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Le soir venu, je ne cessais de repenser à la scène qui s'était déroulée quelques heures plus tôt. À quoi jouait-il avec moi ?

J'avais bien saisi que sa motivation était de me mettre des bâtons dans les roues, de m'enquiquiner malgré mes maintes protestations et d'attirer mon attention, mais quel être normalement constitué agissait ainsi ? D'autant plus qu'il connaissait un minimum la loi pénale, sans aucun doute.

Je n'avais pas oublié sa réaction singulière de l'autre jour, après lui avoir sorti qu'il était attiré par moi. Si mon impression s'avérait exacte, sa technique d'approche était tout simplement grotesque ! Malgré cet aspect, ses quelques compliments à mon égard m'encourageaient sur cette piste.

J'avais aussi remarqué que dès que j'arrivais devant chez lui, il me proposait quelque chose à boire. Ce mec était vraiment spécial. Parce qu'en se comportant comme il le fait, il me donnait juste envie de me tenir le plus éloigné possible de lui.

Alors que je me creusais les méninges pour élucider le fin fond de cette histoire, une voix grave provenant de l'autre côté du mur me fit froncer les sourcils.

En parlant du loup.

Qu'avait-il encore inventé ?

Je tendis l'oreille, à la fois intrigué et irrité, pour finalement comprendre qu'il m'offrait un concert privé à vingt-trois heures trente du soir.

Quelle chance j'avais... Je poussai un grognement bestial, il allait finir par m'achever définitivement, épuisé comme j'étais. Cela servirait-il à quelque chose que je me pointe devant son appartement ? Des mois que je le conjurais d'arrêter ses âneries. Auparavant, j'avais réussi à m'accorder quelques soirées de calme en déplaçant les objets facteurs de troubles, mais là...? Je ne peux quand même pas l'enfermer dans la cave ou le balancer par la fenêtre !

D'un autre côté, ma journée de boulot commençait tôt demain matin.

Ni une ni deux, je me retrouvai devant son habitat, seulement équipé d'un bas de jogging, mon téléphone et mes clefs. Il m'ouvrit, un large sourire ancré aux lèvres qui me donnait d'odieuses envies.

« Bonsoir Monsieur Jeon, semblant réjoui, il s'exclama. Vous venez me rendre ma corde à sauter ?

- Vous savez très bien pourquoi je suis ici, crachai-je presque. Je vous préviens, ça va mal se finir cette fois.

- Après ma corde à sauter, vous venez me confisquer ? Il sembla peser le pour et le contre avant de poursuivre. Ça me va.

Je plissai les yeux, le toisant suspicieusement. Sa foutue manie de me parler d'un ton à la fois gai, innocent mais fourbe allait finir par me faire péter un câble.

J'extirpai mon cellulaire de ma poche et composai le numéro de la police, sous son regard ébahi. Je laissai le pouce en suspend au-dessus de l'icône du petit téléphone vert, prêt à mettre ma menace à exécution.

- Vous voulez toujours chanter ce soir ?

- Curieusement vous m'en avez coupé l'envie, il murmura, jonglant entre mes deux orbes.

- Formidable, bonne nuit. » 

⎡Sonore⎦ ʈkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant