22. Un pacte avec le diable

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-• Kim •-

Je continue de bouger mes hanches contre celles de mon partenaire jusqu'à atteindre l'extase. Je renverse la tête vers l'arrière en fermant les yeux, c'est si bon.

Sans plus de cérémonies, je me dégage de mon coup d'un soir.

- Tu peux partir maintenant.

Je m'étire doucement avant de me diriger vers la table basse. Je sors tout ce que j'ai besoin pour me rouler un joint, que j'allume aussitôt terminé. L'homme couché sur le lit n'a pas encore bougé, et n'a pas non plus l'air de vouloir le faire, ce qui commence franchement à me taper sur le système.

Si il continue, il va réussir à me faire foirer mon plan.

- T'as entendu ce que je t'ai dit? Je fis, un tantinet plus froidement.

Pour réponse, je n'ai qu'un vague signe de la main ainsi qu'un râlement grave. Ce n'est pas parce qu'il a passé la quarantaine qu'il a une excuse pour squatter mon lit.

La colère monte un peu plus, mais je réussis avec peine à la contrôler. Je ne dois pas rater cette mission. Avec la fuite de cette garce de Jasmine, j'ai failli y passer. J'ai vraiment cru que mon propre père allait me tuer pour ne pas l'avoir empêchée de partir. Sale con, je n'étais même pas au manoir quand tout cela s'est produit. Je ne sais pas qu'est-ce qu'elle a fait pour attirer tous ces gangs de rue, mais je préférerais ne pas le savoir. J'en sais déjà trop à son sujet.

J'en connais bien trop sur Pat aussi d'ailleurs. Pauvre petite, être tuée aussi brutalement alors qu'elle essayait seulement de protéger la personne la plus chère à ses yeux. Une partie de moi en est satisfaite, je n'ai plus à endurer ses paroles sages, ses mensonges. La personne qu'elle s'est créée est l'extrême opposé de la personne qu'elle était réellement, je vous le dis.

N'étais-je pas amie avec elles, vous demandez-vous? En fait, oui et non. Bien que nos délires furent divertissants, la drogue a fini par se conférer une place plus importante dans mon coeur. De toute façon, cela fait des années que je suis chargée de les surveiller, de récolter des informations sur elles.

Ashley? Elle n'a rien à voir avec tout cela, je dirais même qu'elle a bien failli me démasquer quelques fois. Par exemple, lorsque je me suis éclipsée dans les toilettes d'un bar pour informer mon père que Jasmine venait de participer à un ménage à trois. Elle est entrée silencieusement et s'il n'y avait pas de miroir pour me permettre de la voir, j'étais fichue.

Bref, le reste, vous le saurez plus tard, parce qu'à présent je dois chasser ce quarantenaire de ma chambre d'hôtel avant que je ne pète un cable.

Trop tard. En me fichant de mener à bien ma mission ou pas, je passe mon joint dans ma main gauche et sors mon pistolet de ma main droite. J'aspire la fumée quelques secondes avant d'expirer en chargeant mon arme. On ne rigole plus, j'en ai marre.

- J'ai dit, tu sors d'ici. Grondais-je entre mes dents.

Les gens sont si têtus de nos jours. L'homme lève lentement les mains en arborant un sourire en coin, nullement impressionné. J'ai oublié de vous dire que c'était un flic? Quelle erreur de ma part.

- Tu ne sais pas à qui t'as affaire. Ricane-t-il.

Vous devez vous dire que je suis foutue, que je m'en vais en taule. Seulement, j'ai encore une dizaine de cartes en main alors qu'il n'en a qu'une seule.

- Hunter Lance, quarante-trois ans, chef de la police de New York depuis le huit février 2014 suite à un « accident » qui fut fatal pour l'ancien chef. Une femme, Bonnie, deux enfants, Zia et Ryan. A réussi à blâmer son meilleur ami pour un meurtre qu'il a commis de sang froid. Je continue?

C'est à mon tour d'être satisfaite. Son visage devient blanc comme un linge tandis que ses doigts triturent nerveusement l'élastique de son caleçon. La scène est un peu idiote, de chaque côté de la pièce à se fusiller du regard, tous les deux très peu vêtus et moi pointant une arme vers son front.

- D'où te viennent ces informations? Ce sont de grosses accusations qui peuvent gâcher une vie. On ne blague pas avec cela. Chiale-t-il.

- Tu sais, je suis les yeux et les oreilles de tout le monde. Je sais me faire discrète comme je sais attirer l'attention. Je suis les pauvres témoins que vous ne jugez pas importants.

Cette dernière phrase semble allumer une petite ampoule dans sa tête. Il a enfin compris.

- C'est toi?

J'écarte les bras, fière de pouvoir enfin me moquer de lui un peu.

- En chair et en os. Rigolais-je.

Ma petite blague ne semble pas le faire rire. J'aurais tout de même essayé. J'attends juste qu'il réalise qu'il peut acheter mon silence, ce qui ne devrait pas tarder.

On dit que les murs ont des oreilles, eh bien le mur devant lequel il a assassiné sa victime avait des yeux et une bouche aussi. Finalement, mon plan n'a pas si foiré que ça.

- Qu'est-ce que tu me veux? Me demande-t-il, résigné.

Je tire une dernière fois sur mon joint avant d'écraser mon mégot dans le cendrier. J'adore faire durer le suspense. C'est pourquoi je me rapproche de l'objet de ma convoitise en soufflant ma fumée sur son visage. Je vois au plis dans son front que je le rends nerveux.

- C'est pas très compliqué, commençais-je. J'ai juste besoin que tu me rendes un tout petit service.

D'un signe de la main, il me fait signe de continuer. Plus le temps passe et plus son front perlé de sueur me dégoûte. Je ferais mieux d'arrêter notre souffrance à tous les deux.

- J'ai besoin que tu retrouves quelqu'un pour moi. Finis-je par dire.

Il eut un petit rire, l'air de se dire que c'est facile. Mon expression agacée le ramène à l'ordre en une fraction de seconde.

- J'imagine qu'il y a autre chose?

Il a bien raison.

- La fille que tu dois retrouver, j'ai besoin que tu la retrouves avant que les deux autres gangs de rue qui sont à sa recherche ne le fassent. Terminais-je.

Laisse moi partir 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant