SOUVENIR - NOUVEL AN 2020

198 34 64
                                    

FILM : Last Christmas, réalisé par Paul FEIG

MUSIQUE : Have Yourself A Merry Little Christmas, interprétée par Frank SINATRA

Priya

Les mains dressées vers la boule aux facettes, je me déhanche aux rythmes entraînants de la musique. Nullement épuisée, la sueur ruisselle dans mon dos sous l'effort tandis que mon rythme cardiaque redouble. L'alcool coule dans mes veines et me rend davantage enclin à la fièvre de la piste de danse.

Oh c'est bon ! Ne me faites pas les gros yeux !

Boire un peu ne fait pas de moi une mauvaise fille. Certes, mes parents qui sont bouddhistes ne cautionneraient pas cela, et encore moins la façon dont j'ai de me trémousser au milieu des corps enflammés. Toutefois, j'en ai besoin. Profiter de cette soirée de répit avant d'affronter le combat qui se dresse sur mon chemin.

Les yeux bleus de Lucien sont hypnotisés derrière leur paire de lunettes par le mouvement lancinant de mon bassin qui ondule. Il n'écoute pas un traître mot de ce que Baptiste lui glisse à l'oreille. Ce doit être cette adoration aveugle qui m'a rendue folle amoureuse de lui. Le fait qu'il m'observe longuement sans jamais rien prononcer, comme si j'étais le plus beau des cadeaux glissés sous le sapin.

Mes lèvres s'étirent tandis que je lui envoie un clin d'œil aguicheur.

Nos premiers jours, ici, étaient divins. Glissés au milieu des plaids, nos corps chauds tentaient de trouver le repos entre nos parties de jambes torrides au coin du feu. Je ne me souviens pas avoir autant joui en si peu de jours. L'envie de sentir sa peau contre la mienne était pressante et me poussait à lui tourner autour comme une lionne prête à jaillir sur un pauvre gnou.

Chaque baiser, chaque caresse et chaque gémissement sont imprimés à l'encre indélébile dans mon esprit. Jamais je n'oublierai tout le bien que cet homme m'aura procuré. Homme que j'ai aimé, que j'aime et que j'aimerai pour le restant de ma vie.

Mais c'est fini. C'est ainsi.

Le bonheur ne dure qu'un temps. Frédéric Beigbeder a écrit que l'amour ne dure que trois ans, mais même si je suis persuadée qu'il peut vivre une éternité, le nôtre n'aura existé que dix ans.

Par la faute du vingt-six décembre deux mille dix-neuf, un jour qui fut le plus affreux de tous.

Encore une...

Les larmes me montent aux yeux, mais je les réfrène. Il ne faut surtout pas qu'il m'aperçoive pleurer. Ma décision est prise. Je ne peux plus et je ne veux plus revenir en arrière.

Pourquoi est-il aussi dur pour la personne calculatrice que je suis d'accomplir les plans qu'elle s'est dressés en tête ?

1.Garder la tête froide.

2. Ne plus l'embrasser, ni le toucher amoureusement.

3. Lui avouer implacablement ma requête.

Simples, précis et efficaces. Les règles sont là. Il va souffrir, et moi encore plus que je ne suis déjà en train de souffrir.

Un nœud me tord l'estomac et sans plus tarder, j'accours jusqu'aux toilettes de la boîte où nous passons le réveillon. Une fois enfermée dans une cabine, je vomis tout ce que j'ai pu ingurgiter. En proie aux haut-le-cœur, je me laisse glisser contre la porte et finalement, je pleure tout mon soûl.

Le chagrin me déchire de l'intérieur, ainsi que la rage qui menace de l'anéantir. Je ne me suis jamais sentie aussi triste, désespérée et inutile. Bien que j'aie réussi à lui cacher les raisons de ma morosité, pour ma perte d'énergie, j'ai prétexté un mauvais état grippal. Cet état s'est prolongé durant trois jours où ma carcasse fatiguée et enveloppée dans une couette se traînait dans chaque recoin du chalet. Toute respiration était douloureuse et me rappelait inlassablement que j'étais en vie, mais que l'envie d'en terminer était tout autant présente. Chacune de ses caresses me remémorait les informations que je lui cachais. Chacun de mes baisers et mots rassurants étaient mensongers.

Joyeux Noë'nnes ! [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant