25. Un de plus

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-• Omniscient •-

Jasmine décida de rester au restaurant japonais pour la soirée. La compagnie agréable de Lee lui permettait d'arrêter de penser à sa vie compliquée ainsi qu'à ses amies disparues.

- C'est le meilleur biscuit que j'ai mangé de toute ma vie! S'exclama-t-elle en avalant sa bouchée.

Lee ne put s'empêcher de rire. C'est ce qu'elle avait dit quand elle y avait gouté pour la première fois, environ deux ans plus tôt.

- Ils sont fait avec amour. Affirma-t-il comme si c'était une évidence.

C'était un peu cliché, mais cela ne dérangeait ni notre serveur souriant, ni notre demoiselle en cavale. La soirée passait à une vitesse folle, malgré les allées et venues de Lee. Après tout, il était tout de même au travail.

Un étrange pressentiment tiraillait Jasmine depuis qu'elle avait terminé son repas. Quelque chose semblait sur le point d'arriver, sans qu'elle ne puisse mettre le doigt dessus.

Encore à l'autre bout de la ville, nos mafieux commençaient à s'impatienter. L'un démontait et remontait son arme les yeux fermés, l'autre observait la pièce, fasciné. Je vous laisse deviner qui fait quoi.

- Regarde, un jeu de Clue! On se fait une partie? S'excitait le blondinet.

Le brun, à l'extrême opposé de la pièce, ouvrit les yeux en lâchant un juron. Il détestait que quelqu'un ne l'interrompe pendant qu'il démontait son arme.

Il ne sait pas exactement quand ce petit rituel a commencé. Peut-être était-ce quand il a pris la tête du gang. Ou quand il a tué quelqu'un pour la première fois. Il ne s'en rappelait plus, mais cela ne le dérangeait pas. Qu'est-ce que cela peut-il lui faire de savoir quand il a commencé à démonter son arme par ennui?

- On est pas ici pour cela. Gronda Aaron en lui prenant le jeu des mains.

Tony, qui ne l'avait pas entendu approcher, sursauta. Quel idiot, se dit Aaron.

Dans la tête du blond passait diverses façons d'assassiner Aaron. Monsieur grognon est de retour, murmura-t-il tout bas en s'asseyant sur le canapé. Aaron fit mine de ne pas avoir entendu, trop concentré sur la mission pour commencer un argument.

Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas été sur le terrain. Il y avait toujours quelqu'un de formé pour les différents types de missions. Pourtant, il n'avait pas été capable de confier celle-ci à quelqu'un d'autre. C'était lui qui avait fait une gaffe en laissant sa cible toute seule et il devait la retrouver par lui-même. Il jeta un regard en coin vers Tony, qui jouait maintenant avec les rideaux. Presque par lui-même, du moins.

La poignée de porte se mit à bouger, signe que quelqu'un tentait de l'ouvrir. D'un seul regard, notre duo d'enfer se mit d'accord. Les hommes reprirent leur sérieux et Tony enleva ses mains des putains de rideaux.

Ils étaient prêts.

-• Jasmine •-

Quelque chose de mauvais se trame. Un poids semblait s'être abattu sur mes épaules et mes sens étaient en alerte. Je me rends donc au comptoir pour payer mon repas, ressentant le besoin de sortir d'ici.

- T'es certaine de ne pas vouloir rester? Mon quart de travail finit dans à peine trente minutes, on pourrait aller quelque part.

Son sourire craquant me donna envie de rester et de l'attendre.

- J'ai vraiment besoin de retourner chez moi, mes parents ont promis de m'amener à l'appartement pour aller y chercher des vêtements. Merci quand même, on se reprend une autre fois? Mentis-je, un peu sur les nerfs.

Il fit une moue triste en guise de réponse. J'espère que je ne me trompe pas et que j'ai réellement fait le bon choix en refusant son invitation.

Je lui fis au-revoir de la main avant de m'éclipser. Les rues quelques heures plus tôt bondées étaient à présent désertes. Digne d'un mauvais film d'horreur.

Un fragment de souvenir me revint. Moi enfonçant une casquette sur mon crâne. Anthony, moi, quelque part où il faisait sombre. Moi dans ses bras, moi le martelant de coups. Lui disant je ne sais quoi, moi lui foutant une claque.

La scène est étrange et je ne me reconnais pas du tout. Je ne suis pas violente. Pourquoi serais-je dans les bras d'Anthony si j'étais avec Aaron? À moins que ça ne soit il y a très longtemps. Est-ce que je trompais Aaron avec Tony? Ça expliquerait pourquoi ce dernier l'aurait tabassé la journée de notre première rencontre. Pourtant, ce n'est pas mon genre du tout.

Bordel, tout cela me donne mal de tête. Ça m'arrive souvent ces jours-ci.

Un homme m'interpelle de l'autre côté de la rue, me sortant de mes pensées brusquement.  Je n'ai qu'une fraction de seconde pour le regarder parce qu'il m'arrête pour me prendre dans ses bras.

D'accord Jasmine, pas de panique.

Ne sachant que faire d'autre, je reste droite comme un piquet en attendant qu'il se décolle. Ses cheveux grisonnants sont courts et ondulés, et son parfum à l'odeur épicée me fait plisser le nez.

Il se recule enfin en me tapotant le dos. À quoi il joue, merde.

- J'ai cru halluciner en te voyant sortir du restaurant toute à l'heure. J'ai essayé de te rattraper et d'attirer ton attention, mais tu étais si loin dans tes pensées et tu marches si vite que j'ai dû courir. Rigole-t-il.

J'esquisse un sourire forcé avant de lui adresser un signe de tête. Trois options s'ouvrent à moi. Option un, je fais semblant de le connaître. Deux, je lui explique que j'ai perdu la mémoire. Trois, je cours.

- T'as perdu ta langue?

Le choix se fait de lui même dans ma tête. C'est sans une once d'hésitation que j'éclate d'un rire forcé pour faire comme si je le reconnais.

- Ça alors! C'est vrai que tu dates! Où étais tu passé? Dis-je, camouflant mon stress sous un sourire intéressé.

- Le boulot, tu le sais bien! Il prend une pause et caresse mon bras de sa main. En fait, je voulais te faire parvenir mes plus sincères condoléances pour ton amie.

Des larmes tentent de se former dans le coin de mes yeux mais je ne les laisse pas, je retiens ma peine pour ne pas recevoir la pitié de cet inconnu.

Un merci étranglé passe mes lèvres avant que je ne parte, le coeur gros. Je ne sais pas exactement comment la conversation s'est terminée, mais j'espère qu'il ne le prendra pas mal si je ne lui ai pas dit au revoir.

Le trajet de retour est un peu flou, je ne me rappelle même pas d'avoir pris le bus. En arrivant chez moi, je me laisse tomber dans le lit pour éclater en sanglots.

Clic!

Ce bruit métallique résonne au dessus de mes pleurs, me faisant lever la tête. Au travers les larmes, je ne discerne qu'une silhouette sombre au coin de la pièce.

- C'est donc ici que tu te caches, princesse.

Laisse moi partir 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant