Éclosion

2.8K 263 111
                                    

Cela faisait bientôt neuf mois que l'œuf était déclaré comme vivant, neuf mois qu'il abritait une petite vie, neuf mois que la famille allait chez le médecin pour savoir si tout avançait bien. Sept mois qu'ils allaient faire des échographies pour l'œuf régulièrement.

C'est en revenant de vacances que Dabi eut cette idée. Il lui semblait que l'on faisait des échographies aux femmes enceinte pour savoir où en était leur bébé, s'il se développait bien, s'il n'était pas malade, si tout allait bien. Et si au départ, Hawks n'avait pas vraiment aimé l'idée de confier de nouveau son œuf à un homme qui le mettrait sous des machines qui pourraient le briser, il accepta sous le fin sourire de Dabi ainsi que sa main tendue. Touya lui avait assuré que tout irait bien, qu'il le voulait, arguant même que ça lui ferait un bien fou de voir leur enfant pour de vrai. Alors l'oiseau avait finit par accepter. Il prit rendez-vous, pressé dès que Dabi faisait des efforts. Ce qu'il aimait voir son brun s'atteler à la tache et si cela pouvait aider à l'acceptation du petit, alors il était totalement pour.

Ils y étaient donc allés pour la première fois au bout des deux premiers mois. Même médecin et un matériel vétérinaire. Car oui, pour bien voir l'intérieur d'un œuf, il fallait le matériel requit. Si Hawks se sentit vexé, il confia tout de même sa beauté et avec toutes les précautions du monde, le docteur plaça la frêle chose dans la machine.

Stressé, l'oiseau prit la main de son homme et commença à se ronger les sangs alors que de son côté, toujours incognito, le brun le rassurait en lui caressant tendrement le dos de la main de son pousse. Le médecin était rassuré. Ils semblaient avoir trouvé un terrain d'entente.

Lorsque le blond vit enfin le fœtus, sa première réaction fut de fixer ce petit cœur qui pompait le sang à un rythme frénétique. Ensuite, il s'attarda sur ces minuscules mains, ces tous petits pieds et il s'empressa de compter chaque doigt, chaque orteil et tout était là, tout était bien à sa place. Heureux, les larmes aux yeux et l'excitation à son comble, comme pour une jeune mère, l'oiseau observa son homme qui lui offrit le sourire qu'il attendait avant de grimacer et d'hausser un sourcil devant la vision qui s'offrait à lui.

Ce n'était vraiment pas beau. On ressemblait tous à cette espèce de fusion entre une crevette et un cachalot avarié ? Il renifla discrètement et détourna son visage sur le médecin qui expliquait que le bébé, même dans un œuf, se développait plutôt bien. Si au départ, l'homme était plutôt inquiet quand à la nourriture que mangerait l'enfant, il se trouva plutôt rassuré en le voyant lentement pomper ce que l'on appelait le jaune d'œuf. Au moins, ça tiendrait les neuf mois, il n'y avait plus qu'à prier pour que tous les anticorps nécessaires s'y trouvent. Après un débriefing plutôt long dû aux questions du père poule de service, Dabi put enfin rentrer chez lui alors qu'Hawks enserrait son œuf avec encore plus d'amour qu'en venant.

En rentrant, l'être ailé, à défaut de pouvoir alimenter ses réseaux sociaux, alimenta toute la famille des « magnifiques » photos de l'échographie. Dabi se laissa lourdement retomber dans le canapé en se massant le visage. Il était déjà épuisé. Après un soupire, il jeta un coup d'œil à son père qui, un sourcil haussé, s'assit à côté de lui, le nez dans son mugs. Dabi ne dit rien, conscient que son père voulait briser la glace, détendre l'atmosphère.

« C'est moche, n'est-ce pas ? »

Dabi observa son paternel qui eut... Un étrange regard qu'il ne sut tout d'abord interpréter. Il se demanda s'il se foutait de sa gueule, s'il voulait maladroitement se rapprocher en leur cherchant un point commun ce qui n'était pas rassurant du tout. Il était vrai que s'il pensait comme son père et qu'il trouvait la première échographie moche, alors rien ne s'annonçait être bon pour la suite. Puis, le brun inclina la tête et comprit. Enfin. Il plaisantait. Ce qu'il voyait dans ce regard... C'était de l'amusement ! Endeavor sortait une blague. Il voulait définitivement se rapprocher de lui. Et là... Touya garda sa réplique acerbe pour lui. Pourtant, il aurait pu lui en sortir plein du type. « Qu'est-ce que tu en sais, tu regardais l'avancé de tes petits produits ? », « Tu es sûr que ça a changé ? Ne suis-je pas moche pour toi en plus d'être un raté ? », « C'est sûr que chez toi, la beauté est très subjective, surtout celle intérieur. », « C'est ce que tu disais souvent à maman quand elle te décevait, non ? », « Tu m'étonnes avec ce genre de pensées que tu ais fait un père minable. ». Mais non, il se retint. Il se retint et se contenta de rire légèrement, amenant un demi sourire sur le visage d'Enji, un visage détendu.

Le jour où on a chié dans le salonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant