9. Surprise, surprise

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-• Jasmine •-

Les poings serrés le long de mon corps, je jette des regards noirs à Crotte de nez et Nico. Je fusille aussi l'armoire à glace numéro 1 de toutes mes forces, espérant lui faire comprendre qu'il ne s'en sortira pas comme ça. Pour faire court, je suis en colère contre tout le monde et je les regarde tous avec des couteaux dans les yeux.

Chacun de ses pas sonne comme un tremblement de terre à mes oreilles. De plus en plus proches, ils viennent ébranler ma carapace jusqu'à la briser et je me sens rapidement toute petite face à ces gens sans coeur. Le premier regard paniqué que je laisse paraître est pour l'armoire à glace numéro 1, qui garde son air froid. Cette seconde où mon regard a dévié du lion affamé fut fatale.

Tout se passa trop vite.

Un coup de feu parti dans ma direction, et mon coeur s'arrêta.

Je ne vis pas comment près de ma tête la balle passa, mais à la sensation de brûlure que j'ai ressentie sur mon oreille, elle n'est pas passée loin. Les main sur les oreilles, je me recroqueville sur moi même et attends de voir ce qui va m'arriver.

C'est ma fin. Ils vont me tuer.

-• Tony •-

- T'as pas encore été la chercher? Putain Tony mais pourquoi je te paye si t'es pas capable de faire ce que je te demande. Me crache mon meilleur ami au visage.

Le grand patron était entré chez moi sans gêne, sans annoncer sa visite. On peut dire que la petite rousse qui me chevauchait n'a pas eu le temps de se rhabiller avant d'être expulsée de la pièce.

J'étais encore sur le point de me faire taper sur les doigts à cause de cette sorcière qui a tapé dans l'oeil d'Aaron. Bordel.

- Allez vieux, t'aurais pu attendre un peu la pauvre elle a oublié son chandail. Lui avais-je répondu en brandissant la camisole verte.

Les mains dans les poches dans une posture nonchalante, il faisait tout de même peur. Sa bouille d'ange ne faisait que camoufler toute la crasse qui se trouvait à l'intérieur.

Je peux confirmer qu'il n'a pas toujours été comme cela. Froid, insolent, manipulateur. C'était mon premier ami. Je le connais depuis aussi longtemps que je peux me rappeler. J'ai été plus méchant et cruel que lui jusqu'à ce qu'il ne se fasse briser le coeur par sa première et dernière petite amie. Je crois qu'il avait 16 ou 17 ans à l'époque. Elle a joué avec ses sentiments, profité de son argent si durement gagné et l'a trompé à maintes reprises. C'était une vraie salope.

Les autres avaient fait de lui leur souffre douleur, se moquant de lui à chaque occasion. S'assurant de lui rappeler comment naïf il avait été de tomber amoureux d'elle. Quand il en a eu assez, il a sombré dans la drogue et s'est embarqué dans ce gang dont il est maintenant chef. Étant son meilleur ami, j'étais obligé de le suivre pour m'assurer qu'il ne lui arrive rien de mal. C'est la seule raison pour laquelle je suis encore ici aujourd'hui.

Je sais une chose, si Pauline a su attirer son attention, le plus tard il la retrouve, le mieux c'est pour elle. Avec son caractère, elle ne fera pas long feu ici. Je dirais même qu'elle est plus en sécurité dans les filets de Nico.

-• Jasmine •-

Je dois sortir d'ici. Au plus vite. Cette bande de barbares va venir à bout de moi si je ne le fais pas. Après l'épisode du coup de feu, Crotte de nez, aussi connu sous le nom de Quentin, m'a prise par le bras pour m'amener je ne sais où.

En fait, nous marchons encore vers je ne sais où. Il traverse à toute vitesse les longs couloirs, me traînant derrière lui.

Nous passons devant ma chambre, pour nous arrêter devant une porte en fer, qu'il ouvre dans un silence à faire froid dans le dos.

- Après vous mademoiselle. Me dit-il en montrant toutes ses dents jaunes dans un affreux sourire.

Une odeur de moisi parvient à mes narines. Une petite lumière jaune n'éclaire qu'un minuscule coin de la pièce, qui semble ne contenir qu'un seau. Quentin me laisse seule et claque la porte dans mon dos.

Un cliquetis bruyant parvient à mes oreilles, signe qu'il a verrouillé la porte.

C'est mieux que ce qu'il comptait me faire au départ. On ne se le cachera pas.

Maintenant seule, je me perds dans mes pensées. J'aurais aimé en savoir plus sur la soirée qui m'a tout pris. Ma meilleure amie, ma liberté, ma dignité. Je sens la promesse que j'ai faite à Pat se briser en mille morceaux. Je ne saurais jamais ce qu'il lui est arrivé.

Je ne sais plus quand je vais sortir d'ici. Je ne sais pas si je vais sortir d'ici. Je ne sais pas dans quel état je serais si j'en sors. Toutes ces incertitudes me montent à la tête aussi vite que les larmes me montent aux yeux. J'ai probablement perdu mon travail et mon appartement à l'heure qu'il est. En plus de mes amis. Rien ne redeviendra comme avant même si je parvenais à sortir d'ici.

Retournant le seau pour m'y assoir, je remarque un objet brillant à moitié caché sous un carré de tissu sale.

Curieuse, je tends une main tremblante et pousse le tissu. Un couteau. En regardant un peu plus longuement, je compris que c'était en fait une dague.

Pourquoi quelqu'un laisserait une dague ici? Dans la pièce où les prisonniers rebelles du gang sont amenés.

Je ferais mieux de la garder sur moi. Si jamais Quentin ou même Nico venait à tenter quelque chose, je pourrais me défendre.

J'entends alors des bruits de pas dans le couloir. Prise de panique, je glisse la dague dans mon dos, faisant en sorte que l'élastique de mon soutien-gorge le tient en place.

Le verrou de la porte se fait entendre, et j'attends avec appréhension la personne qui va apparaître. Assise sur le seau, les yeux encore rouges d'avoir pleuré, j'ai l'air de la parfaite prisonnière. Je l'espère du moins.

Enfin, la personne passe la porte.

Je ne peux retenir une expression de surprise quand je réalise qui c'est.

- Kim?

Laisse moi partir 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant