PARTIE XX

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Il ouvrit la bouche lorsque son regard happa par automatisme le mien, mais la referma aussitôt lorsque je rompis tout contact visuel en mettant ma main devant mes yeux voulant à tout prix cacher ce que je venais de déranger. La dernière chose que je vis fut son expression mélangeant confusion et impuissance ainsi que le fatras inhabituel de vieux papiers sur son bureau.

Ses yeux noirs continuaient malgré tout de hanter ma conscience : il m'avait couvé d'un regard si affectueux, m'affectant avec force.   

Un battement.



Deux battements.



Peut être même quatre en vérité.




La dernière chose que j'entendis avant que ce grondement cacophonique se mette à résonner dans mes oreilles fut l'injure que souffla mon paternel, qui offrait son dos à...à...putain qui était vraiment cet homme qui se trouvait derrière lui ? Il y a moins de vingt-quatre heures de ça je me trouvais sur son lit prête à lui offrir mon corps avec en prime une partie de mon âme !

Sans que je ne comprenne quoi que ce soit, le sol parut se dérober sous mes pieds. Me sentant tomber à la renverse, je refermais la porte brutalement et y collais mon dos afin de ne pas m'évanouir.



Zora enfin respire !



Respire putain !



Calme-toi ! Inspire et expire, comme maman te l'a si bien appris.





Je retirais ma main tremblante qui me brouillait la vue, ma vision se troubla pendant de longues minutes, m'obligeant à papillonner des cils afin de ne pas perdre une miette du merveilleux spectacle qui s'était offert à moi. Mon coeur rata un nombre incalculable de battements à la minute lorsqu'une image me heurta de plein fouet, s'incrustant avec perfidie dans mon crâne : mon père et mon amant se connaissaient. Pire, ils travaillaient ensemble.

Je commençais à me sentir toute transpirante, des gouttes de sueur coulant avec lenteur le long de mon cou, la gorge asséchée et les mains moites.

PUTAIN DE PUTAIN !

Je me surpris à invoquer ce Dieu, auquel d'ailleurs je ne croyais guère, que ma mère priait énormément et lui suppliais à voix basse de m'emmener très loin d'ici. Pour la énième fois, je battis des cils essayant de ne pas laisser mes yeux s'imbiber d'eau et lui soufflais avec pitié d'exaucer mon voeu.

Mon père.

J'inspirais.

Mon père et Lui.

J'expirais.

Mon père se trouvait dans le bureau du garagiste, évoquant un contrat qui les liait tous les deux.

Je ventilais.

Le trentenaire portait une veste sur laquelle y était écrite quel rôle il jouait véritablement.



Mon semblant de tranquillité éclata de plein fouet lorsque j'entendis mon prénom répété à de nombreuses reprises.
D'un coup, je l'entendis lui, héler avec force le surnom qu'il m'avait donné à notre rencontre. Pourtant, complètement apathique, dépassée par cette situation dont je ne contrôlais rien, je ne bougeais pas d'un iota, mon centre de gravité venait à l'instant de me faire faux bond. Si je faisais un pas en avant je risquerais de sombrer bien trop bas pour pouvoir me relever.

Spiteful Bik (TERMINÉE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant