Spiteful Bik (TERMINÉE)

PARTIE VI

- Dis Zora t'a compris le cours de Madame Mish ? Y a un truc que j'ai du mal à saisir, faut que tu m'expliques.

Je me levais moi aussi, notre cours venant à l'instant de s'achever.

- On est d'accord qu'une loi ne disparaît pas automatiquement parce qu'elle a été jugée inconstitutionnelle ?
J'hochais la tête, comme seule réponse, la laissant poursuivre.

- Une loi subséquente doit nécessairement venir la supprimer. Alors pourquoi de nombreuses lois fédérales et étatiques sont restées en vigueur pendant des décennies après avoir été déclarées inconstitutionnelle sans pour autant les....

Cependant les vibrements incessants de son téléphone l'arrêtèrent brusquement dans son élan.
Aurore stoppa tout mouvement, lisant quelque chose d'ensorcelant sur son cellulaire.

Je ne dis rien, la laissant prendre acte de cette nouvelle, certainement mauvaise au vu de son expression faciale qui vira plutôt en une mine horrifiée au fil des secondes. Je mis mon ordinateur dans mon sac tout en saluant une fille que je ne connaissais que très peu, d'un bref sourire, qui passait derrière nous.

Lorsque je me reconcentrais sur la blonde, je compris rapidement que quelque chose d'anormal se passait. Elle fronçait si fort les sourcils qu'ils s'apprêtaient limite à fusionner, puis ne parlons guère de la noirceur inopinée de ses iris, d'habitude bleu océan.

- OK gros drama en cours.
Affirma-t-elle en prenant une voix légèrement plus grave qu'à l'accoutumée.

Je rangeais rapidement ma trousse et mon bloc note dans mon sac, attendant patiemment qu'elle reprenne ses esprits afin de m'expliquer ce qui se tramait.
Mon amie balbutia je ne sais quoi dans sa barbe puis se passa à maintes reprises les mains dans sa longue chevelure blonde afin de les attacher en un chignon négligé, l'esprit divaguant certainement à dix mille lieux de là où on se trouvait.

- Je... faut qu'on aille voir les filles, Zora. Maintenant.

Aurore, de caractère plutôt calme et jovial, prit soudainement mon poignet entre ses doigts puis se mit à bousculer sur son passage de nombreux étudiants en grommelant d'innombrables insultes en tout genre, ses talons claquant durement contre le sol.
Inquiète, je lui demandais ce qui se passait mais elle ne me répondait nullement, me tirant jusqu'au parc qui se trouvait derrière le campus afin de me faire asseoir sur une table, et tout cela dans un temps-record.

- Sam m'a envoyé un message et... Théo et Agnès ont rompu ce matin.

Ma bouche s'ouvrit puis se referma de plus belle, sans qu'aucun son n'en sorte.
Alors certes, cela pouvait vous paraître anodin à bien des égards : un couple qui se sépare, rien de bien transcendant quoi.

Cependant, je connaissais Agnès depuis mon arrivée ici, et elle était déjà en couple à ce moment-là avec Théo, étudiant de deuxième année d'Histoire.
Ils étaient du genre cucul la praline et ils s'aimaient à en crever.
Sam, sa cousine, m'avait raconté qu'ils s'étaient rencontrés sur une application de rencontre à la fin du lycée et que cela avait vite matché entre eux. La dernière fois que j'avais mangé avec le couple, c'est-à-dire il y a moins d'une semaine, ils m'avaient parlé d'emménager ensemble...merde, comment étaient-ils arrivés à cela en si peu de temps ?

- C'est une blague ?
Soufflais-je, sonnée par son aveu.

- Non putain...non.

Un long silence prit place entre la blonde et moi. Je remis correctement mon écharpe autour de mon cou, un frisson me parcourant l'échine, et ne pus m'empêcher de ressasser tous ces moments dans lesquels Agnès et Théo paraissaient être le couple phare qui se marierait après la fin de leurs études respectives. Un cliché ambulant pourtant fort probable lorsqu'on les regardait.