Chapitre 11

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NATHAN

Je passe les portes de l'hôpital. L'odeur de désinfectant mélangée à celle des médicaments m'accueille. Je dis bonjour à la secrétaire qui me rend un sourire chaleureux quand je passe devant elle. Dans ces couloirs blancs qui se ressemblent tous, les toussotements de quelques malades me parviennent. Je me dirige ensuite vers l'ascenseur et avant que les portes ne s'ouvrent, je croise une vieille dame au crâne chauve, poussée dans un fauteuil roulant par une aide-soignante. Elle s'apprête à entrer dans une des chambres. Quand elle m'aperçoit, elle sourit.

« Sandrine, vous avez bonne mine aujourd'hui ! lancé-je. »

La vieille dame rigole.

« Quand de beaux jeunes hommes comme toi viennent ici, il faut bien que je me rende présentable, plaisante-t-elle. »

Je lui lance un clin d'œil qui la fait rougir de plaisir. L'infirmière la pousse ensuite à l'intérieur. J'entre dans l'ascenseur et monte jusqu'au troisième étage. Dans le couloir, la plupart des portes sont ouvertes. Je salue de temps en temps les patients en passant devant leurs chambres et m'arrête finalement à l'une des dernières portes tout au fond. Celle-ci est fermée : la 374. Ce chiffre que je connais par cœur après toutes ces années. Je pourrais retrouver sa chambre les yeux fermés. Un infirmier en sort justement.

« Ah Nathan bonjour, je viens de terminer tu peux entrer, me prévient-il. »

Je le remercie et attends qu'il disparaisse de mon champ de vision pour passer le pas de la porte. Le signal sonore répétitif de l'électrocardiogramme m'indique une activité cardiaque stable. Je souffle de soulagement et referme doucement la porte derrière moi. Elle n'a pas spécialement de problèmes au niveau du cœur, mais c'est toujours rassurant de savoir que de ce côté-là au moins, tout va bien. Il fait plutôt chaud dans la pièce, pourtant les rideaux sont complètement tirés. Des rayons de soleil forment une rai de lumière sur le sol juste en dessous de la fenêtre. La lumière des néons a été éteinte, alors il fait plutôt sombre.

Je fais quelques pas de plus dans la chambre et la vois enfin. Une perfusion longe son bras droit. Sa tête repose sur un oreiller. Elle dort paisiblement et porte la même robe de chambre fournie par l'hôpital que d'habitude. Ses bras frêles sont à découvert et de longues mèches brunes tombent devant ses yeux. Je m'avance silencieusement sur le côté du lit et approche ma main. Je dégage ensuite délicatement son visage. Elle bouge légèrement la tête et ouvre lentement les yeux. Son visage s'éclaire quand elle me voit, malgré la grande fatigue qui se lit dans ses yeux.

« Nathan ? lance-t-elle d'une voix faible et ensommeillée. »

J'esquisse un sourire et glisse ma main jusqu'à sa joue, la caressant du bout du pouce.

« Bien dormi ? demandé-je doucement.

- Comme un bébé, plaisante-t-elle. »

J'attrape une chaise posée à côté et la rapproche du lit. J'enlève ensuite ma veste sous son regard attentif. Alors que je m'apprête à m'asseoir, elle m'arrête.

« Viens t'allonger à côté de moi, souffle-t-elle. »

Je lâche un petit rire.

« Je ne suis pas sûr que ce soit très recommandé.

- Tu l'as déjà fait pourtant, déclare-t-elle.

- Emily... on avait douze ans à l'époque.

- Cinq ou six ans de plus... qu'est-ce que ça change ?

- Beaucoup de choses, rigolé-je. »

L'ombre de nos viesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant