Chapitre 6

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FILM : Le Journal de Bridget Jones, réalisé par Sharon MAGUIRE

MUSIQUE : Sleigh Ride, interprétée par The Ronettes

Lucien

OK. Prêt à affronter un froid glacial qui retournerait un mort dans sa tombe ?!

Le bonnet vissé sur le crâne, je réajuste l'écharpe autour de mon cou. La même que Priya m'a offerte il y a cinq ans. Certains estimeraient qu'elle est dépassée de mode. Toutefois, je l'adore comme au premier jour. Sa laine gratte, mais elle réchauffe, et ses couleurs vives sont devenues ternes.

— Hey, marmotte ! Réveille-toi ! Tu n'as pas envie de te dégourdir les papattes ?!

En parlant de ma charmante épouse qui a toujours eu le don de choisir les cadeaux idéaux, elle s'agite autour de Noënne qui ouvre ses yeux fatigués et qui jette une minuscule œillade à sa maîtresse. Il semblerait que la dormeuse de compétition ne soit pas très enjouée à l'idée de sortir s'aérer. Elle s'étire dans son panier avant de retrouver une position confortable afin de prolonger sa sieste.

La laisse en main, Priya est dépitée devant le peu d'enthousiasme que manifeste notre chienne. Les caresses qu'elle lui prodigue, ne lui sont d'aucun réconfort ; et bien qu'elle lui adresse encore quelques mots pour l'attirer dans ses filets, le golden ne bouge pas d'un poil.

— Mon amour...

La tornade brune bifurque et m'offre un regard qui électrocuterait tout humain ténébreux qui oserait s'approcher de la déesse. Au lieu de me paralyser, ses foudres me stimulent. Je nous revois sur le perron des Durval lors de notre premier baiser. Elle affichait ce même air dédaigneux et déçu, mêlé à un soupçon de colère sourde. Bigre ! Lorsque j'y repense, je n'aurais jamais dû fondre sur sa bouche sans son consentement audible. Quoi que... l'abandon auquel elle s'est livrée dès les premières secondes, était suffisamment indicateur d'un désir sous-jacent.

— Priya... me corrigé-je avec une certaine déception. Noënne n'a pas trop envie de promener. Néanmoins, cela ne nous empêche pas d'affronter la météo.

— On ne la laisse jamais seule, m'objecte-t-elle. Et elle n'a pas l'air en très grande forme. Son indifférence face à sa laisse me tracasse.

En effet, l'expression lasse qu'elle arbore, m'inquiète tout autant. Elle n'a soufflé que sa neuvième bougie. Pourtant, elle éprouve des difficultés lors de ses déplacements ou quand elle mange. Selon le vétérinaire, il n'y a rien de plus normal. Les chiens de sa race commencent à vieillir dès leur dixième année. Elle n'est plus la boule de poils pleine d'entrain, qui retournait toute une assemblée sur son passage. Au détriment de sa balle préférée, elle préfère son coussin moelleux. Les trous, elle n'en creuse plus un seul. Les chaussures n'attirent plus ses crocs acérés. Et les longues balades l'épuisent.

— Elle est simplement plus maline que nous et ne désire pas se geler les coussinets ! je lui jette dans une tentative de la rassurer.

L'essai est vain. Son front est barré par le souci qui l'accable, et elle perdure à lui prodiguer des papouilles. Noënne, qui en redemande, les yeux clos, lève une patte arrière. Ce simple geste m'arrache un rictus amusé. Elle a juste la flemme, et qui ne l'aurait pas en apercevant les éléments se déchaîner à l'extérieur ?!

Il neige à gros flocons et vente abondamment. Un épais tapis blanc recouvre le sol gelé et empêche depuis hier soir toute circulation. Le centre-ville est uniquement joignable à pieds ou en traîneau. De plus, les vents violents ont provoqué des dégâts sur le réseau électrique. Des branches sont tombées et ont entravé des routes. Résultat : nous sommes coupés du monde. Plus de courant. Plus de réseau.

Joyeux Noë'nnes ! [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant