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Deux jours de calme plat s'étaient écoulés depuis ma dernière visite. J'étais assez satisfait de moi, mon autorité avait finalement payé et permit ainsi la validation de mon quotas de huit heures de sommeil, et ce, deux nuits de suite ! Un rêve exaucé !

Toutefois, par précaution, j'avais approfondi les recherches sur le tapage nocturne et les voies de recours afin de solutionner le problème. La fameuse lettre de conciliation amiable avait déjà été testée à de nombreuses reprises, mais ce Kim l'avait tout simplement ignorée, n'y donnant pas suite et ne fournissant aucun effort pour atténuer son boucan infernal. Résultat: je devais procéder à la prochaine étape afin de rendre mon quotidien un minimum plus vivable. Deux choix s'offraient à moi. Soit je lui envoyais un avertissement avec mise en demeure, soit j'appelais la police -au moment propice- pour qu'elle constate la nuisance sonore et lui adresse une amende digne de ce nom pour avoir perturbé mon sommeil depuis des mois et des mois.

En ultime recours, il me restait toujours le dépôt de plainte, que je gardais soigneusement dans ma poche en réserve. Toute cette histoire devait cesser dans les plus brefs délais. Pour l'instant il se tenait tranquille, mais j'avais prévu le grand jeu au cas où la bête se réveillerait à nouveau. Mon marteau et ma perceuse-visseuse aussi se tenaient prêts à l'attaque. D'ailleurs j'avais bien envie de camper un placard mural juste au dessus de mon lit, en plus de l'étagère et du cadre que j'ai accroché l'autre matin.

D'une bonne humeur relative, j'enfilai un pantalon puis je dévalai les escaliers en direction des boîtes aux lettres. Enfin, qu'allais-je y trouver si ce ne sont mon relevé bancaire, mon avis d'impôt et ma facture d'opérateur ? Tout bien réfléchi, mon entrain inhabituel m'avait déjà quitté.

À mesure que j'approchais du rez-de-chaussée, j'entendis une porte de boîte aux lettres se fermer puis la silhouette de mon tapageur de voisin apparut sous mes yeux déjà exaspérés. Il tenait une enveloppe entre ses mains, les sourcils froncés de concentration.

Sa mine s'illumina dès lors qu'il remarqua ma présence, ce qui accrût mon pressant caprice de faire demi-tour. Quoique, sa nouvelle coiffure valait le détour. Cheveux bruns, légèrement ondulés. Ça lui changeait du châtain clair habituel.

« Comme je dis si bien, les grands esprits se rencontrent !

J'ignorai sa réplique. J'insérai ma clef dans la serrure et m'activai à jeter la publicité dans la poubelle du hall d'entrée, hâtif de rentrer chez moi le plus vite possible. Mais ce fut sans compter cet énergumène qui avait visiblement décidé d'en faire de même.

- Ça me fait penser que vous avez déjà visité mon appartement mais moi je ne connais toujours pas le vôtre !

- J'en parlerai à mon cheval, bougonnai-je platement en gravissant les marches des escaliers.

- En plus d'être beau, susceptible et mélomane, vous avez le sens de l'humour !

Je me stoppai net dans ma marche, pivotant sur moi-même et affichant un sourire faussement narquois. Je décidai d'opter pour la retenue et l'audace, n'ayant rien à gagner à faire un caca nerveux en plein milieu du hall de l'immeuble.

- À force de me complimenter, je vais finir par croire que vous crushez sur moi. »

Contre toute attente, il se contenta de plonger son regard dans le mien. J'arquai un sourcil d'interrogation.

Oh.

⎡Sonore⎦ ʈkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant