PARTIE XXI

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La porte de ma chambre claqua brutalement derrière moi laissant un sentiment de solitude et de tristesse me saisir âprement par la gorge. J'eus tellement de mal à avaler ma salive que je me jetais sur ma bouteille d'eau, qui se trouvait sur mon bureau en vrac, les membres tremblants et surtout prête à faire un malaise vagal dans la minute. Trop de putain de sentiments m'habitaient. Rectification, trop de putain de sentiments me consumaient de l'intérieur.

Je bus d'une traite le peu d'eau qu'il restait dans la bouteille puis posais enfin les paumes de mes mains sur le bureau, inspirant puis expirant bruyamment, l'esprit ainsi que le coeur retourné. Malgré ça, je ne réussis nullement à me calmer.

« Quel joli bordel t'a pu foutre ! Tu peux être fière de toi. »

Le silence qui régnait en maître dans ma chambre m'obligea à faire face à mes pensées les plus insidieuses, les plus mortifères qui soit.

« Tu as vu le résultat ? Laisser un type rentrer dans ta vie ne t'apporte strictement rien de bon. Au-delà d'y foutre un bordel monstre, il abuse de ta confiance et de tes sentiments. Il se méprend de toi et prétend que tu as de l'importance à ses yeux. Reste seule putain ! Ça te convenait depuis le décès de ta mère de n'être rattachée à rien, uniquement qu'à toi-même ! Putain que t'a t-il apporté au point de vouloir tout foutre en l'air !?»

- La paix.
Murmurais-je pour même, la voix anormalement grave.

- Il m'a apporté un semblant de paix et tu le sais très bien. Je rigolais plus fort quand c'était lui qui me faisait rire. Je dormais bien mieux quand il me serrait dans ses bras. Je faisais plus confiance aux autres hommes quand je le voyais retirer les tomates avant de me faire goûter ses plats; quand je le voyais s'excuser avec autant de sincérité; quand son regard suivait chacun de mes mouvements; quand il me traitait avec gentillesse et bienveillance. Et surtout je... je tombais chaque jour un peu plus amoureuse de lui.
Chuchotais-je la gorge nouée en sentant mes lèvres tremblotées face à cette émotion que je refoulais depuis la mort de ma mère : l'abandon.
Le vieillard m'avait trahi et abandonné.

« Eh Zora, moi je t'aime d'accord ? Ça t'a toujours paru suffisant alors ne souffre pas autant pour un type que tu ne connais que depuis quelques mois. Moi je serais toujours là et tu réussiras à l'oublier. Tu es forte et il... »

- Pour une fois ça ne me comble pas ! Mon propre amour ne me suffit pas putain !

« Mais tu t'imagines quoi au juste ? Que vous allez continuer à être un joli petit couple tout mignon ? Je te connais, je sais que quand on te trahit tu as du mal à redonner ta confiance ! Tu crois qu'il va courir après toi ? Te faire oublier sa trahison ? S'excuser ? Tu oublies un peu trop cette rousse qui lui sert de premier amour alors que toi tu n'es rien, juste une pièce maîtresse dans son échiquier. Tu es la plus insignifiante des.... »

- TA GUEULE PUTAIN !
Grognais-je en frappant du poing contre mon bureau ne supportant plus cette voix acerbe dans ma tête.

Je ne m'en rendis pas immédiatement compte mais l'esprit embrumé, je restais ainsi pendant de longues et interminables minutes jusqu'à sentir de légers picotements au niveau de mes genoux. Ces satanées voix dans ma tête semblaient a priori se calmer.

Du coin de l'oeil, je remarquais le soleil se coucher avec silence et légèreté, contrastant véhémentement avec ce qui était en train de se passer dans mon esprit. La journée était en train de se terminer de la pire des façons. Puis par-dessus tout, en fixant cette boule lumineuse se volatiliser, je ne pus m'empêcher de mordre légèrement ma lèvre souhaitant à bien des égards disparaître avec elle.

Spiteful Bik (TERMINÉE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant