Ma dernière vraie nuit...

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Cela fait maintenant deux heures que je suis couché, mais impossible de dormir. Les cris de la fille rousse résonnent dans ma tête, et le rire de l'homme en gris quand il nous a laissé partir de l'auditorium me fait encore frissonner. Je me risque au dehors de mon lit, attrape une paire de chaussure et sort de la chambre à pas de loup.  Je ne prends pas le risque de réveiller Assou !
Je crains la colère du géant noir,  si il est réveillé alors qu'il dormait bien, et vu sa musculature  de titan, je préfère garder la tête sur les épaules, et pas dans ses mains! Je marche lentement dans le couloir, en prenant de grandes bouffées d'air frais lorsqu'une  conversation étrange parvient à mes oreilles:
- Bon, le premier qui se dégonfle, vous le  tuez. Pas la peine de lui laisser une chance, je ne veux pas de tapettes dans ce jeu. C'est clair ?
Je reconnais la voix de l'homme en gris. Trois soldats répondent l'affirmatif en chœur.
Je  me colle au mur et, au risque de prendre cher s'ils me découvrent, j'avance un peu plus vers l'encadrement de la porte ouverte, derrière laquelle parlaient les quatre hommes. J'entends des pas derrière moi, et paniqué à l'idée qu'un gardien me trouve, je fonce dans une pièce ouverte et vide proche de celle des quatre hommes, et me cache à l'intérieur.
- Bonsoir messieurs, je me nomme Angus Bartovsky, et j'aimerais vous demandez de me retirer du concours. Ma petite amie vient d'avoir un accident, et j'aimerais rentrer au plus vite pour être à son chevet quand elle se réveillera. commence alors une voix de jeune homme un peu tremblotante.
- C'est fort dommage, mais si vous y tenez tant, parlons-en ... Réponds l'homme en gris.
Je jette un coup d'œil vers le bureau et le candidat, mais n'arrive à voir que la porte qui se ferme.  Je sors de ma planque, et passe rapidement devant le bureau pour ne pas me retrouver devant les soldats s'ils venaient à ouvrir la porte, en repensant aux paroles de l'homme en gris quand un cri de surprise et une détonation se font entendre. Je sursaute violemment: un coup de feu, c'est un coup de feu ! Je plaque ma main sur ma bouche pour étouffer un cri. J'entends encore les voix, et parviens à saisir quelques bribes des paroles de  l'homme en gris  qui suivent le coup de feu:
- Virez-le de mon bureau. Mettez le loin, histoire qu'on ne le retrouve pas. Voilà ce qui arrive, mon petit bonhomme, quand on se dégonfle! Aller, dehors !
Ils sortent, ils sortent !  Léo, ne reste pas là !   Avant qu'ils ne puissent me voir, je prends mes jambes à mon cou, et galope à fond de train jusque devant ma porte de chambre, que j'ouvre à la volée. Les cheveux en bataille, essoufflé, horrifié de ce que je viens de voir, je referme la porte le plus doucement possible, en tremblant comme une feuille, et me laisse tomber sur un lit, les mains dans mes cheveux, en gémissant. Manque de bol, c'est sur le lit d'Assou que je me suis assis, et il se relève d'un bond, en se cognant aux lattes du lit du dessus. En pestant et en se massant le crâne, il tourne la tête vers moi, et braque sa lampe de chevet qu'il allume sur moi.
- Léo ?! mais qu'est-c' tu fous ? Il doit être minuit là, et t'es assis sur mon lit comme si t'étais le p'tit Jésus ! T'es tombé du lit ou quoi ?!
Je le regarde, les yeux hagards, et bafouille :
- Assou, ils l'ont tués... Ils doivent nous tuer. Le premier qui se dégonfle va mourir... An-Angus... Ils l'ont tués, alors qu'il voulait juste rentrer chez lui... Je  me recroqueville sur le lit, et Assou s'assied près de moi:
- Léo, t'as rêvé. Personne ne va mourir, c'est pas Hunger Games ici !
Je me tourne vers lui, et, entendant des pas, éteint la lampe.
- J'étais dehors, Assou. Je suis sorti  prendre l'air dans les couloirs, et je l'ai vu !je murmure à l'oreille du géant.
Un groupe d'homme passe devant la porte, et je comprends que les soldats partent pour jeter Angus quelque part.
- Ce sont eux ... Je l'ai vu Assou, je les ais entendus. Ils sont là pour tuer, et nous, nous sommes les cibles...!  je panique.
Assou m'attrape par les épaules, et se lève pour m'accrocher à l'échelle:
- Va dormir, petite souris, tu es en train de cauchemarder, et moi, je vais dormir debout demain si tu ne me laisse pas me recoucher!
- Ne plaisante pas, je sais ce que j'ai vu !! La fille avait raison, on va tous mourir !
Il me pousse  jusque dans mon lit, et étends la couverture sur moi.
- Tu ne vas pas m'obliger à te chanter une berceuse ?! plaisante-t-il en posant la main sur mon épaule. Ayant un peu repris mes esprits, je repousse Assou, et me tournes dans mon lit. Je l'entends se recoucher, et plonge le nez dans mes draps.
Mais pourquoi je suis ici moi ?!

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