Le capitaine

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Je marche dans le couloir et remonte les escaliers jusqu'au pont, sans cesser de réfléchir.
Cette énigme me fait perdre toute assurance. Je vois une écran géant posé sur le pont, et dessus y sont affichés les noms des éliminés des épreuves précédentes. Les mettre maintenant n'a aucun sens, mais à vrai dire, plus rien ici n'a de sens. Ça doit être surement un moyen de nous faire paniquer encore plus... Je vais dans la dite cabine du capitaine. Elle n'est pas compliquée à trouver: elle est tout en haut, au dessus des terrasses!  Arrivé là bas, je m'assied sur une chaise devant le bureau, et m'assurant que je suis seul dans la cabine de dirigeage, je schématise l'énigme sur une feuille qui trainait, et la répète à voix haute. Je note et me dépêche de comprendre. Il doit me rester un quart d'heure, peut-être un tout petit peu plus, et aucun de mes amis n'a été retrouvé...
J'entends des pas derrière moi, et m'empresse de cacher ma feuille de calcul dans ma poche de bras (c'est moche dit comme ça 😂). Un homme habillé comme le capitaine du Titanic s'approche de moi avec un grand sourire:
- Bien le bonjour jeune homme. Alors, ce code, vous l'avez?
Je secoue la tête, interdit:
- Non monsieur, je ne sais pas. Mes amis sont enfermés quelque part, et je suppose que vous ne pouvez pas m'aider ?
C'est à son tour de secouer la tête négativement:
- Je ne peux rien faire pour toi, mais quand tu auras trouvé le code, va déverrouiller le cadenas du coffre. Ton dernier indice est à l'intérieur.
Il tourne les talons, et sort de la cabine et je reste abasourdi. Je dois rêver. C'est impossible que quelqu'un de gentil soit dans ce jeu, sans être candidat ! Je me remue un peu: le cadenas du coffre nécessite un nombre à deux chiffres. Cela me facilite grandement les choses ! Je reprends mon brouillon et cherche encore quelques minutes, le cerveau en surchauffe, et tout s 'éclaire soudain : 13. 13 personnes ont été sauvées ! Je saute de joie et de soulagement.

( Détail du calcul : attention ⚠ si ce n'est pas bon, c'est le site m'ayant donné la réponse (haha, oui, je ne suis pas si intelligente pour vous sortir des énigmes pareilles) qui est faux ! :

« 13 personnes seront sauvées.

1er aller : 5 personnes sur l'île.
1er retour : -1 personne qui doit retourner au bateau.
Il reste 11 minutes.
2ème aller : encore 5 personnes.
2ème retour (18 minutes) : -1 personne qui doit retourner au bateau.
Il reste 2 minutes et le canot est prêt à repartir.
3ème aller : encore 5 personnes.

5 - 1 + 5 - 1 + 5 = 13 »

Je tourne les deux mollettes du cadenas, et il se déverrouille. J'attrape le dernier parchemin, et le lis à voix haute :
- Je danse, mais sans musique ni pas. Je roule, sans roue ni moteur. Mais si un jour je m'assèche, tu mourras. Je n'ai rien pour me protéger de la pluie, mais peu importe.. je profite encore plus du soleil ! Tes amis vont bientôt me rejoindre... Écoute mon chant, et trouve les... Ou tu seras éliminé.
La mer, c'est obligé... Mais pourquoi mes amis la rejoindraient ? Je sors de la cabine, en prenant soin de m'assurer qu'Enrick n'est pas dans les parages, et descends jusqu'au pont en me tenant le plus fort possible à la barrière. Le vent fort et froid me frappe en plein visage, et les vagues noires et énormes s'abattent avec violence sur le pont... J'entends une fille hurler, et la vois disparaitre sous une vague, et passer par dessus la balustrade. Mon cœur se serre: nager n'est pas mon sport favori, et vu  l'humeur de la mer, je sais que je ne passerais pas plus de 3 minutes dans l'eau sans me noyer !
Un candidat me heurte soudain, et je m'écroule par terre. La douleur de mon bras se réveille, et je regarde le garçon, affolé en pensant qu'il puisse profiter de ma faiblesse pour me jeter par dessus bord. Mais il se lève en vitesse et détale sans demander son reste.
Je fais de même: je suis occupé à regarder derrière moi tout en courant quand je percute un torse musclé et titube en arrière. Mais le bloc de muscle se met à ricaner cruellement, et je comprends avec une sueur froide: Enrick. Il fallait vraiment que je tombe sur lui !
Je ne réfléchis pas: je tourne les talons, et galope jusqu'à un escalier pour le descendre à toute vitesse. Mais Enrick me suit, et j'entends qu'il me court après.
Épouvanté, je saute les marches tellement je vais vite, mais le jeune homme garde la forme malgré ma tentative pour le semer dans les couloirs. 
Je n'oublie pas ma destination: je dois retrouver Assou et Jo. Contrairement à Enrick, qui ne semblait pas inquiet à l'idée de ne pas encore avoir sauver son équipe, j'avais des sueurs froides rien qu'en pensant à la fin de l'épreuve sans mes amis.
Je m'apprête à descendre encore un escalier quand une sirène retentit, et je plaque mes mains sur mes oreilles tellement le son est strident et abominable! Enrick lui, regarde autour de lui, et une lumière semble s'allumer dans sa tête vide: il me laisse là, éberlué en le voyant abandonner sa proie, et part sans un mot à toute vitesse.
Étonné, mais rassuré qu'il soit partit sans se venger, je cours dans le couloir du tout dernier sous-sol du bateau: le sol est mouillé, et les mur sont humides. J'ai un mauvais pressentiment... J'arrive à la fin du couloir, et tourne la roue permettant d'ouvrir la porte devant moi: elle s'ouvre avec un grincement, et l'eau libérée se déverse dans le couloir. Épouvanté, je passe la porte, et elle se referme derrière moi dans le même grincement strident. Je remarque que l'eau m'arrive aux chevilles, et traverse le hangar gigantesque, rempli de voiture et de toutes sortes de véhicules. Ces voitures devaient appartenir aux passagers... je pense un instant.
Mais ce que t'es bête, Léo, personne n'a été passager ici ! C'est un décor !
J'avance de plus en plus difficilement dans l'eau: elle m'arrive maintenant aux genoux:
- Assou !!! Jo !! je hurle en mettant mes mains en porte voix.
Cette partie du hangar n'est pas éclairée, et je plisse les yeux pour tenter d'apercevoir quelque chose entre les voitures, et les remous de l'eau. "Je n'ai rien pour me protéger de la pluie... Mais je profite encore plus du soleil... ".... "tes amis vont bientôt me rejoindre..." cette dernière phrase, je l'ai comprise... Il y a un trou dans la coque du bateau, et l'eau passe par là pour nous noyer si on reste dans les sous sols. Mais c'est super tout ça !! NOUS sommes dans les sous sols ! Je ne pouvais pas espérer mieux ! Je hurle à nouveaux les noms de mes coéquipiers, quand un cri étouffé me fais tourner la tête vers la droite. Presque 40 voitures étaient garées là d'où le bruit semblait être parti, et je me dirige vers elles, en levant encore plus les genoux que tout à l'heure: le niveau d'eau monte, et à une vitesse alarmante ! Je me faufile entre les voitures de tout les gabarits.. Mais justement ! La partie de l'énigme, " je n'ai rien pour me protéger de la pluie, mais je profite encore plus du soleil...", c'est un indice ! Assou et Jo sont dans une voiture! A moi de trouver laquelle... Dans l'obscurité, je me cogne à un rétroviseur de voiture, et tombe à la renverse avec un gros SPLASHHHH bien bruyant ! La combinaison collant à ma peau, je me sens serré et aussi bien que dans un jean moulant en caoutchouc ! Mais je n'ai pas le temps de plaisanter: quelle voiture ne peux être protégée de la pluie ...?
Je place la main sur une portière sans fenêtre: une décapotable! Mais oui !
- Jo !!!! Assou !! Faites du bruit, je suis prêt de vous !!
J'ai à peine fini ma phrase qu'un klaxon de voiture me fait sursauter : je saute (plus que je ne cours, parce que courir dans l'eau qui vous arrive au haut des cuisses, je vous assure que c'est compliqué !) vers le bruit, tout en me cognant à tout ce qui est sur mon chemin, et arrive devant une voiture décapotable, (je ne m'étais pas trompé!) où Jo se tordait dans tout les sens pour se libérer. Je grimpe dans le véhicule, et arrache les cordes solides qui la maintenaient. Je met plus de temps pour enlever celles qui l'attachaient au volant, mais je parviens à finir ma tâche en quelque minutes pendant lesquelles elle me supplie à travers son bâillon d'aller trouver Assou. A peine libérée, elle me saute au cou,et je la serre le plus fort possible. J'ai eu peur, peur de ne plus la voir, de la laisser se noyer pendant que je cherchais la solution... Je me détache doucement d'elle, et plonge mes yeux dans les siens, soudain sérieux:
- Souviens-toi, Jo, qu'ont-ils fait d'Assou ? Où est ce qu'ils l'ont mis ?
Elle baisse la tête:
- Je n'ai rien entendu... Ils nous ont endormis, et je venais à peine de me réveiller quand j'ai été placée dans cette voiture... Ho, Léo, je suis vraiment désolée! Je ne sais pas du tout où il est !
Elle fond en larmes devant moi, et je reste bouche bée.
- Va m'attendre devant la grande porte! Si je ne reviens pas, échappe toi, et dis aux créateurs que je t'ai sauvé, mais que je suis mort. Ils sont obligés de te laisser continuer!
-  Je refuse de te laisser. J'ai eu peur de ne plus vous revoir, de mourir en t'attendant désespérément, et que tu ne me trouves pas, et qu'à force de me chercher, le désespoir ait raison de toi... A ces mots, elle se lève, saute au dessus la portière pour atterrir dans l'eau avec un cri de surprise:
 - L'eau est si haute ?! On doit faire vite, la brèche dans la coque du bateau est faite exprès pour faire entrer de plus en plus vite l'eau... C'est la seule chose que j'ai entendue de la conversation des tireurs!
Nous nous mettons d'accord pour prendre chacun une partie du hangar pour y chercher Assou, et je pars vers le fond tandis que Jo s'occupe de chercher dans la partie éclairée. Je regarde partout, de plus en plus oppressé par l'eau qui monte... Elle m'arrive aux hanches, et m'arrivera bientôt au nombril... Trouver Assou devient plus qu'urgent !
La peur d'échouer double mes capacités de réussir: je m'habitue à marcher dans l'eau, et parviens à aller plus vite. Je pose alors les yeux sur le mur en face de moi, et remarque avec stupeur un corps attaché en hauteur par les poignets et les chevilles, collé au mur, immobile:
Assou.



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