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Deux semaines s'étaient écoulées, sans aucun bruit. Il avait tenu parole. À vrai dire, aussi hilarant que cela puisse paraître, je me sentais inquiet. Il ne s'était pas seulement contenté de stopper toute nuisance sonore, non, il avait complètement disparu de la circulation. J'aurais pu penser qu'il reviendrait sonner à ma porte pour récupérer sa corde à sauter mais il n'en fut rien. Je l'avais juste recroisé dans le hall d'immeuble, point.

Des mois qu'il m'importunait, et à l'heure actuelle le changement se ressentait un peu trop soudainement. C'en était limite louche.

Lire ma lettre de mise en demeure a dû lui porter un coup au moral, mais pensait-il à mon moral lorsqu'il m'empêchait de dormir ? Je n'avais pas à m'excuser, c'était bien moi la victime dans toute cette histoire tordue ! Pas lui. Alors désolé de briser ses illusions, mais-

Oh, quelqu'un sonne. J'abandonnai toute activité pour aller ouvrir.

« Monsieur Jeon, bonjour !

Ma mâchoire manqua de se décrocher. C'était lui, tout sourire.

- Bonjour, répliquai-je, toutefois sans l'enthousiasme qui avait accompagné le sien. Enfin, j'étais soulagé de le revoir mais son entrain habituel m'avait prouvé maintes fois par le passé qu'il fallait rester sur mes gardes.

- J'ai réfléchi et j'ai réalisé combien je vous ennuyais avec mes bêtises.

Miracle, il avait pris du recul ! Était-ce une caméra cachée ? Un poisson d'avril en retard ?

- Et donc ? osai-je, en attente de la suite.

- Eh bien, je vous présente mes excuses, sa voix grave résonna avec conviction. Incrédule mais méfiant, je le scrutais attentivement dans les yeux à la recherche de la moindre faille. L'amour rend idiot.

- Mais il n'autorise pas tout, lâchai-je du tac au tac, réalisant peu à peu ses propos. Finalement j'avais vu juste à son sujet.

- J'en conviens. Alors, comment puis-je me faire pardonner ? il enchaîna, sûrement ravi à cette nouvelle perspective.

On pouvait dire qu'il ne perdait pas le Nord.

- Vous êtes comme ça au boulot ? Borné, enfantin, agaçant ?

- Oh, pas vraiment. On me surnomme l'as de la condamnation.

- L'as de la condamnation ? répétai-je sans comprendre.

- Je vous rappelle que je suis avocat, un sourire charmeur élut domicile sur ses lèvres, que je me mis à lorgner comme par réflexe. Quand je dégaine, je condamne. »

Un paradoxe de plus à ajouter sur la liste; ces deux attitudes constituaient deux opposés distincts que je n'aurais jamais cru compatibles au sein d'un même être. Il avait l'air d'un nounours insupportable en tant que voisin mais en tant qu'avocat, c'était un parfait tueur. Je n'aimerais pas occuper le rôle de l'avocat adverse.

La conversation ne s'éternisa pas bien longtemps. Je m'étais un peu détendu au fur et à mesure qu'on échangeait, troquant partiellement ma méfiance pour une certaine curiosité à son égard. 

⎡Sonore⎦ ʈkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant