Chapitre 17

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NATHAN

Quand j'entre dans la chambre, Emily est tranquillement plongée dans la lecture d'un livre d'au moins 500 pages qu'elle a l'air d'avoir bientôt fini. Quelques mèches brunes retombent doucement devant son visage, ce qui ne semble pas la déranger pour autant. Elle ne relève la tête vers moi que quand je me poste juste à côté de son lit. Ses yeux bleus étincelants à la lumière du jour se posent lentement sur moi et ses doigts referment délicatement le livre qu'elle tient entre ses mains. Je me retiens difficilement de sourire.

J'ai gagné toutes mes courses à la compétition, ce qui veut donc dire qu'Emily va suivre son traitement, comme elle me l'a promis. Elle n'a pas pu assister à ma victoire de vendredi à cause d'examens médicaux qu'elle devait absolument passer. Elle m'a envoyé un message pour me prévenir le jeudi soir, en s'excusant de ne pas pouvoir voir mon triomphe. Alors maintenant, j'ai enfin l'occasion de le lui annoncer.

« Alors, tu as gagné ou... tu as gagné ? lance-t-elle.

- J'ai lamentablement échoué..., soupiré-je faussement. »

Emily me fixe avec intensité.

« Je vois. La fenêtre est par là dans ce cas, réplique-t-elle en me la désignant sérieusement. »

Je hoche sombrement la tête, réprimant mon énorme sourire, et ouvre la fenêtre, laissant l'air légèrement frais s'engouffrer dans la pièce. Inspirant un grand coup, j'entrouvre les lèvres.

« J'AI GAGNÉ MERDE ! m'écrié-je à pleins poumons. »

Ma voix tonitruante se répercute tel un écho à l'extérieur et dans la pièce. Je me retourne avec un énorme sourire sur les lèvres pour découvrir Emily, pliée en deux sur son lit, rigolant à en perdre haleine devant ma joie irradiante. Son rire clair et sincère est le son le plus agréable que je puisse entendre à cet instant. Une aide-soignante passe alors devant la porte de la chambre et nous regarde avec sévérité.

« Calmez-vous un peu, ce n'est pas l'asile des fous ici, lance-t-elle durement avant de s'éloigner. »

Je bafouille quelques faibles excuses d'un air faussement coupable. Emily et moi nous échangeons ensuite un regard complice avant de rire à nouveau. Reprenant mon calme, je réalise une nouvelle fois ce qui s'est passé pendant ces deux jours de compétition.

« J'ai gagné..., répété-je ayant du mal à y croire moi-même.

- Oui, tu as gagné, souffle-t-elle doucement.

- Tu vas suivre ce traitement alors ?

- C'était notre accord, non ? »

J'acquiesce avec entrain, soulagé de l'apprendre. Emily me sourit comme une mère qui viendrait de donner son cadeau de Noël à un enfant, et c'est exactement ce que je ressens. Appuyé contre le lit et tourné vers la fenêtre, je ne peux m'empêcher de sourire bêtement. Les heures s'écoulent lentement, ponctuées par nos conversations sur tout et n'importe quoi. Je m'échappe un moment pour aller parler avec ses médecins de ce traitement. Ils y travaillent depuis un moment d'ailleurs et pensaient en parler à Emily maintenant.

Nous nous retrouvons tous dans la chambre à parler de ce nouveau traitement aux résultats prometteurs. Il est prévu qu'Emily soit suivie dans un centre médical suisse pendant deux semaines, soit la durée des vacances qui viennent. Ses parents vont être prévenus, mais je suis certain qu'ils seront d'accord.

Emily voudrait que je vienne, mais c'est plutôt le rôle de ses parents de l'accompagner. Elle partira la veille des vacances, ce qui veut dire qu'aujourd'hui est la dernière fois qu'on se voit avant trois semaines, étant donné que je pars mercredi à la montagne avec mon lycée et qu'elle ne revient pas avant la fin des vacances. Moi qui ai l'habitude de venir la voir plus souvent pendant ce genre de période, ça va me faire tout bizarre.

L'ombre de nos viesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant