Spiteful Bik (TERMINÉE)

PARTIE XXII

- PUTAIN TU LA CONNAISSAIS ET TU NE ME L'A JAMAIS DIT !
Hurlais-je à en perdre haleine, les cordes vocales en feu face à un Zoran plus que déboussolé.

- Attends je suis vraiment paumé là. Comment... C'est impossible qu'elle soit ta mère elle...elle... putain mais c'est quoi ce merdier !?

Le barbu venait d'affirmer cela à voix haute tout en se passant à de nombreuses reprises les doigts dans ses cheveux ébouriffés, se mettant à longer le long muret du toit de manière inopinée.
Je fronçais les sourcils, bien trop surprise par sa réaction qui semblait pour la première fois être bien trop sincère.

- Tu ne...

- Laisse-moi deux minutes pour essayer de comprendre.

J'ouvris la bouche mais la refermais bien vite, n'y comprenant rien par la même occasion. Je me mis à le fixer faire des allers-retours face à moi, murmurant des choses inaudibles, déboussolée.
Putain mais cette ville entière reposait sur des mensonges ! Qu'est-ce que ma mère avait bien pu leur dire pour que le fils de sa meilleure amie ne connaisse nullement mon identité ?

Après de longues minutes, qui s'écoulèrent très lentement, le barbu s'arrêta soudainement puis se tourna vers moi, la mine déconfite et les joues rouge.

- Ta mère a dit à la mienne qu'elle avait perdu le bébé et que c'était la raison pour laquelle elle devait quitter Clervy. Absolument tout lui rappelait ta perte et... Elle a abandonné ma mère pour cette raison.

J'inspirais fort, gonflant mes poumons au possible afin d'essayer de calmer ce flot impétueux de sentiments qui me gagnait lorsqu'il fallait parler d'elle.

- Écoute mon père était en taule à ce moment-là et Pietro la gardait sous sa protection tout en continuant de gérer les affaires de son frère. J'ai surpris une conversation entre eux et de ce que j'ai pu saisir Pietro lui a promis monts et merveilles pour qu'elle revienne auprès de mon père. Elle...elle vous a sûrement menti pour essayer de vous protéger.

Un silence accueillit mes mots. Il me fixa de haut en bas, ébahi, les yeux si noir que cela me fit froid dans le dos. Oh maman, si seulement tu pouvais voir à quel point tu as bouleversé de nombreuses vies ici-bas, tu en serais bien surprise.

- Je...

Le brun s'arrêta soudainement, détournant le regard, en soufflant médiocrement.

- Avant de partir elle a fait livrer une tarte aux fraises à ma mère. C'était leur truc à elle.

Me sentant vraiment épuisée par cette très longue journée je ne pus me retenir une minute de plus et posais mes fesses sur le rebord, le corps lourd. Pire, le coeur lourd.

Je fermais les yeux, bien trop émotive face à ses paroles. Le mystère de la tarte aux fraises était maintenant résolu. Ça nous rappelait tous les deux nos mères.

- Il faut que tu me croies Zora.

Je ne relevais guère la tête, accablée face à tous ces secrets qui commençaient à se dévoiler petit à petit.

- Je te jure sur ce que j'ai de plus chère au monde que je ne le savais pas. Je devais avoir une dizaine d'années à cette époque et tout est vachement flou dans ma tête je... Je me souviens juste que ma mère se sentait vraiment très mal et qu'elle avait du mal à accepter son départ donc elle a décidé de faire tout un tas de conneries vraiment stupide à la suite de ça.

Zoran vint rapidement se mettre à genoux, face à moi, après avoir déblatéré cela d'une traite la voix bien trop grave. Je hochais la tête à de nombreuses reprises, ne sachant quoi dire d'autre. Est-ce qu'il mentait encore une fois ? Est-ce une stratégie pour mieux m'amadouer ? Est-ce qu'il se fichait de moi ? Je n'en savais foutrement rien et franchement je n'en pouvais plus de tous ces non-dits entre nous tous.