faire visiter.

Stop. Une seconde ! Ça va trop vite ! Mon père s'occupe d'un invité ? Un invité qui n'a pas un gros portefeuille ?
Et puis, visiter ?! Mais visiter quoi ?!
-Je peux venir ? -questionnais-je avec empressement mais d'une petite voix-

Amy entretenait des liens bien plus fort que moi, avec mon père. Je ne la jalousais pas du tout. Bien au contraire, j'en étais content. Elle faisait ressortir le meilleur de mon père.
-Si tu veux mais tu ne lui dis rien. -me confia-t-il accompagné d'un clin d'oeil-

C'est sûr, je suis mort ...

-Mais je ne sais même pas où on va -répliquais-je, en levant les bras avant de frapper mes cuisses dans un claquement bien sonore-
-Tu le seras quand on longera les couloirs.
-Okay.

Nous continuâmes à parler tous les trois. C'était vraiment très agréable. Je trouvais enfin un père. Il me demandait comment j'allais, comment se passait le travail, comment j'avais rencontré Amy. Il m'a même demandé des nouvelles de Ben. Je soupçonne Amy d'avoir parler de Benjamin à mon père. J'en oubliais presque le mal qu'il m'avait fait.

Lors de la conversation, j'embrassais de temps en temps l'épaule d'Amy et elle frissonna à mon toucher. Nos doigts étaient liés et je tenais fermement sa main.

Maria, une nouvelle domestique, sonna la cloche, signe que le repas était prêt. On s'installa tous les trois à table. On nous servit à manger, encore un potage. J'avais oublié que ma mère en était adepte.

Diet, régime, minceur. Voilà ses mots d'ordre !

Suivit de sa devise « être riche et beau pour mieux régner ».

D'ailleurs cette dernière arriva. Elle regarda mon amie mettre sa cuillère dans sa bouche et dit de façon hautaine :
-Vous êtes encore là ?
-Comme vous pouvez le voir. -répondit mon amour, calmement-
-Quoique, ça ne vous ferait pas de mal de rester. Vous allez enlever ses kilos en trop avec moi. Mais il va falloir du temps pour vous rendre présentable.

Je déglutis fortement. Je m'attendais à ce qu'Amy sorte les griffes car elle a du répondant. À la place, elle s'enfonça dans sa chaise et croisa son gilet devant elle. Elle se camouflait tant bien que mal avec la serviette de table et ses bras. Ensuite, elle baissa sa tête et joua avec ses doigts.
Ça me brisa le cœur.

J'allais répondre à Évelyne mais elle me coupa la parole d'une voix forte.
-Richards, tu as bien chassé ? -interrogea-t-elle, en s'asseyant au côté de son époux-
-Moins bien qu'Amy. Elle est fabuleuse au tir à l'arc. Elle est vraiment d –
-Humm, ce n'est pas intéressant. -mon père baissa la tête. Il avait l'air malheureux.-

Je ne m'étais jamais rendu compte de la façon dont s'adresser ma mère à mon père. Elle le traitait comme un moins que rien.
-En tout cas, c'était un plaisir de chasser avec vous. On remet ça quand vous voulez – dit Amy avec une mine rayonnante-.

Mon papa releva la tête et souris de toutes ses dents. C'était la première fois, qu'il paraissait aussi heureux. Ma petite-amie faisait des miracles.
-Et toi, James, qu'as tu fait ? -dit ma mère sèchement-

Mais elle n'avait pas réussi à dépiter ni mon père, ni Amy avec son ton sec.
-Je suis allé en ville pour le cadeau de la femme parfaite – je souris tendrement à la femme assise à côté de moi, et l'embrassai.-
-Oh mon coe -
-J'espère qu'il ne coûte pas cher, elle partira avec quand vous serez séparés.

Pardon ?!
-J'aime votre fils à en crever, madame -le rouge lui montait aux joues-

Je lui pris sa main sous la table, la serra et lui souffla un « je t'aime ».
-C'est beau de dire ça mais vous n'avez plus que deux semaines à vivre. -dit-elle sournoisement avec un sourire narquois aux lèvres-

Je regardai Amy avec la bouche grande ouverte. Était-ce vrai ? Non, elle me l'aurait dit. Je la vis se raidir :
-Je me retire -dit-elle froidement-

Un ton que je ne lui connaissais pas, elle qui était tellement chaleureuse. Elle se leva et partit.
-Pourquoi tu as dit ça ?!!! -criais-je-

Je venais de me lever, j'avais mes mains sur la table, j'étais bien ancré et attendais fermement une réponse.
-Calme toi ! -m'ordonna-t-elle-. As tu vu son dossier médical ?

Non ! Et elle, l'a-t-elle vu ? Je lui posai la question. Elle répondit par l'affirmative. Elle avait osé payer l'hôpital pour avoir son dossier ! Je n'en croyais pas mes oreilles. C'était un comble. Elle se leva de sa chaise, d'un pas leste et lent puis revint avec un dossier dans les mains.
-Lis-le. Les médecins ont mis des annotations pour que je comprenne.

Elle me le tendit au-dessus de la table qui nous séparait.
-Jamais -crachais-je-.

Si Amy ne me l'avait pas fait lire, c'est qu'elle avait une raison. Je lui fais entièrement confiance.
-Tu es sûr de ne pas vouloir savoir si ta chère et tendre va mourir ?

Elle savait comment y faire avec moi. Elle me prenait par les sentiments.

Si Amylidia devait mourir, je serais le premier au courant. Elle me le dirait. Enfin, ... Elle a tendance à me protéger.
Me le dirait-elle si elle était condamnée ? Bien sûr... enfin, je crois,... enfin, je ne sais pas.

J'étais complètement perdu. Ma mère me regardait dans les yeux, elle me tendait le dossier avec assurance.
Il fallait que je résiste !

Je lui arrachai les feuilles de ses mains et partis en direction d'une chambre d'amis où personne ne viendrait me chercher.

J'avais honte de ce que j'allais faire. Ça ne me ressemblait pas. Qu'est-ce que dirait Amy si elle savait ce que j'avais dans mes mains et ce que je m'apprêtais à faire ?
Elle se sentirait trahie et je la comprendrais... C'est un dossier volé ! Il s'est retrouvé dans les mains de ma mère à l'insu de la patiente.

Et pourtant, j'étais là, moi son petit-ami, sur le lit, a observer la chemise. Il y avait de marqué « Amylidia Worth » sur la couverture. Je la contemplai pendant de longues minutes avant de me décider de l'ouvrir. Beaucoup de mots étaient surlignés, des accolades résumaient les paragraphes avec des maximes simples.

Les mots « douleurs », « atroce », « invivable » et « insupportable » revenaient très souvent. Avait-elle si mal que ça ? Je savais que c'était difficile, mais à ce point ?

Je parcourais les phrases en assimilant tout : ses interdictions «elle ne peut pas faire du sport »... tous les traitements testés, il y en avait une longue liste... Certains faisaient parti de la liste noire des médicaments. Je ne savais pas ce que ça signifiait mais je comprenais que ce n'était pas bon.
Aucun des traitements avait prouvé son efficacité...

Il y avait des scanners, des IRM, des encéphalogrammes, des échographies...dans ce dossier. Je les regardais à la lumière comme si je comprenais quelque chose, alors que c'était du chinois pour moi. Certaines régions du cerveau étaient entourées d'un cercle blanc relié à un mot « here ». *ici*

Je lisais toutes les feuilles avec rapidité de peur d'être surpris, jusqu'au mot condamné... Je repris ma phrase, puis la phrase précédente, puis tout le paragraphe. C'est alors que je compris : ma mère ne m'avait pas menti. Il restait deux semaines à Amy.

------------------------------------------------------------------------------------------------------
note de l'auteur:
Ne me tuez pas, merci !
Et merci pour les 90k !!!!!!! trcus de fou !!!!!

Bisous !!! <3

Et si c'était lui ? (relation prof/élève)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant