CHAPTER THIRTY FOUR

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Une heure après je frappais à la porte d'Harry, la boule au ventre. Andrea vint m'ouvrir et me serra dans ses bras.

-Je suis contente de te voir ma fille, viens entre.

Elle me poussa vers l'intérieur et prit mes affaires qu'elle déposa sur le porte manteaux tandis que je regardais autour de moi en cherchant Harry.

-Il n'est pas là. M'interrompit Andrea, un léger sourire aux lèvres. Il nous rejoindra pour le dîner, il avait du travail.

Je hocha la tête en souriant. Andréa était pour moi ce qui se rapprochait le plus d'une marraine bonne fée. Elle lisait en moi et avait toujours le mot qu'il fallait. J'étais heureuse de l'avoir rencontrée.

-Donc, osso bucco, tu en as déjà fais ? Me demanda-t-elle en m'invitant à la suivre en cuisine.

Elle me passa un tablier que j'enfila.

-Oui, j'en faisait souvent autrefois avec ma nonna.

Andréa me regarda avec un sourire attendrit.

-Je suis heureuse qu'on fasse ça, il y a des années que je n'ai pas cuisiné avec quelqu'un.

On commença à préparer les ingrédients sur le plan de travail.

-Est-ce que je peux me permettre de te poser une question ? Lui demandais-je en la regardant.

-Oui bien sûr.

Elle commença à fariner la viande pendant que j'éminçais les oignons.

-As-tu des enfants ?

Elle hocha négativement la tête.

-Malheureusement non. J'ai découvert il y a des années que j'étais stérile, mon mari et moi n'avions pas les moyens d'adopter. J'ai toujours travailler pour la famille d'Harry, et quand mon époux est décédé, je me suis consacrée à m'occuper de ce jeune garçon, il est comme mon fils.

-C'était après le décès de son père ?

Je commença à faire fondre du beurre pour y faire revenir la viande et les oignons.

-C'est ça. Sa mère n'étais jamais là, encore aujourd'hui elle est quelque part entrain de boire et personne ne sait où. C'est triste pour Harry. Je l'ai connu, il portait encore des couches.

Je souris en imaginant Harry bébé. J'ajouta le jus de tomates à ma préparation et mélangea doucement tout en assaisonnant.

-Comment était-il plus jeune ? Demandais-je alors.

-Et bien, enfant il était très actif, et voulait déjà tout diriger, c'était lui le chef comme il aimait tant le dire. Adolescent, il était très studieux, toujours à vouloir être le meilleur et avoir les meilleurs résultats, ce qu'il arrivait à faire d'ailleurs. Il passait beaucoup de temps à étudier et ne sortait pas beaucoup, en faite, je ne me souviens pas l'avoir déjà vu avec des amis, il a toujours été le garçon solitaire qu'il est aujourd'hui.

Je hocha la tête en l'écoutant attentivement. Si je voulais en savoir plus sur Harry il fallait que je demande à Andrea, puisqu'il n'était pas du genre à me parler de lui de lui-même. J'ajouta le vin blanc à ma préparation non sans une légère envie d'en boire.

-Quand il est entré à l'université, nous avons un peu perdu contact, du fait qu'il ne rentrait plus. Je m'occupais de la maison familiale puisque personne n'était là pour le faire, sa sœur était déjà partie à l'étranger pour ses études. Puis il a créer son entreprise très jeune, a construit sa fortune, et m'a demandé de revenir travailler officiellement pour lui. La maison a été vendue. Depuis, je ne l'ai jamais quitté.

J'ajouta du paprika à ma préparation et puisqu'il fallait la laisser reposer une heure, Andréa m'invita à boire un verre sur la terrasse. Je m'installa sur une chaise pour siroter ma boisson, profitant ainsi des derniers rayons de soleil.

-Dis, je ne sais pas ce qu'il y a réellement entre Harry et toi, mais en tout cas j'ai pu voir un vrai changement chez lui, en bien. Il sort et voit du monde, il sourit, il chantonne, ça faisait longtemps que je n'avais pas entendu sa belle voix. Il est moins renfermé aussi et se concentre sur autre chose que seulement son travail, honnêtement je ne pensais pas que ça pourrait arriver un jour, mais tu as une vraie bonne influence sur lui, il est heureux et ça faisait des années que je ne l'avait pas vu comme ça. Alors quoi que ce soit, ne le gâchez pas.

Je regarda la vielle femme sans pouvoir dire un mot. Penser que j'avais une telle influence sur Harry me laissait perplexe, je ne pouvais pas me dire que j'étais assez importante dans vie pour le faire changer de n'importe quelle façon. Certes, son comportement vis à vis de moi n'était plus le même qu'au début, le Harry strict et lunatique avait disparu, et j'avais appris à apprécier un Harry calme, attentionné, à l'écoute et avec pleins d'autres qualités qui m'avait fait ressentir ce que je ressens pour lui aujourd'hui, mais me dire qu'il avait changé à cause ou grâce à moi, je n'y arrivais pas.

-Je crois que pourtant il faudra y mettre fin pour notre bien à tous les deux... Soupirais-je en baissant la tête.

-Je n'y crois pas. Tu as l'air malheureuse rien qu'en me le disant donc si vous le faisiez vraiment je n'imagine pas. As-tu peser le pour et le contre ? Dans chaque relation quelle qu'elle soit il y a des points positifs et négatifs. Si les négatifs sont trop nombreux et insurmontables, alors partir et la meilleure solution. Sinon, pourquoi s'infliger cette peine alors que le positif l'emporte ?

-Je ne sais pas, je pense juste que je suis la seule à ressentir des choses qu'il ne partagera jamais, il m'avait prévenue, et je ne veux pas souffrir.

-Qui t'as dit qu'il ne les ressentaient pas aussi ? Les gens changes, et Harry a changé. Parles-en au moins avec lui avant de prendre des conclusions hâtives et de vous rendre malheureux tous les deux. Je n'ai jamais connus Harry comme ça avec une femme, le simple fait de te faire venir chez lui est un exploit, aucunes femmes n'a passé une nuit ici, ni n'est revenue.

Je savais qu'elle avait raison et qu'il fallait que je lui parle, seulement je ne savais pas si j'allais réussir à lui parler de mes sentiments, cette pensée m'effrayait. J'avais peur d'être ridicule, peur qu'il me prenne pour une de ses nombreuses idiotes qui ont été à ma place avant et avec qui il jouait, et peur de perdre la complicité que l'on avait, car même si ça n'allait pas plus loin entre nous, je tenais à garder son amitié. Mais le pourrais-je vraiment ? Cela voulait dire voir ses nouvelles conquêtes, et je ne savais pas si je pouvais le supporter. En aucun cas je ne voudrais la jouer "ex" envahissante.

Après une petite heure à discuter, on entra mettre la table et terminer de préparer le dîner puis Andrea s'en alla me laissant seule, je ne savais pas où était Harry.

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