Chapitre 5 : Curieux départ

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Je croisai le regard paniqué de Milo, qui ne savait visiblement pas quoi faire. Paniqué... s'il savait de quoi je me souvenais, il reverrait sa définition de "panique".

Être forcé de voir une fille se faire violer puis de la regarder se faire tuer, tout en étant incapable de lui venir en aide à cause d'un couteau dont la lame bloquait votre gorge n'était pas une chose que l'on pouvait oublier.

Milo s'approcha doucement de moi et posa sa main sur mon bras. Je crus que j'allais le frapper, comme pour me défendre avec quelques semaines de retard sur les agresseurs, mais... je ne le fis pas.

Frapper quelqu'un m'aurait permis de soulager ma panique et m'aurait évité de m'énerver juste après, mais... une lueur calme dans le fond de son regard marron m'apaisa presque instantanément.

— Je vais bien, répétai-je avec plus de conviction sans quitter le regard de Milo.

Il souffla doucement, soulagé.

— Je t'aurais bien serré dans mes bras, dit-il en retrouvant son éternel sourire amusé, mais je ne vais pas prendre le risque de finir encastré dans un mur.

Je haussai les épaules avec une nonchalance feinte tandis qu'Ayah retenait de nouveau un sourire amusé.

— On peut y...

— On y va, le coupai-je net. Avant que je ne change d'avis et que je ne repique une crise ridicule. Je... je t'ai déjà fait prendre assez de retard comme ça.

— Tu ne m'as fait prendre de retard sur rien du tout. J'ai prévenu mon lycée de mon absence et reporté mes quelques rendez-vous à la semaine prochaine.

— Tes rendez-vous ? répétai-je, intrigué.

D'abord, John qui était exagérément intimidé par Milo, puis cette façon dont il avait parlé de ses rendez-vous qui laissait sous-entendre qu'il avait une vie bien remplie. Qui était-il, bon sang ?

— Au revoir, monsieur Wildstone, dit Ayah. Au revoir, Noah.

Je sursautai légèrement. Non pas à cause de mon nouveau prénom, mais car je réalisai que je ne la reverrais sûrement plus. J'hésitai quelques secondes avant de simplement lui souhaiter une bonne journée. Je suivis ensuite mon acheteur qui se dirigeait vers la sortie.

On traversa en silence la première cour, puis un bâtiment et une autre cour avant d'enfin atteindre le parking. Sur le côté droit étaient garées les voitures du personnel de John qui ne dormait pas ici, dans le bâtiment un – comme John lui-même, sa secrétaire et quelques autres. Sur le côté gauche, réservé aux visiteurs, ne restait plus qu'un véhicule qui me sembla fort coûteux.

— C'est ma voiture, dit fièrement Milo en suivant mon regard.

— Je l'avais deviné, marmonnai-je, ce qui le fit rire.

Il ouvrit ma portière pour me laisser monter, me faisant de nouveau râler :

— J'aurais très bien pu le faire moi-même !

— Et je n'en doute pas une seule seconde, répondit-il en s'asseyant à ma gauche, devant le volant.

Et en plus, il me donnait raison, cet idiot ! Je soufflai et croisai les bras après avoir attaché ma ceinture de sécurité. Je me sentais très nerveux à l'idée de bientôt quitter les locaux de John Johnson.

La voiture commença à rouler et je me forçai à contrôler ma respiration. La dernière fois que j'étais sorti...

Je me collai contre la fenêtre pour essayer de voir, malgré la vitesse, le paysage défiler. La vitre s'abaissa soudainement, me faisant sursauter. Je me tournais vers Milo qui se retenait visiblement de rire. Je ne trouvai pas ça drôle.

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