Chapitre 4: James

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-Doucement, je ne suis pas une machine à écrire ! M'écriais-je.

Elle cala une mèche de cheveux rebelles derrière son oreille et répéta tout sourire sa phrase. Je lui demandai d'épeler chaque mot. Et elle continua. Une senteur captivante m'enivrait. C'était son parfum. Il mêlait les notes intenses de la rose et celles, audacieuses, du cassis, à un accord de vanille. Je rougis à cette pensée. Je me reconcentrai.

Phrase après phrase, je compris que son moment marquant était le temps qui s'écoulait lors d'un extraordinaire baiser. Elle en parlait avec tendresse. Je me sentais bouillir de l'intérieur. Pourquoi me parlait-elle de ça ? Elle évoqua son intensité et dit que c'était la preuve du grand amour. J'appuyai de plus en plus fort sur le stylo. Elle parla de mains qui étaient sur une taille. Je me crispai à la pensée qu'un garçon avait ses sales doigts sur les hanches d'Amy. Si c'était un garçon du lycée, je ne sais pas ce que je ferais ... Par contre, s'il l'a fait souffrir, il aura affaire à moi ! Mais qu'est-ce-que je raconte ?

Elle continua avec une certaine émotion dans sa voix. Ce moment devait être fabuleux car son timbre était différent de d'habitude et ses yeux étaient remplis d'étoiles. J'allais trouer la feuille au dernier mot de la phrase dictée mais je ne fis rien. Son dernier mot était « unknown » (*inconnu*). Elle parlait donc d'inconnu mais pas d'elle. Je me sentis bien d'un coup. Tous les muscles de mon corps se relâchèrent.  Je la regardai en souriant. Son texte était si touchant, si innocent et si sincère. Elle jeta un coup d'œil à la feuille, mais je lui dis :

-Je récapitule ...

Je récapitulai tout. Je rougissais à chaque ligne et butais à chaque mot. Elle devait me prendre pour un crétin qui ne savait pas lire.

-Génial. Merci monsieur.

Elle me lança un sourire radieux, rempli de gratitude et de gentillesse.

On avait mis un quart d'heure à tout écrire. Il nous restait donc du temps:

-Pourquoi décrire un baiser que tu n'as pas donné ? En quoi ça te marque ?

-L'instant était magique. C'était comme dans les films: le grand amour.

Elle me surprendra toujours. Cette sensibilité et cette délicatesse, que l'on ne voit pas ailleurs, ont la capacité de m'apaiser.

-Et vous, monsieur ? Si vous deviez choisir un jour comme ça ?

-A vrai dire, je n'en sais rien ...

Est-ce-que j'avais eu un jour de pur bonheur ? ... pas pour l'instant. Ma vie était étrange.

-Peut-être le jour où j'ai eu mon diplôme ? Je sais vraiment pas. -dis-je-

-Quel est votre rêve ?

-C'est un peu personnel.

-Eh pourtant vous me l'avez bien demandé ! -dit-elle sur un ton qui était plus amusé qu'indigné.-

-Si je te le dis, tu me trouveras égoïste.

J'avais peur de ce qu'elle pourrait penser de moi. Elle était ouverte, chaleureuse, elle pensait aux autres et avait un grand cœur... Alors que moi ...

-Chacun ses rêves, -elle me souriait. Elle me mettait en confiance.-

-Je ne suis pas original. Je dirais trouver l'amour.

-On a besoin d'être aimé de toute façon.

On continua de parler de tout et de rien, jusqu'à ce qu'il soit et demi. Je partis ramasser les rédactions, alors qu'elle se rassise à sa place.

Quand elle partit, à la fin de la journée, je lui souhaitai un "bon rétablissement", elle me remercia puis partit. J'espère que ça irait mieux pour elle et qu'elle ne souffrait pas trop. J'avais tellement envie de la protéger. En même temps, c'était mon rôle de professeur.

***

Un mois et demi s'était écoulé depuis la rentrée. Le temps s'était rafraîchi. Les arbres avaient viré au marron et certaines feuilles étaient déjà au sol. Le poignet d'Amy allait mieux à mon grand soulagement et c'était l'élève la plus forte dans ma matière. Je lui avais mis 19 à sa rédaction. Je lui laissais un point pour progresser (truc de professeur). Elle intervenait en classe pour compléter des informations que je donnais, ou pour me faire partager sa culture. Souvent, elle restait à la fin du cours pour me parler. De temps en temps, elle me disait qu'elle n'était pas d'accord avec ce que je racontais, d'après elle j'avais « une vision de la vie restreinte ». Quel élève viendrait voir son professeur pour lui faire partager son point de vue ? A part elle, personne. Elle me faisait rire. Elle était adorable. A chaque fois que ses yeux se posaient sur moi, je sentais des frissons et me sentais rougir. Était-ce normal, qu'elle me fasse cet effet-là ? Quand je la voyais dans les couloirs, je ne pouvais pas m'empêcher de regarder ses courbes ondulées avec grâce. Sa démarche était si élégante.

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Plein de bisous !!

Et si c'était lui ? (relation prof/élève)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant