Chapitre 12 : Pas de pitié

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J'étais resté quelques minutes supplémentaires dans le salon, immobile, essayant de comprendre ce qui clochait avec les Wildstone en général, en vain. Dans le domaine scientifique... ce n'était pas une information suffisamment précise pour que je ne puisse en déduire quoi que ce soit.

Las, je montai les escaliers et me dirigeais vers ma chambre, avant de faire demi-tour et d'entrer sans frapper dans celle de Milo. Puis je demandais :

— Tu détestais Ylan même avant de me connaître ?

Allongé sur son lit avec un livre à la main, il sursauta violemment avant de relever la tête vers moi.

— Hé, frappe avant d'entrer ! s'écria-t-il en portant une main à son cœur, surpris.

— Je viens de te poser une question.

Il attendit quelques secondes que son rythme cardiaque ne se calme avant d'enfin me répondre.

— Oui, fit-il. Depuis tout petit, je le hais.

— Pourquoi ?

Son sourire se fana et il baissa la tête.

— Je t'ai déjà dit que je ne te parlerais pas de mon passé sans retour de ta part, articula-t-il lentement.

— Mais j'ai déjà parlé, le contredis-je. Un peu. Et c'est déjà bien, pour le moment. Alors, tu peux aussi le faire.

— Pas envie, dit-il en se rasseyant un peu mieux sur son lit.

— Tu crois que ça m'amuse de te raconter cette soirée petit bout par petit bout ? raillai-je, bien déterminé à apprendre quelque chose sur Milo.

— Je...

Il souffla longuement. C'était vraiment déconcertant de le voir sans son éternel sourire heureux.

— Disons qu'Ylan ne m'a jamais apprécié et qu'il me le faisait bien comprendre, soupira Milo.

— Il te frappait ? suggérai-je en m'asseyant sur le bord de son lit.

Il hésita longuement avant d'hocher la tête.

— Un enfoiré depuis toujours, dit Milo en s'affallant contre ses oreillers.

Je n'ajoutais rien, ne sachant pas le moins du monde comment réconforter quelqu'un.

— Noah, on parle d'Ylan depuis tout à l'heure, mais tu n'as pas fait de crise, remarqua alors mon acheteur en se redressant. Pourquoi ?

— Je crois que j'ai encore du mal à assimiler le prénom Ylan à la pourriture qui a déjà tué, répondis-je après réflexion.

— Pourquoi tu ne l'as pas dénoncé à la police ? me demanda-t-il alors.

Ce fut à mon tour de baisser les yeux, livide.

— S'il te plaît, insista Milo.

— Pour ma déposition je devais raconter. Alors que je refuse de mettre des mots sur ce qu'il s'est passé, je refuse de réassister une seconde fois à cette soirée, même rien que par le biais de souvenirs. Donc ma déclaration n'a pas été prise au sérieux.

— Merde, souffla-t-il.

On resta longuement silencieux.

— Noah ? fit Milo. On va faire un compromis. Comme toi tu ne veux pas parler de cette soirée et moi de mon enfance, à chaque fois que l'un de nous réussira à dire quelque chose, l'autre devra le faire aussi.

— Ça me va, fis-je après une brève hésitation. Enfin, je crois.

***

Création 97Où les histoires vivent. Découvrez maintenant