- Ce cours était à mourir ! J'me sentais rejoindre mon grand-père là-haut putain.
Souffla Sam, en s'étirant de tout son long sur son siège écritoire de l'amphithéâtre. J'émis un faible ricanement, jetant un coup d'oeil à ma blonde préférée, à mes côtes, qui rangeait avec minutie ses affaires dans son sac.- D'ailleurs le mien me manque grave ! Je pense prendre un billet pour aller les voir en France pendant les prochaines vacances. Ça vous dit de me suivre ?
Le cristal de la voix d'Aurore résonnait à mon oreille, tout comme l'agitation des nombreux étudiants à la suite des mots salvateurs de la professeure d'histoire du droit « passez un bon week-end mes chères étudiants ». Dès lors, mon esprit s'était mis à divaguer, sautant d'un souvenir à un autre.
Je posais mon menton sur la paume de ma main, balayant du regard l'amphithéâtre dans lequel nous nous trouvions, avec flegme. Je vis certains groupes se chamailler entre eux de façon puérile, puis d'autres s'empresser de sortir afin de ne pas louper le dernier bus de la journée.
Malgré moi, mes yeux furent harponnés vers la place attitrée d'Andréa, en bas à gauche, sous la longue fenêtre qui donnait une vue prisée sur le parc, derrière la fac. Le fameux parc dans lequel nous avions appris la rupture d'Agnès de Théo.
Je vis le blond ranger ses affaires, souriant comme pas permis à Michelle, la major de la promo, qui le draguait depuis plusieurs mois déjà. Il se passa les doigts dans sa tignasse colorée, de légères fossettes creusant ses joues roses pales. Je plissais les yeux, m'attardant un tantinet trop sur les traits quasi parfaits de son visage. Le pire dans tout ça ? C'était que je ne ressentais rien. Aucune animosité, aucune rancoeur, aucune jalousie... juste, rien.
Comment est-ce que c'était possible au juste ? Il y a quelques mois de cela, mon coeur battait au son de sa voix, puis me voilà à être aussi détachée face à son joli minois.
Peut-être que je m'étais menti à moi-même. Peut-être que durant ces deux ans, il n'a jamais été mon centre de gravité tel que je pouvais le clamer haut et fort. Peut-être que mon géniteur avait raison sur toute la ligne, peut-être que je souhaitais si ardemment quelqu'un qui ne lui ressemble pas que je finissais par fermer les yeux sur mes propres sentiments et choisissais un étudiant en droit avec une vie bien rangée.- Zora ? T'es encore avec nous ?
Une main pressant avec vivacité mon épaule me ramena bien vite à la réalité.- Euh...je... oui ! Tu disais quoi pardon ?
Je relevais les yeux dans la direction d'Agnès. Les trois filles me fixèrent d'une drôle de façon lorsque je me relevais.- Tu es sûre que ça va ? Aurore vient de nous proposer un road trip en France et tu ne réagis même pas !?
Je balançais ma tête, essayant d'effacer les mots de mon paternel de l'esprit, puis m'entrepris moi-même à ranger mes affaires, prenant conscience qu'il devait certainement faire nuit dehors et que le dernier bus s'apprêtait à passer d'une minute à l'autre.
- Désolée.
- Tu veux en parler Zora ?
Je soufflais longuement d'affliction, les yeux rivés vers mon sac.
- Eh on est là, tu peux tout nous dire. On aime trop te charrier mais on reste tes copines.
Balayant une nouvelle fois l'amphithéâtre des yeux, je le découvris vide. Nous étions les dernières, même la prof n'avait pas traîné, laissant sûrement les questionnements des étudiants en suspend.
Je me rassis, toujours aussi silencieuse, puis triturais mes doigts entre eux. Les filles s'assirent près de moi et se fixèrent tour à tour, essayant de comprendre, mais je vis du coin de l'oeil Sam lever les épaules en l'air.
VOUS LISEZ
Spiteful Bik (TERMINÉE)
RomanceC'est à la suite d'un énième rejet sentimental par Andréa Marshall, le même garçon depuis deux ans, que Zora rencontra Zoran, entre une bouteille de Jack's Daniels et la dernière tarte à la fraise de la petite supérette du coin. Leur rencontre fut...