Joyeux Noë'nnes ! [Terminé]

SOUVENIR - NOUVEL AN 2018

FILM : Edward aux mains d'argent

MUSIQUE : O Holy Night

❄ Lucien ❄

Est-ce normal de se sentir aussi vide ?

Un trou béant s'est creusé dans ma poitrine et m'empêche d'appréhender l'excitation propre que génère l'approche de la Nouvelle Année. Celle-ci devait s'avérer fabuleuse et révélatrice de changements. Hormis le changement qui s'est opéré dans mon cœur, rien ne modifiera notre avenir. Rien ne se passera comme je l'avais prévu. Rien ne se déroulera comme mon imagination se l'était figurée.

Le cœur en miettes, ma respiration dans ma cage thoracique s'affole. Au cours de ces dernières semaines, j'éprouve un certain mal à inspirer et expirer normalement, comme si un poids obscurcissait mon poitrail. Le psychologue que j'ai consulté pour le moment au nombre de deux fois, m'assure qu'il est légitime d'être dans un pareil état.

Néanmoins, mon apitoiement et mes pensées sombres ne correspondent pas au Lucien d'antan. Celui-ci serait sûrement en train de se marrer en observant Margot s'égosiller sur Baptiste, qui a aspergé son salon en ouvrant une bouteille de champagne. Il ne viendrait pas en aide à son meilleur ami et préférerait rester spectateur d'une scène aussi risible. Il en rajouterait une couche, et soufflerait à la furie blonde que le grand brun a aussi rayé le flanc arrière droit de sa Mini Cooper en effectuant un créneau entre deux poteaux il y un mois.

Ce Lucien-là a toujours été un gai luron, un du genre à rajouter de l'huile sur le feu et à se bidonner de tout et de rien.

Pourtant, ce soir, même la claque que Margot administre derrière le crâne du plus grand dragueur invétéré qui, par malchance, a louché un peu trop longtemps sur le cul de l'une des convives, ne lui arrache pas le moindre rictus amusé.

Le vide est bien trop imposant pour lui causer une crise de fous rires.

— Je te jure ! Elle ne paie rien pour attendre ! Me corriger devant tout le monde et me disputer comme si j'étais son putain de gosse ?! Cette nuit, je peux t'assurer que les rôles seront inversés et qu'elle me suppliera de lui cingler les fesses ! me lance Baptiste, avec un regard goguenard posé sur sa compagne.

Mes yeux le détaillent minutieusement. Ses doigts gourmands chipent des amuses-bouches sur un plateau avant de les fourrer goulument dans sa bouche.

— Je te remercie, mais je ne pense pas que de telles informations étaient nécessaires à ma connaissance.

Mon meilleur ami a toujours le verbe trop important. Quand il s'agissait de vanter ses exploits sexuels, il était le premier à débattre de qui avait la plus longue et de qui avait le nombre le plus élevé de conquêtes d'un soir. Forcément, concernant le second débat, j'étais assez mal placé : ma seule conquête véritable se résumant à mon épouse. Je pouvais difficilement lui tenir concurrence, et je ne m'en suis jamais plaint parce que la connexion charnelle que Priya et moi nourrissons, dépasse toute espérance.

— Ne commence pas à devenir prude, Lulu ! Rien ne pourrait te faire rougir. Même savoir que Margot adore être prise sauvagement par sa queue de cheval, lorsque je la pilonne, ne t'effaroucherait pas !

S'arrêtera-t-il un jour ? Mes oreilles auront suffisamment souffert pour aujourd'hui. Déjà qu'elles n'étaient pas très chastes par sa faute... à présent, elles sont corrompues. Il ne serait pas surprenant de les voir saigner !

— Est-ce que tu es en train de me suggérer un stupide défi, par tes sous-entendus lubriques ? Ou te sens-tu obligé de raconter à quiconque tes performances sexuelles pour te rassurer du bon fonctionnement de ton couple ?