TEXTE 11

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Lundi 13 août- perdue.

Depuis toute petite, j'essaie de me conformer aux règles.
On me dit, je fais.
On me conseille, je fais.
On me demande, je fais.
On m'apprend, je fais.
Selon les autres.
Mais selon moi ?
J'ai soudain envie de mettre une jupe, je n'en mettrais pas. Parce que les autres disent que ce n'est pas moi. Que moi, je porte des jeans. Que je veux plaire. À qui ? Hein ? À qui ? Tu te féminises ? Pour qui ? Donc je n'en mettrais pas parce que je voulais être moi, une fille "sportive" qui aime être à l'aise.
J'ai envie d'une couleur de cheveux ? C'est pas naturel. Et mais t'es pas si coincée. Ça fait bizarre. Tu ne peux pas, tu vas bosser.
J'ai mal, alors je dis un gros mot. Ils me font les gros yeux: qui es-tu ? Et qu'as-tu fais de notre amie ? Je ris. Parce que tu peux dire des gros mots toi ? Ouais, c'est cool de ne pas être vulgaire mais parfois, je dérape et j'en laisse sortir un. Est-ce un drame ? Laissez-moi rire.
Une mini-jupe ? Pute !
Du maquillage ? Superficielle !
Jeux vidéo ? Garçon manqué !
Tu danses ? Ma parole, t'es gay mon pote !
Mais, et je crois bien que c'est la chose la plus importante à comprendre, on est libre. De faire ce que l'on veut.
Si je porte une jupe, ça ne fait pas de moi une écervelée qui veut juste draguer. Ça ne change pas ce que je suis et ce en quoi je crois. Ça fait juste de moi une personne qui a envie de porter ce qu'elle porte. Pas pour elle ou pour lui. Pour moi.
Si je me teins les cheveux en bleu. C'est pas pour me faire remarquer ou peut-être que si. Vous vous en foutez ! Je le fais. C'est tout. Pour moi. Parce que j'ai envie de choquer ? De changer ? Parce que ça me plait ? Soit.
Si je me maquille. C'est parce que j'ai envie. Comme toi tu prends plaisir à faire certaines choses. Ma passion c'est ça.
On entend partout qu'on a qu'une seule vie. On le sait tous. Mais savoir est un bien grand mot. D'abord on est beaucoup à croire qu'on sait. Mais on ne sait rien. Et on est beaucoup à savoir trop de choses qui ne servent à rien.
Il faut juste comprendre qu'on a le droit de vivre notre vie.
De se laisser bercer par nos envies.
Ce truc si simple est parfois si compliqué !

Monsieur ou Madame X, saisir sa liberté, c'est se rapprocher de son bonheur.

Aujourd'hui, ça me tient à coeur de dire cela. De clamer que oui ! Bon sang ! Vous pouvez être qui vous voulez. Il faut juste comprendre que tant qu'on est heureux, les paroles s'échouent sur notre peau. On les entend, mais elles nous atteignent moins. Je ne pense avoir trouvé la force de faire, tout le temps, ce que je souhaite. Mais je commence à comprendre ce que c'est de vivre simplement. Et c'est beau.

Le silence des mots (1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant