23. Si près mais si loin

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-• Jasmine •-

On dit que la vie est belle, que bien qu'elle soit semée d'embuches, tout finit par s'arranger. Si c'était aussi simple, peut-être que j'aurais la paix depuis longtemps.

Mes parents ont pris une semaine de congé pour s'occuper de moi durant cette période difficile, mais bien que j'apprécie le geste, cela ne fait que me décourager encore plus.

Je ne me rappelle même plus de la mort de ma meilleure amie. Ma soeur de coeur. Mon idole.

Je tente de trouver quelque chose qui débloquerait ma mémoire, mais si personne ne sait où j'étais, c'est un peu compliqué. Selon les dires de mon médecin, justement, je devrais visiter des lieux que j'avais l'habitude de visiter, qui avaient une place importante dans mon coeur.

Là est l'ironie de la chose. Qu'est-ce que j'aimais visiter. Qu'est-ce qui est important à mes yeux? Pourquoi ces choses si simples me demandent tant d'efforts?

- Un croissant s'il vous plaît. Dis-je à l'intention de la boulangère.

Elle me fait un sourire, et je vois bien que ce n'est pas un faux, contrairement à celui que je lui rends.

Je n'ai pas pu m'en empêcher, j'ai pris un taxi en direction de la boulangerie Marie-Claire. J'aime bien mes parents, mais j'avais besoin de me détacher de ce sentiment de fardeau. Et vérifier si mon mystérieux copain n'y est pas encore. Malheureusement, Anthony n'est pas là, mais ça il fallait s'y attendre. Il n'allait pas m'attendre ici indéfiniment.

Je choisis une table sur la terrasse. À ma gauche, un couple amoureux se partage une torsade. À ma droite, des amies parlent d'aller faire du shopping.

Ça me manque. J'ai l'impression de ne connaître personne. Peut-être que le beau jeune homme devant moi m'a abordée dans une soirée, mais je ne pourrais lui dire puisque je ne m'en rappelle pas.

- Jasmine? S'exclame l'une des filles à droite.

Vous voyez? Je ne me rappelle de rien!

- C'est bien moi.

J'essaie de lui faire mon meilleur sourire, mais il doit plutôt ressembler à une grimace nostalgique.

Elle me fait signe de me joindre à elles, chose que je fais, un peu gênée. Je ne la reconnais point.

- Cela fait des mois que l'on ne s'est pas vues! Habituellement on se rencontre au moins une fois par mois au restaurant japonais du coin! Rit-elle.

Restaurant japonais. Je pourrais aller y faire un tour quand je sortirais d'ici.

- Ouais, je suis une femme occupée ces derniers jours.

Nous parlons de tout et de rien, et je tente de masquer mon incompréhension quand elles parlent des fois où nous sommes allées ici et là ensemble. Mon plan semble marcher à la perfection et quand je me sépare d'elles une demi-heure plus tard, c'est presque en courant que je me dirige au restaurant japonais.

Peut-être que mon passé se trouve ici.

-• Tony •-

Laisse moi partir 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant