Joyeux Noë'nnes ! [Terminé]

Chapitre 2

FILM : Voisin contre voisin, réalisé par John WHITESELL

MUSIQUE : Christmas Tree Farm, écrite par Taylor Swift

❄ Lucien ❄

Une musique assourdissante fait trembler tout le chalet et me réveille en sursaut.

Quelle mouche l'a piquée ?!

La place dans le lit à côté de la mienne est vide, et force est de constater que Noënne ne se trouve pas au pied du lit comme tous les matins. À la fois épuisé et énervé, je descends au rez-de-chaussée où une étrange représentation théâtrale est mise en scène.

Un pancake brûle dans une poêle. Un nuage gris s'en échappe, mais celle qui en est à l'initiative ne s'en préoccupe pas. Elle est beaucoup trop occupée à se déhancher de droite à gauche en sautillant dans tous les sens. Et le plus drôle est que Noënne l'accompagne. Debout sur ses pattes arrière, le golden saute sur place alors que Priya l'encourage par des mots incompréhensibles suite aux rythmes bruyants diffusés par la radio.

Cette vision adorable m'arrache un sourire ému. J'en oublie notre dispute de la veille ainsi que toutes celles que nous avons eues au cours de l'année. La voir ainsi me comble d'un bonheur sans pareil.

Un an qu'elle n'avait plus dansé à en perdre la tête. Un an qu'elle broyait du noir.

Cependant, cette danse de la joie n'est que de courte durée. Le détecteur de fumée se déclenche, provoquant un bruit monstre qui fait souffrir les tympans de notre chienne qui abandonne sa cavalière et qui court se réfugier à l'étage.

On peut bien dire que s'il nous arrivait malheur, Noënne ne serait pas la première à nous secourir. Elle est trop froussarde !

Affolée, Priya se rue sur la chose toute noire qui git sur le feu dans un écran de fumée et qui aurait dû être un pancake délicieux. Elle l'envoie valser dans la poubelle, non sans manquer de se brûler. Je lève les yeux au ciel tandis qu'elle jure comme une camionneuse. Ses doigts lâchent l'ustensile brûlant dans un fracas.

Ma miss maladroite ! Si elle ne tombe pas une fois durant les vacances de Noël, il lui arrive une autre broutille. Pas un mois ne passe sans qu'elle ne réalise par maladresse une bêtise.

Monté sur un ressort, je réagis comme j'ai l'habitude de faire. Les fenêtres ouvertes par mes soins permettent au vent frais d'aérer la pièce dont une forte odeur de brûlé émane, et rafraîchissent l'atmosphère enjouée. La danseuse peste toujours dans son coin, mais je ne lui offre pas l'occasion de râler davantage. Avec assurance, je m'empare de son bras avant de glisser la peau qui a souffert de la morsure du métal chaud sous l'eau glacée.

— Oh mon dieu ! s'offusque Priya qui tente d'ôter ses doigts du jet. Elle est glacée...

Mon regard assassin l'en dissuade ainsi que la force avec laquelle je maintiens son bras.

— Ne me fais pas les gros yeux ! m'avertit-elle avec une expression faussement sévère qui la trahit tout autant que le sourire qu'elle retient.

Mes doigts coupent l'eau et massent délicatement la chair qui n'a heureusement pas été brûlée à vif. Elle ne souffre que d'une petite brûlure qui formera une croûte épaisse avant de cicatriser. Rien de bien méchant même si son cri de douleur nous a presque autant percé les tympans que notre détecteur de fumée !

Mes soupirs de soulagement brisent le silence qui s'était brutalement installé. Les yeux noirs de Priya me sondent avec une tendresse infinie, et j'en viens presque à souhaiter qu'elle accepte la mienne en retour.