L'ombre de nos vies

Chapitre 8

NATHAN

Il reste trente minutes avant que ne retentisse la sonnerie annonçant la reprise des cours. Je suis en train de terminer de faire le devoir que j'ai à rendre cet après-midi. À côté de moi, Heather fait tout pour me distraire, jouant de ses charmes et m'embrassant un peu partout pour essayer de me faire perdre ma concentration.

Je soupire et détourne mon regard de ma feuille, avant d'approcher mon visage d'Heather, la regardant avec intensité. Ses lèvres, ornées d'un rouge à lèvres pétant qu'elle a sûrement déjà badigeonné sur tout mon visage, s'étirent en un sourire malicieux. J'en esquisse un à mon tour et me rapproche encore. Elle reste stoïque, attendant avec une impatience non-dissimulée que je vienne sceller nos lèvres pour partir, comme à chaque fois, sur une danse endiablée de nos deux langues. Mon regard dévie sur sa bouche, et à quelques millimètres d'elle, je m'arrête subitement, la crispant légèrement au passage.

« Trésor... laisse-moi finir ça et ensuite je serai tout à toi, lui susurré-je. »

Elle hausse les sourcils de surprise et fait la moue. Je m'éloigne devant son petit regard de chien battu, l'observant avec satisfaction se résigner finalement. Je me replonge ensuite dans mon travail, avec sa présence brûlante de désir à côté de moi.

Heather est vraiment une très belle fille. Avec sa silhouette de mannequin et ses formes rendant le tout très séduisant, elle fait tourner la tête de pas mal de garçons dans le lycée. Nous avons commencé à parler à force de se croiser entre deux vestiaires l'année dernière. Je connais quelques-unes de ses coéquipières qui sont des filles que j'ai déjà eu l'occasion de... côtoyer on va dire. Quel euphémisme !

Il faut dire qu'il y a de très jolies filles dans l'équipe des cheerleaders. Et petit à petit, mon attention s'est portée sur Heather. Elle n'a jamais froid aux yeux et n'a pas honte de venir me voir alors que je suis en pleine discussion pour introduire sa langue dans ma bouche.

Ce comportement a le don de mettre beaucoup de personnes mal à l'aise et je trouve ça très amusant honnêtement. Au début, elle a essayé de jouer à la fille revêche, me repoussant pour ne pas passer pour une fille facile, mais elle a vite compris qu'avec moi, ce genre de choses ne marche pas. Nous sommes donc depuis quelques temps officiellement en couple. Par rapport à avant, il y a quand même un léger changement. Elle m'a l'air un brin plus possessive que ce que je pensais.

Perdant patience en me voyant toujours concentré sur mon devoir, elle lâche un dernier soupir et sort son portable. Pour avoir un peu plus de calme, nous nous sommes réfugiés dans un coin d'ombre du stade, là où personne ne vient jamais. À l'abri des regards curieux et des oreilles indiscrètes, c'est un peu devenu notre coin préféré.

Courbé sur ma feuille, ma main accélère la cadence d'écriture, pressée d'en finir enfin avec ce devoir si long. Mon téléphone vibre soudainement dans ma poche. Je le sors distraitement et m'arrête sur la notification affichée. Un message d'Emily. Perplexe, j'ouvre le message qu'elle vient de m'envoyer et tombe sur une photo d'elle, la bouche grande ouverte et les yeux écarquillés de façon exagérée pour mimer l'étonnement, pointant du doigt un petit moineau à côté d'elle. Sur l'image, elle est juste à côté d'un banc. Notre banc. Elle doit être en train de se promener dans le parc. En description, elle a écrit : « Sortie du jour : mon meilleur ami Piaf vient me voir !!! ».

Je souris pour moi-même, amusé de cette réaction plus que démesurée, et pianote rapidement sur mon écran pour répondre.

« Trouve-lui un autre nom, la supplié-je. »