Sans sens :

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Du 18 Mars 2019 :

Aujourd’hui, j’ai beaucoup pensé à toi, cela m’arrive souvent quand les intéressantes occupations auxquelles je vaque me délaissent sans même un message... Sans toi, j’ai l’impression que ma vie n’a plus de sens. Faut dire qu’en même temps de perdre ma jambe, j’ai aussi perdu ma boussole. Je perds le Nord en quelque sorte, mais je ne le connais plus. Je ne sais pas ce que je suis devenu, il m’est devenu impossible de savoir. Voire même de ne plus comprendre... ce que je dis n’a pas grand sens, mais je te le répète sans doute ne m’as-tu pas entendu mais sans toi je ne suis rien. Toi qui formes le tout d’une vie. Qui ne comprends pas que sans toi, qu’un fil puisse se couper, rompre comme un ligament, ou comme une jambe arrachée sur un champ de bataille, te rends-tu compte de la déchirure horrible que tu causes lorsque tu n’accompagnes plus mes pas, lorsque tu ne suis plus mon regard, ou lorsque tu ne me laisses même plus sentir rêveries de papiers afin de continuer à marcher. Le vacarme du silence m’empêche de penser à autre chose qu’à toi mais enfermé dans ma bulle sans son je ne peux plus prétendre à penser ne serait-ce qu’à moi... On m’a laissé pour mort sans aucun moyen de savoir ni même de comprendre dans quel état j’étais et comment je pourrais éventuellement m’en sortir. Mais si l’espoir ne peut même pas m’apporter ne serait-ce qu’une réponse décente alors il ne sert à rien de rester seul. Bloqué dans une bulle d’ignorance où le seul écho qui me parvient est celui d’une solitude silencieuse que vous ne connaissez pas. Dans mon monde la soustraction est tout le temps égal au néant. Zéro. Je pense que c’est le nombre de secondes qu’il me reste à espérer une sainte action qui me rendrait meilleure personne aux yeux du monde - utile au moins, ou nombres d’activités auxquels m’adonner afin d’attendre... Suis-je synesthésique, à confondre mes sens aux abysses, noyé dans la pression du trou béant dans lequel la vie m’a placé. Personne ne peut m’entendre, je ne pourrais jamais sentir les couleurs me caresser, je ne peux pas non plus sentir la vie ou la douceur m’agresser... Mais aujourd’hui je ne suis plus rien car sans sens la vie n’en a plus. Et sans vie sera mon corps si je réussis ne serait-ce qu’à trouver une échappatoire à cet enfer. Je cherche les flammes du Jugement Dernier, les flammes qui m’ont ravies mes sens et sans qui aujourd’hui je serait un autre, ces brulantes rougeurs que j’eus cru humer un jour auraient dû m’apprendre qu’à trop s’approcher de ces créations démoniaques on se brûle les ailes. Mais il est trop tard. Mon âme ravie par ces flammes serait ravie de les retrouver, mais l’échappatoire est impossible car sans sens impossible de trouver un sens vers lequel me tourner. Si seulement quelqu’un pouvait m’indiquer vers où aller afin de terminer ma piètre et inutile existence. Mais personne en dehors de ces murs qui m’emprisonnent ne serait assez fou pour me le dire. Malheureusement seul un fou pourrait me comprendre... mais on sait tous où les fous résident. Et cela ne m’avance pas. J’aimerais trouver une autre solution mais je le répète, je tourne en rond, il n’y a pas d’échappatoire, c’est une folle farandole dans laquelle je préside l’orchestre du silence qui émeut la seule personne qui le compose, mon amie de toujours : la solitude. Au final, je ne suis plus si seule... En y réfléchissant bien...
Mais il ne suffit pas de réfléchir pour se sentir bien. Il nous faut bien plus. Toujours plus. Mais je n’ai plus fin d’apprendre. Car ici. Je n’ai point de bibliothèque. Je n’ai que ma tête.

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