7. Gros changement

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-• Jasmine •-

Maintenant en voiture avec les hommes de Nico, je ne peux m'empêcher de penser à mon évasion. À voir la manière dont ils se comportent, ce ne sera pas bien dur de s'enfuir d'ici. L'homme à ma droite se fouille dans le nez en se pensant discret depuis bientôt 5 minutes. Je retrousse le nez, dégoûtée.

Le mec qui conduit me fixe depuis qu'on est partis. Je le vois lancer des regards dans son miroir pour s'assurer que je ne tente rien. Comme si j'avais chance tout de suite avec les deux armoires à glace qui m'entourent.

Le mec à ma gauche se balance de ma présence. Il a le visage tourné vers la fenêtre et ne dit pas un mot. Bien que personne ne parle. J'ai une terrible envie de dormir, mais je n'ai pas de place où poser ma tête. Frustrée, je fixe dans le vide en attendant impatiemment que le trajet n'arrive à sa fin.

C'est trente minutes plus tard que nous arrivons à destination. Contrairement à l'autre gang qui se fait discret, celui-ci vit dans le luxe. À moins qu'ils ne me mettent dans la cave, je doute que ma chambre soit minuscule.

Le mec de droite sort du véhicule en premier et me tend la main pour me faire sortir. Repensant à l'épisode crotte de nez de tout à l'heure, je me dirige vers le côté gauche.

L'armoire à glace numéro 1, celui de gauche, pose un flingue dans mon dos pour que j'avance. Allez c'est beau je ne vais pas m'enfuir tout de suite. C'est quand il charge son arme pour la reposer dans mon dos que mon sang se glace. Ils ne sont pas aussi gentils que Tony et Félix.

Ce ne sera pas aussi facile que je ne pensais.

Nous pénétrons l'immense demeure, Nico le premier. Les planchers brillent, les lustres brillent, les meubles brillent, tout semble neuf et lavé minutieusement. Il n'y a pas un grain de poussière sur ce plancher, j'en suis certaine.

Ce que j'imagine être la gouvernante arrive, et elle prend le veston de Nico sans dire un mot. Ses hommes sont postés derrière lui, droits comme des piquets.

J'avoue que je ne m'attendais pas à ça du tout.

Ils se dirigent tous vers le salon, et je les regarde faire, sans savoir quoi faire. Est-ce que je dois les suivre?

L'arme froide dans mon dos me ramène sur terre. La pression qu'elle fait dans mon dos me pousse à avancer. J'imagine que je dois les suivre. L'armoire à glace me mène à un sofa avant de pointer son arme sur moi pour que je m'y assois. Très galant, je lui donne 5 étoiles.

Dans le sofa en face de moi, le patron du gang ennemi. Du moins je crois. Je ne connais rien aux gangs de toute façon. Et je ne sais pas qui est mon ennemi: celui qui m'a enlevé du départ ou celui qui menace de me tirer dessus.

- Je ne sais pas comment ils te traitaient du bord d'Aaron, mais c'est pas pareil ici.

Ils me traitaient bien là-bas. Est-ce qu'il veut dire qu'ils vont mal me traiter? Je serre les dents, mais ne dis rien. Le stress commence à m'envahir, lentement mais sûrement.

- T'essaies de t'enfuir, c'est pas la mort, c'est la torture. Compris?

Je serre les poings contre mes cuisses, sans lui répondre. Il ne mérite pas que je lui réponds. Face à mon silence, il attrape une poignée de mes cheveux et tire pour que je le regarde dans les yeux. Je serre les dents de plus belle, en le défiant du regard. Son bedon et son crâne dégarni ne me font pas peur, c'est plutôt l'arme braquée sur moi qui me force à rester calme face à lui.

- Compris?

Voyant que je ne veux pas répondre, il fait signe à ses autres hommes de montrer leurs armes. Je plisse les yeux, terrifiée mais trop fière pour le laisser gagner. Il se lève et se met dos à moi. J'imagine qu'il est furieux à l'instant. Une femme qui le défie devant tous ses hommes. Du jamais vu.

- C'est quoi ton nom? Me demande Nico.

Je ne sais pas si je devrais lui dire mon vrai nom ou si je devrais m'en inventer un nouveau. Et si il utilisait mon vrai nom pour trouver mes parents et les tuer? Ou pire, les torturer. Préférant de loin l'idée d'un faux nom, je me lance.

- Je m'appelle Nora Browns.

Il se retourne pour me jeter un regard suspicieux. Son regard insistant reste posé sur moi pour une minute avant qu'il ne laisse tomber. Une chance que je mens bien.

- Amenez-la en haut chambre 7. Finit-il par dire à ses hommes.

Je fronce les sourcils, il a numéroté ses chambres d'invité? Comment riche faut-il être pour avoir des numéros de chambre dans sa propre maison? Ce gars est un vrai malade.

Nora Browns ne se laissera pas faire.

-• Tony •-

- T'as fait quoi? Grogne-t-il.

- Je l'ai laissée partir. Il demandait à changer l'entente et puisque ce n'est qu'une danseuse j'ai accepté. Allez vieux on s'est fait du fric.

Je vois dans ses yeux que si je n'étais pas son bras-droit il m'aurait déjà tué ou tabassé. Les poings serrés contre les accoudoirs de son fauteuil, il me fusille du regard. Je vois bien qu'il n'est pas content de la tournure de l'échange avec Nico.

- T'avais qu'une putain de chose à faire. Lui donner l'argent et revenir avec les armes. Je voulais que tu ramènes la fille aussi mais j'imagine que j'ai oublié de préciser ce détail. Souffle-t-il en se pinçant l'arrête du nez.

Il rejette la tête sur le dos de son fauteuil pour soupirer longuement. Je ne sais pas comment je pourrais me sortir de ce merdier.

- Qu'est-ce que ça peut faire? On échange des danseuses régulièrement. De plus c'était une nouvelle elle n'est pas si importante.

Je viens de mettre de l'huile sur le feu. Il se redresse aussitôt et semble s'enrager un peu plus. Si c'est même possible.

- Ferme ta grande gueule. Tu vas la ramener ici et c'est pas négociable. T'as voulu la mettre dans la merde, tu vas l'en sortir. Va t'en j'ai plus rien à te dire.

Laisse moi partir 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant