Laisse moi partir 1

1. Le début de la fin

-• Jasmine •-

D'une main habile, je fis un trait mauve sur ma paupière. Mes cheveux maintenant frisés encadraient mon visage à la perfection. Je me regardais dans le miroir. Ce soir, je sortais dans une nouvelle boîte de nuit. C'est la soirée d'ouverture et je m'attends à voir beaucoup de gens ce soir. Je dois être la plus belle. Ma robe noire me colle au corps sans être trop vulgaire, et mes talons mauves brillent à chacun de mes pas. Je suis enfin prête.

J'attendais patiemment mes amies devant la porte de mon appartement. Du haut de mes 22 ans, je pouvais dire que j'avais ma vie en main. Je travaille pour un magazine connu, j'ai ma voiture et mon appartement, et je cuisine. On ne peut demander mieux à vrai dire.

Le SUV bleu nuit de Pat s'arrête devant moi, et j'y entre en criant pour les mettre dans l'ambiance avec moi. Ça marche à tout coup. Les cris stridents de Kim et Ashley retentissent dans mes oreilles aussitôt. Pat n'a jamais voulu entrer dans notre délire mais bon, qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse.

- Prêtes à vous bourrer la gueule? Je leur lance.

Je sais qu'elles vont me dire oui comme à chaque vendredi soir, mais j'aime bien créer des rituels de soirée.

- Tu parles que je suis prête! Je suis déjà à mi-chemin! Dit Ashley.

- Tu sais bien que c'est moi qui conduit j'ai pas besoin de te répondre. Rit Pat.

Comme je m'y attendais, Kim est trop éméchée pour me répondre, ce qui me vaut un rire discret. Ces filles sont trop prévisibles.

Après une dizaine de minutes à traverser la ville illuminée de New York, nous arrivons à la boîte de nuit en question. En voyant la lignée de gens qui attendent devant la porte, je me dis qu'on entrera jamais à l'intérieur.

- Venez les femmes! S'écrit Kim.

On se dirige vers la porte, dépassant les personnes déjà présentes. En les entendant râler dans notre dos, je souris. Un billet de 100 dollars et quelques flatteries plus tard, le gardien nous laisse entrer. Je me retourne vers les râleurs et leur fais un clin d'oeil, fière de notre petit tour de magie.

À l'intérieur, les lumières de différentes couleurs nous mettent tout de suite dans l'ambiance, et les nombreux corps se trémoussant sur la piste de danse prouvent que ça valait la peine de venir ici. La musique populaire du moment résonne dans nos oreilles à un volume assourdissant, si bien qu'on ne s'entend pas parler.

Partant directement en direction du bar, je tente de repérer des proies potentielles pour ce soir. Sirotant ma boisson, je remarque le carré VIP, où plusieurs mecs sont installés. Un en particulier attire mon regard. Grand, athlétique, blond, comme je les aime.

Le temps passe et plus la soirée avance, plus les baisers s'enchaînent. L'alcool dans mon sang me donne envie de faire des choses stupides, comme me rendre dans le carré VIP pour atteindre le beau blond.

Sans réfléchir, je monte les marches menant à ma proie. Le garde de sécurité ne veut pas me laisser passer, mais un regard de chien battu réussit facilement à le faire changer d'avis. Je pousse fièrement le rideau qui me sépare du beau blond. À peine entrée, je me rends compte que je n'aurais jamais dû poser un pied dans ce foutu carré.

Un coin caché du reste de la boîte contient une table remplie d'armes, d'herbe, de poudre et de pilules de toutes sortes. Je crois sentir mes jambes faiblir. J'aime le danger, mais pas le danger comme celui-ci. D'ailleurs, le blond est moins beau de près qu'il ne l'était d'en bas.

Je pense quelques secondes à m'éclipser discrètement, mais ma période d'hésitation a permis aux huit mecs assis dans les sofas de me remarquer. Je sens petit à petit ma confiance quitter mon corps pour se disperser aux quatre coins du monde. Malgré moi, une boule se forme dans ma gorge tandis que je tente d'esquisser un sourire gêné.

Tentant quand même de partir, je pose ma main sur le rideau. C'était à prévoir, une main glacée empoigne ma main avec force.

- Où tu vas ma jolie? Tu veux pas dire bonjour? Chuchote l'homme à mon oreille.

Me retournant, je croise le blond. Réfléchis Jasmine, enjôleuse ou sauvageonne? Sauvageonne. On y va.

- On peut se dire bonjour dans les toilettes si tu veux. Lui chuchotais-je sur le même ton.

C'est bête, mais je crois qu'être enjôleuse me permettra de sortir et qu'être une petite garce me garantit une visite à la morgue.

Il me fait un clin d'oeil et parle avec le reste du groupe dans une langue qui m'est inconnue.

Marchant dans les couloirs de la boîte, je me réprimande pour avoir fait une telle connerie. Maintenant, j'ai une chance sur deux de retourner chez moi ce soir. Au cas où vous n'aviez pas compris, je dis que je vais possiblement me faire tuer dans ces toilettes.

Quelqu'un m'agrippe le bras, stoppant le blond dans sa course jusqu'aux toilettes. Dieu merci quelqu'un pour me sauver.

- Ça fait des heures que je te cherche partout t'étais où merde! Gronde Pat.

Faisant les gros yeux, je me lance dans une explication.

- Donc, j'ai vu une lumière rouge, j'avais un cocktail rouge, et maintenant ce gars il a un chandail rouge. J'ai été le pêcher dans le coin VIP en fait.

Ma phrase bidon est en réalité un code, le mot « rouge » répété trois fois est un indice que quelque chose ne va pas et que j'ai besoin d'aide.

Pat ouvre la bouche en grand et allait parler, quand un coup de feu part de je ne sait où pour se loger dans sa tête. Je vois son corps sans vie tomber au sol. Les gens crient et courent pour sortir, n'oubliant pas de me bousculer au passage. Je sens un pincement dans mon cou, et vois le blond du coin de l'oeil.

Ensuite, tout devient noir.