Le week-end s'était ainsi terminé.
Milo et moi étions donc rentrés à Zéphyr-Sur-Mer alors que, grâce à Sarah, Ylan fut mis en garde à vue aux alentours de dix-neuf heures. Le commissaire avait approuvé l'idée que dans cette affaire, s'il était laissé en liberté avant qu'elle ne remonte jusqu'à un tribunal, il aurait le temps d'inventer d'énièmes faux alibis avec ses complices... j'étais choqué de voir à quel point on me prenait au sérieux alors que le jour même de la soirée, on avait ri et m'avait pris pour un imbécile cherchant à attirer l'attention.
Tout était plus crédible lorsqu'on était secondé par une policière et un avocat, visiblement.
***
— Tu es sûr que tu veux aller au lycée ? me questionna Milo avec un regard sincèrement inquiet.
Il venait de se garer sur le parking.
— Oui, répondis-je. On a déjà séché les cours pour aller à Disneyland, je te rappelle !
Il rit légèrement, ce qui m'arracha un sourire.
— Compris ! Soyons réglos cette semaine.
On descendit de la voiture sans plus attendre, pressés par la sonnerie stridente annonçant le début des cours de la journée.
L'un des avantages qu'avait engendré son ancien coup de gueule pour être dans la même classe avait un avantage : nous avions le même emploi du temps et, logiquement, les mêmes professeurs, soit monsieur Nëja pour les mathématiques et la littérature. Nous commencions d'ailleurs par ce cours là.
– Ça va me faire bizarre de revoir Liam en tant qu'enseignant, commenta distraitement Milo.
— Cieux, appelle le par son nom de famille ! le réprimandai-je, gêné de la familiarité qu'il employait envers cet adulte.
Adulte que nous avions certes vu avec ses deux compagnons puis totalement bourré dans une discothèque, mais adulte tout de même.
Il n'essaya pas de répondre - et c'était tant mieux, car il avait perdu ce débat avant même de commencer !
Les autres élèves rentraient petit à petit dans la salle, y compris Milo, et le couloir se faisait de moins en moins bruyant. D'autres faisaient de même dans la pièce d'en face. Cependant, je me figeai en apercevant quelqu'un.
— Ce bahut me manquait presque, enfoiré, déclara distraitement Logan en craquant ses doigts.
— Va en cours et laisse moi tranquille.
Il m'effrayait beaucoup moins qu'avant. Comparé à Ylan et ses complices, il n'était qu'un imbécile de service ; violent et intolérant.
— Comment tu me parles, pédale ?
Mon poing se serra instinctivement.
Comment avais-je pu me laisser apeurer et frapper par ce type ?
Je fis un pas en avant. Ma propre colère menaçait de guider mes actes, comme aidée par ma fatigue, et je n'étais pas vraiment sûr ni de savoir ni de pouvoir la retenir.
Il fit de même, et mon regard accrocha le sien. Je ne baissai pas la tête.
La haine que nous ressentions mutuellement était tellement puissante qu'elle me semblait physique, comme si, d'un coup, plus le moindre courant d'air ou le moindre son ne pouvait suffire à nous séparer. J'allais lui casser la gueule et lui faire regretter son comportement.
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Création 97
Science FictionOn m'appelle Création 97, car je suis la quatre-vingt-dix-septième fabrication du légendaire scientifique John Johnson. Il s'est mondialement fait connaître grâce à toutes les personnes comme moi, les Humains Contrôlables : nous avons vu le jour sou...