Texte 34

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Mercredi 28 mai, 2020.

Je t'ai regardé dans les yeux.
J'étais prête.
Je me sentais prête,
À te raconter cette perte.
Mais tu m'as regardé.
Et ce sont tes mots qui ont résonné.
Les miens, réunis, ont formé un soupir.
J'étais heureuse d'y échapper.
Tes soucis en priorités.
Je n'ose pas t'en parler.
Mes soucis attendront.
Comment puis-je ?
Comment puis-je te faire part de mes tracas,
Quand les tiens sont déjà bien là ?
Mon cœur est comme un coffre secret.
Mais personne ne veut de ses trésors.
Cassés.
Mais ça ira.
Je peux allez.
Tu avais besoin de pleurer.
Et je comprends,
Mes larmes crient à l'injustice.
Pourquoi les tiennes sont-elles libres de sortir ?
Parce qu'ainsi va la vie.

J'étais tellement prête à me confier,
Sur cette événement qui m'a tant chamboulé.
Mais je me sentirai coupable.
T'infliger mes maux,
Alors que tu patauges pour bien autre chose.
Elle attendra,
Ma peine.
Les disparus ne reviennent jamais.
Alors ce n'est pas la peine.

J'avais pris mon élan,
Pourtant.
J'étais prête à sauter,
Oh ouais.
T'as crié mon prénom,
Eh bon.
J'ai trébuché,
Touchée.
Je me suis retournée,
Sonnée.
J't'ai écouté.
Blessée.

Ce drôle de sentiment d'illégitimité, le connaissez-vous ? Trouver injuste de parler de sa peine parce que notre ami vie déjà la sienne ? Et ne plus savoir si la notre vaut vraiment la peine ? Pourtant toute émotion et sentiment est légitime. C'est votre passé, votre vie... Mais si on a besoin de se confier, il nous faut trouver le courage de chercher l'écoute que l'on attendait.

Le silence des mots (1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant