Aménagement Provisoire

10.4K 499 310
                                    


Chapitre 1 : Aménagement provisoire :

Dabi jetait un œil à Endeavor, la stature haute et fier. Il voulait montrer au héros que même chez lui et en réinsertion, il pouvait être menacent et qu'il ne se laisserait pas marcher dessus. Il restait maître de ses décisions et ce n'était clairement pas une putain de commission qui allait lui faire dire le contraire.

De son côté, le héros numéro un soutint le regard avec tranquillité et presque apaisement. Une pointe de fatigue le fit bien soupirer mais il ne se sentait pas réellement en danger face au super vilain qui se trouvait en réalité être Touya, son grand garçon autrefois disparu. Admettre que son enfant que l'on avait maltraité était encore en vie était une chose, mais admettre qu'il avait tourné super vilain en était un autre et pourtant, Enji n'avait pas cherché à nier sa responsabilité quand à l'état de son fils. Il était assez malin pour admettre que son traitement était cause de sa fuite et en grande partie responsable de sa déchéance et de sa folie. Le rouquin détailla son garçon comme s'il le revoyait pour la première fois. Lui aussi était calme. Aussi calme qu'un fauve prêt à se jeter sur sa proie, mais calme tout de même.

Doucement, le héros fit quelques pas vers la demeure et ouvrit le grand portail au vilain qui n'osait faire un pas en avant. Son regard océan ancré dans les poutres du manoir, Dabi observait ce qui fut autrefois sa maison qui allait le redevenir pendant un temps indéfini ou plutôt définit en secret par la commission qui avait bien trop peur de l'enfermer quelque part. Il eut un rictus en y repensant. La prison ? Il aurait carbonisé tout le monde. L'hôpital ? Même résultat et en prime pour ces enfermements ? Aucune coopération de sa part. Alors, à cause de sa dangerosité, il se retrouvait là, dans la maison de son enfance en compagnie de son bourreau qui semblait, toute mauvaise fois mise à part, avoir un peu changé.

Le vilain prit sa valise et fit quelques pas. Un soupire traversa ses lèvres quand il atteignit le grand portail et fit de nouveau face à son père et par le même temps, à son passé. Alors l'y voilà. Vingt six ans et déjà fatigué de fuir et de mener une vie de bohème sans vraiment de but précis. Après la défaite de l'alliance, il avait quitté Shigaraki pour errer il ne savait trop où. Tout en marchant dans les rues, il se ressassait son histoire, ses idées, ses motivations et bien entendu, sa position. Et Stain n'avait pu pour toujours l'aider. Il s'était rendu compte des injustices qui se tapissaient même chez les particuliers, se détachant petit à petit de la figure du héros qu'il haïssait tant. Dans sa rétrospective, il se dit qu'il retournerait bien purger le monde entier avec Shigaraki, mais même là, il se refusa à l'idée de jouer au dieu. Il était dans une impasse. Son monde qui était déjà bien sombre devenait plus noir à mesure que les jours avançaient. Il admirait le dénis de chacun, les faux sourire, les faux sentiments d'amour, seules la haine et la colères lui paraissaient vraies et pourtant, pourtant il ne voulait plus rien faire. La vengeance devenait une idée vague qui s'effaçait avec le temps pour ne laisser que vide et tristesse. Il était seul dans des ruelles sales à se remémorer son enfance et cette personne qu'il avait voulu enterrer à jamais pour la remplacer par Dabi.

En marchant près d'un pont, une valise contenant de maigres affaires à la main, il songea à faire un petit coucou aux poissons. Et si Touya mourrait vraiment ? Déjà que tout le monde pensait que Dabi n'existait plus car il ne brûlait plus personne depuis un mois... Un Touya vraiment mort et un Dabi suicidé, ça n'allait changer la vie de personne... Pas vrai ? C'est ainsi qu'il essayait de se persuader de sauter, mais il n'y arrivait pas. Quelque chose le raccrochait à la vie sans vraiment savoir quoi. Peut-être avait-il tellement tué Touya qu'il ne trouvait plus la force d'assassiner Dabi ? Il ne savait plus. En fait, il ne savait même plus vraiment qui il était et sans personne à qui se confier, la tache était bien plus ardue qu'il ne l'avait pensée. Il avait soupiré vers les étoiles ce soir là. Pourquoi ? Lui qui était si sûr... Pourquoi retombait-il en une pathétique crise identitaire d'adolescent qui entre au lycée ? Peut-être parce qu'il n'avait jamais prit la peine de redevenir cet adolescent... Et s'il le redevenait ? C'était ce qu'il s'était dit, assis sur le rebord extérieur d'une fenêtre qui donnait sur une remise dans une énième ruelle crasseuse alors qu'il était menacé des flammes d'Endeavor.

Le jour où on a chié dans le salonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant