27. Boom

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-• Tony •-
- Putain!

Un mal de tête douloureux à souhait décide de s'installer dans mon crâne. J'imagine que c'est la meilleure place pour parasiter; il fait chaud, c'est couvert par une épaisse carapace, et il y a beaucoup d'espace pour jouer (puisqu'il est vide, vous comprenez?).

J'apporte mes mains à mes tempes pour les masser, avant qu'elles ne soient arrêtées par de lourdes chaînes. C'est à ce moment que les événements de la journée me reviennent.

Cette femme atroce qui m'a foutu plusieurs coups de poêle au visage ne m'a pas manqué. Je ne savais pas qu'en acceptant la mission d'Aaron j'allais me retrouver dans un film Disney.

- Anthony?

La petite voix de la tigresse retentit, claire comme de l'eau de roche. Pourtant, je ne pourrais dire d'où elle provient. Un bandeau au tissu rugueux et à l'odeur questionnable me cache les yeux. J'imagine qu'ils n'ont pas pris la peine de couvrir ses yeux puisqu'elle ne sait même pas ce qui se passe.

- Qu'est-ce que tu fais ici? Osais-je demander.

Peut-être qu'elle a eu la chance de voir son assaillant, elle. Pour ma part, j'ai seulement eu droit à une voix démoniaque et à une force brute.

- Je ne sais pas. Personne ne m'explique ce qui se passe. Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal? Est-ce que je me suis mise dans la merde avant de perdre la mémoire? Pourquoi t'es ici aussi? S'emporte-t-elle.

Cela me donne mal au coeur de la voir si anxieuse par ma faute. Je ne peux rien lui dire, elle n'est pas encore prête.

- Tu n'as rien fait de mal, je n'ai aucune idée de ce qu'ils te veulent. C'est sûrement une mauvaise blague.

Je suis désolé tigresse, mais ma vie passe avant la tienne cette fois-ci.

-• Aaron •-
Je gare la voiture devant la villa et me précipite à l'intérieur. Qu'est-ce qui relie les Panthers, les Damned et nous? Une meilleure question: pourquoi je n'en suis pas encore au courant? J'ai des yeux et des oreilles partout, des centaines d'hommes prêts à tout, sans oublier les ressources abondantes. Je devrais savoir ces choses-là en premier.

Les différents dossiers s'éparpillent rapidement aux quatre coins de mon bureau tandis que je deviens de plus en plus en colère. Il doit bien y avoir quelque chose, n'importe quoi qui puisse me dire pourquoi tous ces gangs cherchent cette même femme.

S'il y a bien une chose qui me met en rogne, c'est d'être le dernier à savoir.

Je vérifie les échanges, les producteurs ainsi que les livreurs, rien. Soit les échanges sont insignifiants, les producteurs anonymes ou les livreurs variés. Aucune hypothèse n'a de sens.

Ça ne peut pas être l'un de mes gars, puisqu'ils doivent n'avoir aucune histoire avec aucun autre gang pour entrer dans le mien.

Je m'emporte trop, il faut que je prends le temps de penser à toutes les possibilités. Quelques grandes respirations plus tard, je reviens à moi. Mon arme se fait un chemin jusqu'à mes mains et sans vraiment m'en rendre compte, je la mets en pièces et l'assemble à nouveau.

Il n'y a aucune manière que ça soit un échange qui a mal tourné parce que les échanges entre gangs sont peu fréquents et souvent peu rentables. D'ailleurs, ils sont souvent en cas d'urgence. Cette dernière pensée me fit rire. C'est un de ces échanges entre gangs qui a livré Jasmine aux mains de Nico.

C'est quand je tombe sur les rapports de l'année dernière qu'une idée me vient. Ce n'est peut-être pas une histoire de gang, ça peut très bien être une histoire qui remonte beaucoup plus loin. Jasmine n'en sait peut-être rien elle non plus. Si c'est ce que je crois bien sûr.

Je n'ai aucune preuve concrète, mais je sais très bien comment en trouver. Je veux en avoir le coeur net.

Je monte quatre à quatre les marches menant à l'étage et ouvre une porte que je n'avais pas ouverte depuis un bon moment. L'air glacial de la pièce me vaut un frisson et je contemple, avec un brin de nostalgie, les innombrables vêtements à la traîne un peu partout.

L'odeur de Tris est encore vaguement présente , bien qu'elle ne fut plus ici depuis un bout de temps.

Des photos datant de quelques années à quelques mois sont dispersées aux quatre coins de la chambre. L'une d'entre elles capte mon attention.

Deux filles, l'une avec un sourire resplendissant, l'autre avec une moue malicieuse. La photo date d'au moins deux ans, mais c'est facile de remarquer la belle brune au regard émeraude. Elle regarde l'objectif comme si elle le défiait, et respire la confiance au travers le papier.

Comment j'ai pu ne pas la reconnaître. Un visage comme le sien ne s'oublie pas aussi facilement pourtant.

Certaines pièces m'échappent, mais une fois que j'aurais récupéré cette fugueuse, la tension pourra redescendre et je pourrais y penser plus profondément.

Je dois y retourner. Qui sait qui peut se pointer chez Jasmine avant ses parents, elle ou moi. Je fais confiance à Tony, mais il ne peut pas se défendre seul contre un gang ennemi. Je saute en voiture, priant de tout mon être que je ne suis pas trop tard.

Les rues n'ont jamais filé aussi vite, je suis prêt à le parier. J'entre dans la rue tranquille de la famille Amber à toute vitesse. Le ronronnement du moteur vient briser le silence pour ensuite se calmer quand j'aperçois la voiture garée à côté de la maison. Les parents sont de retour.

J'arrête près d'un arbuste, quelques maisons plus loin, pour penser à un plan. Allez, réfléchis, quelle excuse pourrais-tu leur donner. Je n'ai pas une tête d'électricien ni de plombier, ça c'est sûr.

Si ce n'était pas que leur fille avait perdu la mémoire, j'aurais pu me passer pour son mec. Faut bien que mon beau visage me serve à quelque chose.

Plus sérieusement, il me faut quelque chose de crédible pour entrer sans problème. Si Tony était ici il m'aurait trouvé cela sans problème. Putain, Tony!

Je n'ai pas le temps de parvenir à une excuse ni à sauver mon bras droit puisque d'un seul coup, une détonation retentit et la maison explose.

Laisse moi partir 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant