Alors qu'elle luttait contre sa colère latente dirigée contre elle-même, après sa nouvelle défaite de miroir, Ophélie se retrouvait en plein coeur de cet endroit qui représentait tant pour elle. Elle avait gardé un souvenir émerveillé des différents spectacles de la Caravane du Carnaval auxquels elle avait pu assister à Anima, lorsqu'elle était enfant. Mais la seconde fois qu'elle croisa son chemin la marqua d'une bien autre façon. Accompagnée de son petit frère Hector et son ami et garde du corps Renard, ce jour-là, aux Sables-d'Opale, elle avait rencontré par hasard Thorn qui procédait à une de ses inspections d'intendant.
C'était là où elle avait pris conscience du tourbillon d'émotions que ce grand énergumène taciturne et acariâtre provoquait en elle. Là qu'elle avait compris la place qu'il occupait dans son cœur.
C'était aussi durant cette escapade qu'elle avait approché l'Autre, dont l'identité était cachée sous l'apparence d'un mille-faces. Le numéro préféré d'Hector.
En fin de compte, cet endroit représentait le point de départ de leur épopée, à Thorn et elle. Ensemble.
Et voilà qu'après avoir réussi à sauver le monde, chacun de part et d'autre de celui-ci, ils n'étaient plus autorisés à l'être, ensemble, séparés par toute une dimension.
Depuis plusieurs semaines, Ophélie était obsédée par son unique objectif : retrouver la seule personne qui la faisait se sentir complète. Elle en avait traversés, des miroirs. Il en restait peu à Babel qui ne connaissait pas son reflet. Elle avait eu beau se concentrer, tenter de se vider de la moindre pensée, ou au contraire s'accrocher de toute son âme à l'image de Thorn. Rien n'y faisait, l'Envers lui était devenu totalement imperméable.
En fait, ce miroir qui venait de la recracher était sa dernière piste. Avant de le traverser, elle avait décidé que ce serait son ultime essai sur Babel. Elle allait maintenant devoir changer de stratégie.
Oui, elle avait échoué une fois de plus à accéder à l'Entre-Deux, ce non-lieu qui séparait son monde, l'Endroit, de celui dans lequel Thorn était enfermé, l'Envers.
Les estrades de la Caravane se succédaient. Mais la plupart des circassiens étaient occupés à les démonter. Il restait cependant quelques stands en plein spectacle. Ici, des balles en apesanteur effectuaient une chorégraphie complexe au dessus d'un jongleur au sourire hypnotique, là, une sorte de concours de poids mouvants avaient lieu et des dresseurs d'animaux étranges rameutaient quelques badauds curieux.
Mais la rue était presque déserte. Ophélie fut d'ailleurs étonnée que la Caravane continue son épopée d'arche en arche au vu des circonstances. Enfin... Si l'on pouvait toujours parler d'arche...
Le monde avait beau être "recollé", les morceaux qui avaient été plongés dans l'Envers en même temps qu'Eulalie Dilleux au moment de la Déchirure s'embriquant parfaitement à ceux du monde qu'Ophélie avait toujours connu, tout était à reconstruire.
On peut dire que cette nouvelle réalité était animée d'une sacrée pagaille. Les descendants des Esprits de Famille devaient cohabiter avec les "nouveaux" habitants provenant de ces terres anciennes, même si ceux-ci se faisaient de moins en moins nombreux... Beaucoup mourraient sans raison apparente. Le peu d'autorité qu'il restait à Babel avait même ordonné à tous de se confiner chez eux lorsque les premiers morts apparurent, gisant en pleine rue.
Mais, très vite, on s'était rendu compte que seuls les habitants des terres anciennes étaient touchés. Aucune explication n'avait été trouvée. Certains pensaient que le cours du temps reprenait ce qu'on lui devait depuis bien trop de siècles. D'autres scientifiques théorisaient sur le fait que les conditions de vie avait trop évolué pour que les "anciens" arrivent à survivre. L'air, l'alimentation, le mode de vie avaient tellement changé que les corps habitués à d'autres conditions ne tenaient pas le coup. Il restait cependant des résistants, mais la vie pour eux semblait compliquée dans un monde où ils ne pouvaient même pas communiquer.
Mais ces anciens-nouveaux habitants n'étaient pas le seul changement que la réunion des terres avait engendré. Les frontières se retrouvaient totalement flouées. Et enfin, l'état diminué des Esprits de Famille n'aidait pas non plus à maintenir la paix et l'ordre, notamment parmi les anciens dirigeants, comme ici les Lords de Lux.
Mais cela permettait à Ophélie de passer inaperçue dans toute cette cohue, où les codes étaient totalement oubliés, ne correspondant plus à ce nouveau monde qui était en train de se dessiner. Elle pouvait mener sa propre enquête sans que personne ne l'ennuie. Elle pouvait visiter des endroits auparavant interdits laissés totalement à l'abandon.
Ca ne l'empêchait pas d'être inquiète, évidemment. Elle entendait dire, ça et là, que des conflits plus ou moins importants avaient lieux sur certaines arches. Égoïstement, elle espérait surtout que tout allait bien sur Anima. Et au Pôle.
Tandis qu'elle avançait vers la fanfare, perdue dans ses pensées, Ophélie repéra une silhouette familière. Après un temps d'hésitation, elle décida de s'avancer vers elle.
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Mais qui peut bien être cette "silhouette familière"... ? Une idée ?
La suite ce week-end les loulous, j'espère que vous appréciez jusque-là 😘
Big up à A Fanart's Promise qui m'a motivée à me lancer dans cette histoire ❤
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Les Oubliés de la Brume
FanfictionFanfiction de la saga La Passe-Miroir. ATTENTION : cette fanfic est une suite du tome 4 de la Passe-Miroir. Si vous n'avez pas lu la saga jusqu'au bout, mieux vaut passer votre chemin sur cette histoire pour l'instant. C'est le big spoil assuré ! (M...