- Allez, on a pas le choix, on y va.
Les rôles s'inversent: alors que tout à l'heure, Jo était réticente au niveau de la corde, c'est à mon tour de me dégonfler. Mais je la regarde, pétrifié à l'idée de la perde maintenant, incapable de bouger d'où je suis, à croire que je prends progressivement racine !
Elle attend que le plus gros rouleau s'éloigne, et saute au dessus du premier rouleau au sol, puis du second. Je me secoue:
Léo, c'est pas le moment de te décourager! Aller, fonce !
Je cours jusqu'au premier, saute au dessus, et vois arriver le gros. La douleur des brûlures me reprends soudain, et je pousse un cri de douleur mélangé à de la surprise. Jo et moi réagissons en même temps: nous nous aplatissons au sol, sur le ventre, entre nos deux rouleaux pointus qui tournent trop rapidement à mon goût, moi, qui ai le nez à quelque centimètres de celui-de gauche. Je tremble de toutes parts quand le gros rouleau se rapproche, se rapproche...
- Jo, on va finir diminués de vingt centimètres ! je gémis, en sueur, en entendant le cliquetis de pics qui s'entrechoquent. Ce truc, c'est pire que de regarder les Dents de la mer !!
- Léo, ne t'occupe pas du rouleau! Dès qu'il est passé, tu te lèves et tu cours ! m'ordonne Jo, derrière le rouleau à ma droite.
Je ne bouge pas, j'ai peur qu'en tremblant, mon corps dépasse de trop, et-couic- !
Le rouleau passe alors sur nous, et je ferme les yeux le plus fort possible.
A peine est-il passé que Jo me hurle:
- Léo, aller ! Lève toi !
Elle ne me le dit pas deux fois: je bondis sur mes pieds, ignorant ma jambe qui paraissait prendre feu, et finis ma course d'obstacle à quatrième vitesse. J'arrive sur la plateforme de sécurité, me plie en deux pour souffler quand je remarque que Jo n'est pas à mes cotés. Je me redresse d'un bond. Tout se fige quand je la vois, escalader le mur, en équilibre au dessus des rouleaux meurtriers, essayant de coller sa carte à la cible minuscule au dessus du rail.
- Jo !!! Tu nous a dit que t'as aucun équilibre ! Descend, tu vas te faire hacher !!
La terreur s'empare de moi. Chaque pas qu'elle fait vers la cible la rapproche un peu plus du rouleau gigantesque qui est en train de revenir !
Je bondis, me place entre deux rouleaux, en dessous d'elle, et lui agrippe un pied avec ma main gauche pour l'aider à se projeter un peu plus vers la cible.
- Ne t'occupes pas de moi ! souffle-t-elle, rouge d'effort, il y a une grosse cible entre le quatrième et le cinquième rouleau ! Vas-y !
- Pas sans te savoir à l'abri. Je réplique d'un ton sec.
Je la vois sourire, mais ne fais aucun commentaires. Je tourne les yeux vers le rouleau, qui doit maintenant être à cinq mètres de nous à peu près.
- Léo, ta carte ! Envoie, la mienne, c'est bon !
Je fouille fébrilement dans ma poche, avec mon bras blessé qui me fait encore souffrir, et en sors ma carte, que je donne à Jo, en la lâchant presque dans mon empressement. Je sens des étincelles me tomber dessus, signe que la mort n'est pas loin de nous. Jo saute contre moi, et nous nous regardons un instant, les yeux dans les yeux.
Je murmure un "pas le temps !" sans être sûr qu'elle en comprenne le sens, et m'élance vers la grosse cible, sur laquelle n'était pas encore passé le rouleau. J'y colle ma carte, Jo me rejoint pour y claquer la sienne, et nous nous élançons vers la sortie. Je saute au dessus des pics mouvants quand Jo hurle, et je me retourne d'un bond, en grand écart au dessus d'un obstacle tranchant: elle n'a pas sauté assez haut, et son tibia gauche est déchiqueté, et couvre d'un sang vermeil le rouleau sur lequel elle s'est accrochée. Heureusement, elle s'était relevée avant que sa tête ne rencontre le rouleau devant elle. J'accours vers elle, et passe son bras droit derrière mon cou. Mais sauter au dessus d'un rouleau avec elle, c'est bien plus compliqué, et le gros derrière se rapproche bien trop vite pour que nous puissions nous en sortir tout les deux...
Jo semble le comprendre, et me regarde de ses grands yeux bleus:
- Vas-y... Sauve-toi...
Je secoue la tête:
- Non, j'ai une autre idée... Monte sur mon dos, puis sur mes épaules. Je te porte, et dès que je suis près du promontoire, je te lancerais, d'accord ?
Elle acquisse, et nous avançons, après nous être assurés qu'elle tenait bien sur mon dos. Je vais jusqu'au mur, et pose mon pied sur un bout de fer qui en sortait. En prenant mon élan, je me projette au dessus des pics, et trébuche, avant de me reprendre. Encore deux rouleaux, et le gros est à trois mètres de nous. Mais il n'y a plus de prises sur le mur, et Jo se tortille sur mon dos, pour que je la fasse descendre:
-Je vais y arriver, ne t'en fais pas. murmure-t-elle avec une grimace de douleur lorsqu'elle pose le pied sur le sol.
Elle prend son élan, et saute au dessus du premier, se plie en deux en gémissant, puis saute au dessus du second, pour tomber à genoux sur l'espace sécurisé. Je la rejoins, et la prends dans mes bras. Une nouvelle porte s'ouvre, et nous marchons dans le couloir quand une voix retentit:
- Jo!! Léo !! De mon coté, c'est fini !
Assou nous rejoint, et voyant que je peine à porter Jo en raison de mes brûlures à la jambe,
il l'attrape dans ses grands bras musclés, et je remarque une fléchette piquée dans son flanc droit. Il capte mon regard surpris, et me demande de l'enlever.
- C'est quoi ça ?
- Une fléchette anesthésiante...J'en ai reçu quatre... Là, je ne sens plus mon mollet droit, le coté gauche de mon dos, ma main droite, et du coup, mon ventre. Pratique pour ne pas ressentir la faim ! plaisante Assou, en marchant à mes cotés jusqu'au prochain parcours.
- Mais c'est dingue ça! s'exclame Jo, en grimaçant quand son pied abimé frotte contre un grillage, tu ne ressens rien, toi ! On dirait un touriste !
Je rie:
- Moi, à ta place, avec quatre fléchettes anesthésiantes qui me piquent, je serais par terre, et tu ne verrais pas la différence entre moi et un Flambie !
Nous marchons encore un peu, quand nous arrivons devant une porte gigantesque par rapport aux autres:
- Heu... c'est la suite de l'épreuve, ça ? questionne Jo, qui n'a pas l'air très convaincue.
J'attrape la roue permettant d'ouvrir la porte, et nous restons interdits en voyant ce qu'il y a derrière: un parcours géant ... remplis de tous les concurrents arrivés avant nous. L'arène est emplie de cris, de hurlements de douleur...
- Ce qu'on vient de faire n'était qu'un échauffement... je souffle. La véritable épreuve, c'est avec tout le monde. Et là, on a visiblement le droit de tuer pour prendre les points...
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La boîte
General FictionJe pensais que c'était une sorte de concours. Jamais je n'aurais cru que ça allait se passer comme ça. Je ne connais personne. Et personne ne me connait. De toutes façons, qu'est-ce que cela peut faire ?! A la fin, il n'y aura plus personne.