8. Tombée en enfer

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-• Jasmine •-

J'avais raison quand j'ai dit que j'allais avoir une superbe chambre à coucher.

Le lit à baldaquins est énorme et plusieurs oreillers bleu ciel sont posés dessus. La couette est une teinte plus foncée que les oreillers, mais des fleurs sont brodées dans la même couleur. Les meubles sont tous bruns, et les murs blancs. Les décorations accrochées aux murs sont toutes jaunes, contrastant avec le lit. Je pose mes yeux sur un tableau immense représentant une femme portant un chapeau. Il est tout bonnement magnifique.

Tout est magnifique.

Tentant ma chance avec l'armoire à glace numéro 1, je demande la permission de me balader dans la villa. Tant qu'à vivre ici pour un temps indéterminé, autant savoir qu'est-ce qu'il y a à faire. Les pièces sont toutes immenses et la décoration extravagante, à l'image de leur propriétaire. Après m'être perdue deux fois dans les longs couloirs du château, je décide d'essayer de retourner dans ma chambre.

J'ai à peine le temps de me laisser tomber sur le lit que l'armoire à glace numéro 2, aka crotte de nez, entre dans la pièce. Une étrange lueur brille dans son regard, et je me questionne aussitôt sur la raison de sa visite.

Il s'approche de moi, frappant ses gros pieds contre le marbre sans grâce. Quand il arrive à un mètre de moi, je me mets à reculer à chaque nouveau pas. Son sourire s'agrandit de plus en plus sans que je ne comprenne pourquoi. Je fronce les sourcils, inquiète.

Mes pieds se cognent sur la base du lit, et je tombe sur le matelas moelleux, terrifiée. C'est pour cela qu'il souriait.

Alors qu'il approche son visage balafré du mien, son téléphone sonne.

Il met un doigt sur ses lèvres, signe qu'il faut que je garde le silence, et répond. Son dialogue commence en français et finit dans une langue qui m'est inconnue. Quand il me tourne le dos, je me roule tout doucement de l'autre côté du lit.

Plus grande est la distance entre nous, mieux je me porte. Il raccroche et se retourne vers moi, qui se retrouve à l'autre bout de la chambre. La porte n'est qu'à trois mètres sur ma gauche, je peux y arriver.

- Allez ma jolie reviens ici. Je ne te ferais pas de mal, que du bien. Susurre-t-il du bout des lèvres.

Maintenant dégoûtée par autre chose que l'intérieur de son nez, je cours vers la porte. J'arrive à l'atteindre, mais finis par foncer dans un mur de brique. Enfin, dans l'armoire à glace numéro 1. D'ailleurs, il n'est pas mal avec ses cheveux châtains clairs. J'arrête de le contempler quand je sens une pression sur mon poignet.

L'haleine dégoûtante de crotte de nez me parvient aux narines, signe qu'il est très près.

Je lance des regards suppliants au canon sensé garder un oeil sur moi, espérant lui passer un message. Son regard reste froid et sans émotions, signe qu'il s'en bat les couilles de ce qu'il pourrait bien me faire.

Crotte de nez tire sur mon poignet et me pousse dans la chambre. Je lui donne des coups le plus fort que je peux, espérant le blesser un minimum, en vain.

Son sourire pervers me met dans un état de panique incroyable. L'air se fait rare dans mes poumons, tandis que des larmes commencent à se frayer un chemin jusqu'à mes yeux. Mon corps semble ne pas être en mesure de réagir tout d'un coup. De grosses mains se posent sur mes épaules pour finalement me jeter dans le lit comme une vieille chaussette.

- Je dois tester la marchandise lorsqu'elle arrive. C'est mon boulot. Dit-il avec une pointe de fierté dans la voix.

Comment quelqu'un peut être fier de cela. À combien de femmes a-t-il « fait son boulot »? C'est un monstre.

Ses mains se posent dans mes cheveux, sur ma poitrine, partout, tandis que je tente de le repousser. Voyant que ça ne marche pas, j'arrête de le repousser et le laisse m'embrasser. Son pantalon devient bientôt tendu, et je tente de masquer mon dégoût.

Une idée folle me vient en tête.

Je pose ma main sur sa ceinture, que je détache pour enlever son pantalon. Son caleçon subit le même sort et alors qu'il se couche sur le dos, espérant un peu plus, je me jette vers l'arrière et sors de la chambre en courant. À mon plus grand bonheur, l'armoire à glace est au bout du couloir, me laissant le temps de m'enfuir dans le sens inverse.

- Puta! Rugit crotte de nez dans mon dos.

Le coeur battant la chamade, je cours vers je ne sais où. Monte un escalier, tourne à droite, descend un escalier, puis un autre, et ainsi de suite. Je ne m'arrête que lorsque je rencontre la gouverneure. Essoufflée et en panique, je chuchote à cette dernière en la tenant par les épaules.

- S'il vous plaît! Aidez-moi! Je... Il veut... J'ai besoin d'aide!

Ses yeux s'écarquillent et je ne sais pas si elle m'a comprise, mais elle hoche la tête et me dirige vers la cuisine.

Bien que j'ai réussi à m'enfuir, je ne pourrais pas l'éviter bien longtemps, ce château a quand même des murs. À cette pensée, je me tends. Et si il venait dans ma chambre pendant que je dors.

Après de longues secondes à marcher à travers la maison, nous arrivons enfin devant une porte double. La petite femme pousse ma main de son bras et pose la sienne sur la poignée de porte.

Sans me jeter un regard, elle l'ouvre en grand et me pousse pour que j'entre à l'intérieur. Je me tourne à moitié vers elle, prête à la remercier, mais une voix glacée me stoppe. Mon regard noir voilé de panique finit sur la gouvernante, qui affiche un air désolé.

Désolé mon cul.

- T'as aimé ta petite course poursuite beauté?

Je serre les poings, furieuse de m'être jetée dans la gueule du loup.

- Sois pas fâchée, on t'aurait bien retrouvée à un moment donné. Zoé ne fait qu'obéir aux ordres, sourit Nico avec une pointe de moquerie mal dissimulée.

À ses côtés, les deux armoires à glace et une dizaine d'hommes en costume tous plus terrifiants les uns que les autres.

Je jette un coup d'œil à la porte, mais l'espoir de pouvoir m'enfuir s'éteint quand je vois les deux hommes l'entourant.

Je suis piégée. Le grand patron du gang chuchote à l'oreille de crotte de nez, qui sourit et se tourne dans ma direction. Ses pas lents et remplis d'assurance me font froid dans le dos. Qu'est-ce que Nico a bien pu lui dire?

Laisse moi partir 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant