Texte 30

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1 Mai 2020.

J'ai tendance à rire bêtement de tout.
Et à être sérieuse souvent.
Je suis sérieuse quand je ris,
Oui, aussi.
Et j'aime parler.
M'éparpiller.
C'est un talent d'être bordélique.
Je vous le dis.
Danser les bras partout.
S'emmêler les pieds, les paroles, les mains.
Mais j'ai l'impression,
Opression,
Que certains m'étouffent en plaçant leur main,
Juste là sur ma bouche.
Ils serrent forts.
J'en rigole au début.
Puis ils taisent mon rire.
Parler est un droit.
Être écouté est un luxe,
Ils m'en privent parfois.
L'horreur,
Parce qu'alors, c'est ma propre main,
Qu'on retrouve collée à ma bouche.
Ma propre voix qui chuchote « tais-toi ».
Et mes pensées qui crient « ça sert à rien ».
Pourtant j'aime parler,
Pour ne rien dire parfois,
Pour tout dire d'autres fois.
Parce que j'aime chanter,
Même si c'est faux.
J'aime dire des bêtises.
Tout comme j'aime tenter philosopher.
Suis-je insupportable ?
Une fille trop compliquée ?
Qui cherche des réponses à des questions futiles ?
J'ai toujours aimé dire que vous les trouviez futiles justement car la réponse vous échappe.
Mais j'ai peut-être tord. 
J'essaie parfois d'être moins.
Mais comment on fait pour ne plus être soi ?
Mon visage ne changera pas d'ici demain.
« T'as l'air déprimé ».
Oh ? C'est que j'ai cette angoisse en moi qui...
« Tu rigoles pour rien ».
Ah ? Je repensais à la blague de... Laisse c'est rien.
Quand je pense que la discussion est ouverte.
On souffle bien vite sur mes illusions.
Quand je pense qu'on ne me porte aucun jugement.
Oui. Brusquement la vérité apparaît.
Méfiez-vous de l'artifice,
Il ne persiste pas longtemps.
Alors je ne sais plus,
Je crois savoir qui je suis.
Ce que j'aime,
Ce qui me passionne.
Mais on me bouscule.
On marche sur mes craintes.
On court sur mes certitudes.
Les pas résonnent.
Loin.
Et brisent,
Ces toutes petites choses fragiles qui me font,
Moi.

Je pense... que beaucoup émettent des commentaires sans prendre conscience de l'immensité de leur ignorance. Je crois... que parfois trop souvent on nous assomme sans pitié de « tu rigoles jamais »; « tu parles trop »; « tu ris pour rien »; « tu grimaces tout le temps »; « tu tires la tronche ». C'est fantastiquement paradoxal tout ça, je trouve.

Essayons d'être nous-même. Toujours au mieux. Parce que dans notre authenticité, nous échappons à l'autre. Les apparences sont trompeuses n'est-ce pas ?

Essayons de ne pas hésiter à être nous.

(Et je sais qu'on se connait pas. Mais si un jour tu as besoin de parler de tout, de rien, ou d'un truc tout précis, je peux t'écouter. On peut discuter, sans soucis. Toujours, avec plaisir 🙃)

Le silence des mots (1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant