SOUVENIR - NOËL 2007 (suite)

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❄ Priya ❄ 

Le silence est roi, mais nullement dérangeant. Entre Lucien et moi, ils sont complices. Tout comme les regards que nous nous échangeons. Le sien énamouré me détaille minutieusement, accroissant mon rythme cardiaque. Il sait à quel point l'attention des gens m'intimide. Qu'aucun duel de regards ne sera gagné par mes soins, parce que le rouge me monte automatiquement aux joues et que je me sens constamment obligée de détourner les yeux pour fuir les pupilles bien trop envahissantes de curiosité.

Cependant, face au bleu de l'océan, ma timidité devient une ancre. Elle coule dans les profondeurs, totalement immergée.

— J'adore tes yeux, soufflé-je, la bouche contre son épaule avant de la baiser avec tendresse.

Et tout autant sa peau pâle et parsemée par de mignonnes taches de rousseur, ajouté-je mentalement, craignant de l'effrayer pour de bon et de l'apercevoir détaler hors de la chambre.

Son épiderme chaud contre le mien est doux et agréable. Cette proximité n'est pas pour me déplaire, et le membre de Lucien contre ma cuisse y semble tout autant réactif.

— Est-ce que je risque de passer pour un gros pervers, si je te rétorque que la partie corporelle que je préfère chez toi, se trouve être ta bouche ?

Un immense sourire lui dévore le visage, alors que je m'esclaffe. Ma bouche ?

— Chutttt, on va se faire cramer si tu continues à te marrer si bruyamment... me conseille-t-il, son souffle se mélangeant au mien.

À l'instant, le Lucien blagueur redevient sérieux. Son sourire se meurt en une expression perdue. Il paraît complètement désappointé, sous l'assaut de la caresse langoureuse que mes doigts lui procurent le long de sa cuisse brûlante. Ceux-ci remontent de son genoux, traçant de leur pulpe des dessins imaginaires sur l'épiderme sensible, jusqu'à l'aine où ils s'arrêtent. Tous ses muscles sont contractés, alors que nos regards sont ancrés.

Je jouis de sa réaction intimidée, alors qu'au contraire, je devrais être pétrifiée.

Dans le plus simple appareil, je me la joue déesse de la luxure – ou du moins, j'y essaie. Moi qui viens à peine de découvrir les plaisirs de la chair, ce qui je dois affirmer est totalement différent de ce que mon imagination me proposait. Bien heureusement, Lucien s'est montré à la hauteur du petit-copain tendre et attentionné qu'il est au quotidien, mais le fait qu'il jouisse en un rien de temps m'a totalement désarçonnée. Moi aussi, je désire connaître l'exaltation des sens, ce que les faux-prudes prononcent d'une voix suave, avec une œillade complice, « petite mort ».

Alors, la seule réponse à la culpabilité sous-jacente du beau blond était de le rassurer. De lui affirmer que ce n'avait pas été si horrible. De l'encourager avec taquinerie à progresser. Parce que celui-ci ne s'en sortira pas, tant que je n'aurai pas connu le même plaisir.

— Tu m'as promis un orgasme.

Sa bouche se referme immédiatement. Tel un poisson hors de l'eau, il donne l'impression de suffoquer, tant il déglutit avec difficulté. L'aurais-je choqué ?

— Cette nuit ?

Non, demain matin au petit-déjeuner devant tous les autres convives, imbécile ! Cela me demande une force de dingue pour ne pas lui rétorquer ceci. Parfois, ses questions innocentes et spontanées remettent vraiment en question ses facultés intellectuelles.

— Tu as un train à prendre, peut-être ? le questionné-je, les sourcils haussés.

Bon dieu ! En plus, il prend un temps éternel avant de répondre, comme si sa raison lui soufflait qu'il était inconcevable de recommencer les hostilités. Mi-raisin mi-figue, son air indécis me met hors de moi, si bien que je décide de rompre la glace en me redressant, afin de retrouver ma culotte et mon pyjama. Puisqu'il est incapable de prendre une seule bonne décision, mes doigts se chargeront amplement de remplir leur rôle, dans ma quête vers le septième ciel !

Joyeux Noë'nnes ! [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant