Baby Blues

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Étalé sur le sol de cette nouvelle maison bien trop grande pour lui, Dabi observait le plafond du salon, plongé dans le noir et une bouteille de saké à la main. La petite était chez sa mère qui avait presque exigée de l'avoir auprès d'elle et Hawks se trouvait en mission de déplacement. Il ne serait pas rentré avant quelques jours surement et ne pouvait donner de nouvelles à Dabi.

La journée avait été particulièrement éprouvante et en réalité, il n'avait pas vraiment envie d'y penser tant les souvenirs tournaient de manière infernale en boucle dans sa tête. Il n'y avait rien à garder, rien de bon à garder en tout cas. Nouvelle gorgée de saké, il ne faisait même plus attention à son estomac qui s'accrochait comme il le pouvait en appelant au secours, il ne faisait plus attention à rien. Après tout, il était seul, personne pour lui dire quoi faire, totalement seul pour la première fois depuis sa réinsertion. D'habitude, il y avait bien la petite pour le distraire mais là rien. Rien mis à part lui et ses souvenirs à la con. Nouvelle gorgée.

La fuite de chez lui à ses quinze ans. Nouvelle gorgée.

Ses brûlures qui avaient envahies sont corps afin de le détruire dans un vœu de mourir dans ses propres flammes sans penser aux conséquences. Nouvelle gorgée.

Les agrafes chirurgicales. Nouvelle gorgée.

L'adaptation et la cicatrisation. Nouvelle gorgée.

Le premier meurtre et la panique. Nouvelle gorgée.

Les premiers vols pour s'en sortir. Nouvelle gorgée.

Stain... Nouvelle gorgée plus longue que les autres.

Shigaraki. Nouvelle gorgée.

La Brigade Genesis. Nouvelle gorgée.

L'Alliance. Nouvelle gorgée.

Le Front. Nouvelle gorgée.

Les larmes de sang, l'envie de vomir. Nouvelle gorgée plus timide.

Les cris de détresse, l'appel à l'aide, bientôt il se retrouva en position fœtal à pousser des cris d'agonie alors que ses joues se coloraient de toujours plus de rouge. Là, tout de suite, il avait une envie irrépressible, celle de mourir, de se faire du mal, de mettre fin à ses jours.

Dans un élan nerveux, tous ses muscles se contractèrent et il forma une boule humaine tremblante et gémissante alors qu'il se mordait la partie encore saine de sa main jusqu'au sang. De nouvelles larmes, un cri d'agonie et bientôt, l'envie de gerber le prit aux tripes. Pourtant, il se contenta de mordre encore plus fort jusqu'à ressentir son propre fluide dévaler à l'intérieur de sa gorge, jusqu'à sentir son propre sang couler le long de ses avants bras alors qu'il plantait ses ongles rongés dans sa peau déjà meurtrie. Putain, que ça faisait mal, il avait mal partout et l'envie d'hurler le prenait toujours plus. Il aimerait vivre putain, vivre et mourir, mourir puis vivre, se déchirer pour vivre entre les deux et mourir toujours un petit peu. Un petit peu plus chaque jour pour finir jusque dans le cercueil sept pieds sous terre. Un nouveau cri, son estomac se tordait tellement qu'il eut un mouvement brusque. Les mains compressées contre son ventre, les genoux le maintenant et le front contre le sol, il vomit un mélange de bile et de sang, d'eau et de reste du maigre repas qu'il avait pris.

Sa tête lui tournait affreusement, il aurait aimé fermer les yeux pour ne jamais se réveiller ou du moins pas avant le lendemain matin, pas avant d'aller mieux. Pourtant, une idée chassa celle-ci, chassa la plus cohérente qui lui imposait le repos. Il allait attendre Hawks. Il le fallait, lui seul pouvait l'aider. Nouveaux vomissements, il ne s'arrêtait plus, son dos lui faisait atrocement souffrir à force d'être vouté mais il ne voulait pas se redresser. Non, il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas sous peine de vomir à nouveau, sous peine de faire un malaise et de tomber dans les pommes.

Le jour où on a chié dans le salonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant