PARTIE XXIV

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- Je sais que tu ne supportes plus quand je t'appelle gamine mais est-ce que j'ai le droit de te...

Sans m'en rendre compte, je venais de franchir les quelques mètres qui nous séparaient avec une rapidité époustouflante. Je passais mes bras autour de son cou et me mis sur la pointe des pieds afin d'être parfaitement à sa hauteur. J'enfonçais ma tête dans son cou, humant grossièrement son odeur corporelle.

Je revivais.

Pire, j'étais en apnée depuis plus d'une semaine et me voilà à réapprendre à respirer à ses côtés.

Mes poumons se gonflaient d'air, mon diaphragme se contracta et se détendit sur-le-champ, me permettant enfin d'aspirer l'air dont j'avais besoin.

- Putain Zoran, je me suis imaginée toutes sortes de choses dans ma tête. Tu tu avais disparu sans me donner de nouvelles.

Je venais de murmurer cela avec sincérité, la cage thoracique comprimé par tous ces sentiments qui m'habitaient en sa présence.
Je resserrais davantage ma prise, terrifiée à l'idée qu'il puisse à nouveau disparaître. Comme seule réponse, son bras gauche enlaça vivement mon corps, m'attirant vigoureusement à lui, tout en lâchant un profond soupir.

Depuis combien de temps ne m'étais-je pas sentie aussi sereine, comblée et par dessus-tout en sécurité ? Putain toute la colère et l'animosité que je ressentais à son encontre avaient disparu dès l'instant où ses yeux avaient croisé les miens.

- Je suis désolé gamine. Je ne fais que te répéter ça depuis...depuis qu'on se connait mais je suis sincèrement désolé. Faut que tu me croies.
Le brun réitéra ses derniers mots à de nombreuses reprises.

Sa voix avait l'effet d'une berceuse rassurante à mes oreilles.

- Ce n'est pas de ta faute.

- Si bien sûr que si. Je n'ai pas été prudent et je...je n'ai pas su te protéger, au contraire, depuis le début je t'ai exposé à....

Je me décollais légèrement de lui, gardant tout de même une proximité corporelle.

- Ce n'est pas à toi de me protéger.

- Si putain !

Je pris sa main dans la mienne, le coupant brutalement.

- Ce. N'est. Pas. À. Toi. De. Me. Protéger. Vieillard.
J'articulais sur chaque mot que je venais de prononcer avec une lenteur exagérée.

Soudain, un silence nous engloba tous les deux.

ReposantSalvateur.

Ce silence exposait en plein jour ce que nous avions tant de mal à nous avouer.

Dieu qu'il m'avait manqué. Lorsqu'il était à mes côtés, je me sentais tout simplement calme.

Lui seul avait ce don de me faire disjoncter dans la minute. Mais paradoxalement, il était bien le seul à pouvoir me calmer.

Pendant un instant, je me surpris à le contempler. La lumière de ma chambre venait éclairer sa barbe mal taillée ainsi que ses yeux noirs, éteins. Des cernes violets creusaient encore plus son visage fatigué : putain, depuis combien de temps n'avait-il pas dormi ?

Je sursautais de surprise lorsque je pris conscience que son bras droit était enfoui dans une écharpe d'immobilisation. Les mots de Nyk résonnèrent avec force dans mon esprit : Zoran s'était pris une balle.

Spiteful Bik (TERMINÉE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant