Souviens-toi

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La mort a encore frappé. Les maintes lamentations retentissent des murs de la maison en terre rouge. La famille Doukphon est en pleurs. Hommes, femmes, enfants personne ne sait retenir ces larmes chaudes qui coulent le long des visages. Cependant est-ce pour la même raison que tout ce monde sanglote ? En effet ils perdent tous un être cher mais au moment même, ce n’est pas à lui qu’ils pensent tous. Les enfants se demandent qui financerait leurs études après cela ? Leur mère ? Leurs grands-parents ? Un voisin peut-être ? L’un des amis de leur père ou de leur mère ? Qui en a les moyens ? L’épouse pense qu’elle se retrouve désormais seule pour toutes ces responsabilités, sans argent. Les parents voient un énorme malheur en ce que leur seule progéniture parte avant eux. Les amis du défunt quant à eux se disent qu’il manque à présent le pitre de la bande, pitre qui les avançait bien dans leurs affaires qu’il finançait volontiers de son vivant. Et voilà que les voisins se disent qu’ils sont peut-être les prochains et s’apitoient sur le sort des Doukphon.

A présent chacun pense au testament. Dotou a-t-il pensé à le rédiger avant de rendre l’âme ? Si, il y a pensé cet homme qui était durant toute sa vie conscient de sa mortalité et se répétait souvent que ce n’est pas en vérité de sa mort qu’il a peur mais plutôt de ce qu’il aurait fait de sa vie avant que cette dernière ne se présente à lui. Aussi était-il persuadé de ce que rappelle cette fameuse mort, la finitude et la faiblesse de l’homme. En ce moment tout un chacun est rouge de colère en son fort intérieur. Rien, le père de famille n’a rien légué. Où est donc passé toute sa fortune, aussi peu pouvait-elle être d’ailleurs ? Dotou a tout livré aux orphelins, malades et démunis. Pour lui, sa famille peut se débrouiller. Elle s’évertuera au travail après lui, comme il le lui a toujours recommandé de son vivant.

Ici observe-t-on une scène soit-elle triste ou honteuse, à chacun d’en juger. Par contre lecteur, en plus de ce vers quoi ta réflexion t’aurait poussé, je partage avec toi le proverbe arabe que j’ai moi-même lu depuis peu :

« Souviens-toi qu’au moment de ta naissance tout le monde était en joie et toi dans les pleurs. Vis de la manière qu’au moment de ta mort, tout le monde soit dans les pleurs et toi dans la joie.  »

Et pourquoi dans la joie ? Et bien tu délaisses certes un monde attachant, mais est encore meilleur celui vers lequel tu te diriges en t’ayant sans cesse évertué à être une meilleure personne pour toi, ceux qui t’entourent, et surtout pour ton Seigneur.

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